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La polémique «Ejaculate» à la cathédrale de Lausanne continue

Le texte de la chanson «Ejaculate».
Le texte de la chanson «Ejaculate».image: Le peuple

«Ejaculate» à la cathédrale de Lausanne: «Il va y avoir du grabuge»

Après «Ejaculate», la performance controversée de samedi dernier à la cathédrale de Lausanne, l'Eglise protestante vaudoise ne devrait pas échapper à un recadrage en règle. Son instigateur pourrait être l'ex-conseiller d'Etat Philippe Leuba, futur membre du Conseil synodal, qui s'est confié à watson.
13.07.2023, 18:5228.07.2023, 13:12
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L’affront ne restera pas sans réponse. «Ejaculate», la performance artistique à forte charge idéologique, samedi en la cathédrale de Lausanne, dans le cadre du Festival de la Cité, a fait bondir des membres éminents de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV). Comment l’institution protestante, financée par l’impôt cantonal, a-t-elle pu se laisser berner? S’est-elle trop investie ces dernières années dans des engagements sociétaux de type LGBTQIA+?

«Il va y avoir du grabuge»

Des questions qui seront abordées à la rentrée par le Conseil synodal, le gouvernement collégial de l’EERV. L’arrivée en son sein, le 1er septembre, de l’ancien conseiller d’Etat libéral-radical Philippe Leuba n’est pas sans lien avec ce qui s’annonce comme un recadrage en règle. «Il va y avoir du grabuge», prédit une élue PLR, irritée par le spectacle présenté samedi dernier dans ladite cathédrale par la chorale Hot Bodies Choir, à l’initiative de l’artiste français «non binaire» Gérald Kurdian. Ce dernier revendique une approche «révolutionnaire» de la sexualité.

C’est le média Le Peuple, critique envers le wokisme, qui a mis le feu au carnotzet en révélant le contenu sexuellement «chaud», et explicitement à gauche, de la performance de cette chorale. Laquelle avait été programmée par la direction du Festival de la Cité, avec l’accord formel de la Commission d’utilisation de la cathédrale (CUT). «La pasteure en charge de l’animation cultuelle du lieu et un représentant de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud désigné par le Conseil synodal» en font partie, rappelle le quotidien 24 Heures.

Deux choses dérangent

Précision: la CUT n'était pas au courant des textes qui font scandale, écrits après qu’elle eut accordé son blanc-seing. Mais il n’est de toute manière pas dans son habitude de vérifier en amont les contenus des spectacles accueillis par la cathédrale lors du Festival de la Cité.

Deux aspects du travail de Hot Bodies Choir ont choqué, étant donné les lieux, y compris parmi le public ayant assisté ce soir-là à la représentation: un chant à la gloire de l’éjaculation, avec force détails, ainsi qu’un passage politique s’en prenant, pêle-mêle, aux «bourgeois», aux «flics», aux «assurances». Tout cela rappellera aux plus anciens le vent libertaire incarné dans les années 60 aux Etats-Unis et en Europe, par le Living Theatre. Sauf que cela se déroulait dans la rue.

«Le double langage de ces milieux»

La présidente du PLR vaudois, Florence Bettschart-Narbel, élue au Grand Conseil, interpellera le Conseil d’Etat à la rentrée. Jointe par watson, elle déclare:

«Le spectacle donné samedi soir à la cathédrale se voulait inclusif et tolérant, mais il était le contraire, non inclusif et intolérant, comme en témoigne sa manière de jeter en pâture les policiers et les assureurs»

La cheffe du PLR cantonal dénonce «le double langage pas mal véhiculé par des milieux liés à la gauche». Interrogée par 24 Heures, la directrice du Festival de la Cité, Martine Chalverat, se dit «navrée si des sensibilités ont pu être heurtées, bien que rien dans ce spectacle n’appelait au blasphème», mais relève que «les messages de tolérance, d’ouverture et d’inclusivité portés par le travail de Gérald Kurdian sont proches de ceux que véhiculent les Églises». Serait-ce là un exemple du double langage dénoncé par Florence Bettschart-Narbel?

«Qu’on le veuille ou non!»

Contacté par watson, l’ex-conseiller d’Etat PLR Philippe Leuba, futur membre du Conseil synodal, l’affirme:

«Pour avoir sa place dans la cathédrale, ce spectacle devait respecter l’article 8 du règlement d’utilisation de la cathédrale et donc être dépourvu de tout caractère polémique ou politique. Comment peut-on honnêtement défendre le fait que ce spectacle n’était pas polémique? Je précise que si ce dernier avait été donné dans une salle laïque, telle que le Théâtre de Vidy, il m’aurait laissé indifférent. Je suis profondément attaché à la liberté de création, même lorsqu’elle relève de la vulgarité.»
Philippe Leuba

Philippe Leuba ajoute: «Le problème n’est donc pas l’œuvre en elle-même, mais sa présentation dans un lieu sacré. Qu’on le veuille ou non!» Ce que confirme la présidente du Conseil d'Etat vaudois, la PLR Christelle Luisier Brodard, interrogée par Blick.

Le spectacle controversé donné dans la cathédrale de Lausanne témoignerait d’une inclination toujours plus marquée de l’Eglise protestante vaudoise pour les questions sociétales et la thématique LGBTQIA+ en particulier. Une évolution qui a ses partisans, mais aussi ses opposants.

Philippe Leuba tient à faire la part des choses. «Notre Église est universaliste, par là même ouverte et accueillante, quelle que soit l’orientation politique ou sexuelle des fidèles. La loi civile reconnaît les mariages entre personnes de même sexe. L’Eglise réformée a accepté de bénir ces unions.»

«Cela étant, l’Eglise n’a pas à soutenir un quelconque prosélytisme en la matière. L’Eglise n’est au service d’aucune idéologie»
Philippe Leuba

«Il n’y avait pas lieu d’entrer dans une polémique»

Dans un éditorial, le rédacteur en chef du Peuple, Raphaël Pomey, aimerait que le Parti socialiste donne son avis sur le spectacle de samedi dernier, comme l’a fait le PLR, en l’occurrence sur un ton réprobateur.

Romain Pilloud, le président du PS vaudois, s’exécute si l’on peut dire:

«Peut-être que ce spectacle n’aurait pas fait polémique si un journal d’extrême droite (réd: allusion au Peuple), qui discrédite ici tout un mouvement artistique, n’en avait pas parlé. Il n’y avait pas lieu d’entrer dans une polémique, même si la cathédrale de Lausanne n’était peut-être pas le lieu optimal pour délivrer un tel message.»

Comme Izïa Higelin?

Toute proportion gardée, le spectacle polémique de la cathédrale de Lausanne présente, par ses aspects sulfureux, des points communs avec l’«appel au lynchage» d’Emmanuel Macron par la chanteuse française Izïa Higelin, le 6 juillet, sur une scène de la Côte d’Azur. Une performance qui a suscité un tollé et l’ouverture d’une enquête pour «provocation publique à commettre un crime ou un délit».

La conjoncture politique est tendue, certes davantage en France qu’en Suisse. Il n’en reste pas moins que ces prestations, financées tout ou partie avec l’argent du contribuable, pourraient se payer cash dans les urnes.

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