Le consultant international PricewaterhouseCoopers (PwC) a été mandaté par la SSR pour mener un audit sur la stratégie numérique de l'audiovisuel public suisse, a appris watson mardi de sources concordantes. La direction de la Société suisse de radiodiffusion et télévision confirme l'information par la voix de sa porte-parole romande, Sybille Tornay.
«Les modalités du contrat (liant la SSR à PwC) sont confidentielles», précise cette dernière. On ignore ainsi le coût du service fourni par le prestigieux consultant. Mais en interne, certains craignent qu'il ne soit élevé et se demandent s'il n'aurait pas été plus économique et plus judicieux de faire appel aux seules ressources de la SSR.
La mission du géant du consulting est ainsi formulée dans l'e-mail de confirmation envoyé par la direction à watson:
D'après nos informations, la personne en charge de ce projet est le directeur du Développement et de l'offre à la SSR, Backel Walden, le numéro 2 de l'entreprise après le directeur général, Gilles Marchand.
La tâche confiée à l'«équipe interne», épaulée par PwC, qui avait déjà prêté main-forte à la SSR lorsqu'éclata la crise sur des cas présumés de harcèlement sexuel à la RTS, en novembre 2020, laisse entrevoir une refonte des missions dévolues au secteur numérique de l'audiovisuel public. On ne parle pas ici de techniques informatiques, mais de contenus diffusés sur les plateformes digitales de l'entreprise, tel le site RTSinfo. Le benchmarking consiste en une analyse comparative de l'offre, ici numérique, en vue de l'optimiser, notamment en termes de coûts.
La nouvelle de cet audit ne rassure pas Jamal Al-Amine, secrétaire syndical au Syndicat des mass médias (SSM):
Oui, pourquoi? La réponse serait dans la question: «Pour ne pas avoir à endosser la responsabilité des mesures que l'on s'apprête soi-même à prendre», philosophe Jamal Al-Amine.
L'audit confié à PricewaterhouseCoopers ne manquera pas d'interpeller la classe politique, qui voudra certainement en savoir davantage sur les «modalités du contrat».
La SSR est actuellement sous pression des partis de droite, le PLR mais surtout l'UDC, qui menace d'une initiative populaire pour abaisser la redevance annuelle à 200 francs, contre 335 francs actuellement. Le parti populiste, de même que des voix au PLR, reprochent aux trois chaînes nationales un biais idéologique marqué à gauche.
A cette critique de type doctrinal, s'ajoutent, parfois chez les mêmes, des considérations sur les salaires des hauts dirigeants de la SSR, jugés trop élevés. Si cet aspect des choses peut servir d'argument à la droite en rapport avec ses préventions sur la redevance, il nourrit la réprobation parmi les salariés, comme entendu plus haut dans la bouche du syndicaliste Jamal Al-Amine. Le SSM a dernièrement manifesté son «ras-le-bol contre les salaires des cadres», après l'annonce que les bonus offerts à ces derniers seraient intégrés dans leurs rémunérations ordinaires, les augmentant d'autant.
En entamant ce qui ressemble fort à une restructuration interne, la SSR peut vouloir faire des économies, de façon à rassurer des milieux de droite, exerçant ces temps-ci sur elle une pression sans relâche.