Numérique: les Suisses estiment que leurs autorités sont un peu nulles
Au début de la pandémie, certains laboratoires et hôpitaux transmettaient (encore) les résultats des tests Covid à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) par fax. Pour ceux qui sont nés après l'an 2000, ça ressemble à ça 👇.
Une situation qui a fait bondir l’association professionnelle de l’industrie suisse des technologies de l’information et de la communication et de l’industrie en ligne (Swico). Elle s'est donc demandé de quel Etat numérique avaient besoin les Helvètes, mais aussi ce qui les inquiétait dans le monde trépidant et en évolution constante qu'est Internet.
Pour répondre à ces questions – et dresser la liste des besoins et des envies des Suisses sur le front numérique – Swico a chargé l'institut Sotomo d’étudier le cas.
Afin d’exclure les effets d’ordre, les blocs thématiques ont été présentés dans un ordre aléatoire. Dans chaque domaine, nous avons d’abord déterminé le degré d’information sur les notions centrales et sur la situation actuelle.
Qu'est-ce que les Suisses y connaissent à l'Etat numérique?
La population suisse s’estime généralement bien informée sur le sujet. «Lorsqu’on parle de l’Etat numérique ou de l’administration numérique dans notre pays, on pense avant tout à l’interaction directe entre le citoyen et l’Etat», indique l'étude.
Le degré de connaissances est particulièrement élevé en ce qui concerne la violence numérique et la cybersécurité. Le tableau ci-dessous illustre la situation 👇.
Quelles sont les priorités de l’Etat numérique?
Dans ce contexte, les Suisses ont également un avis sur le développement de l’Etat numérique. En somme, il doit se faire plus rapidement. «Les mesures relatives aux questions de sécurité numérique, ainsi qu’à l’éducation et au développement des compétences numériques, sont considérées comme particulièrement urgentes», selon l'étude qui précise que:
- Moins de la moitié des personnes interrogées estiment que les compétences numériques de l’administration fédérale et des administrations cantonales en Suisse sont élevées.
- Les compétences numériques des écoles sont évaluées de manière encore plus négative.
- En comparaison, trois quarts attribuent des compétences numériques élevées aux grandes entreprises en Suisse, ce qui n’est pas le cas des PME, dont l’évaluation est encore plus négative.
Concrètement cela veut dire quoi? Et bien que, selon Sotomo, trois quarts des personnes interrogées demandent que l’Etat aille plus vite dans la mise en place de la cybersécurité et dans la lutte contre la violence numérique.
Le degré d’urgence est évalué différemment selon le thème. Il faut tout de même relever que seule une minorité de gens pensent que le rythme actuel de la transformation numérique au sein de l’Etat est trop précipité à tous les niveaux.
Néanmoins, il y a un secteur dans lequel les gens souhaiteraient ne pas aller trop vite: le développement de la démocratie numérique. Notons que même là, seuls 18% des personnes sondées demandent une décélération. Pour finir: la politique numérique internationale «qui est également le domaine thématique le moins bien compris», suscite en outre des réticences.
Qui a les meilleures compétences numériques?
En général, les personnes interrogées estiment qu’il existe un écart important entre les grandes entreprises et les autres formes d’organisation. Il y a aussi une différence entre les générations: les plus jeunes sont censés mieux maîtriser ces outils. En clair, à la question: «Comment évaluez-vous les compétences numériques des institutions et des personnes suivantes en Suisse?», voici ce que les sondés ont répondu 👇.
Ceux qui s'en sortent le mieux sont bien les jeunes et les grosses entreprises. Le reste des secteurs est pas mal derrière. Dans ce contexte, quelles sont les priorités de développement selon les sondés? Elles sont développées dans les points suivants 👇.
Quelles sont les priorités en matière de cybersécurité en Suisse?
Plus d'un Suisse sur quatre (28%) estime que la cybersécurité des infrastructures critiques et de l’administration est suffisante en Suisse et pas tout à fait un tiers (31%) estiment:
A l'opposé: 70% de la population attend des avancées urgentes dans le domaine. Dans ce contexte:
- 87% des personnes interrogées attendent de l’Etat qu’il fournisse des efforts supplémentaires pour mieux protéger les entreprises suisses contre les cyberattaques.
- Des majorités claires se dégagent sur l’ensemble du spectre politique.
On voit ici, en comparaison avec les autres domaines, ce qui est une priorité 👇
Quelles sont les priorités en matière d'éducation numérique en Suisse?
Globalement, les sondés estiment que les compétences numériques des jeunes sont globalement bonnes. Toutefois, près de la moitié des Suisses (45%) pensent que ces derniers ne sont pas bien préparés aux métiers de demain. «Des lacunes particulières sont constatées au niveau des compétences numériques des enseignants», estime l'étude qui illustre ces faits, ainsi:
Les parents d’élèves mineurs sont particulièrement impliqués dans la vie scolaire de leurs enfants. A plus forte raison depuis le début de pandémie et le confinement, ils portent le regard suivant sur l'enseignement:
- 32% d’entre eux ne portent qu’un jugement légèrement plus positif sur les compétences numériques des enseignants.
- 42% d’entre eux jugent bonne ou plutôt bonne la qualité de l’enseignement numérique à distance.
C'est pourquoi développer l'enseignement numérique est essentiel pour de nombreux sondés.
Que faire sur le front de la violence numérique en Suisse?
Voici ce que pointe l'étude:
Et, il se trouve que trois quarts des personnes interrogées estiment que l'on en fait assez en Suisse contre ces fléaux et sur ce point, il n’y a pas de différence entre les sexes. Quelques chiffres:
- 86% des citoyens sondés considèrent que la violence numérique est répandue.
- Seuls 16% estiment que la lutte contre la violence numérique par les autorités est suffisante.
- 62% des femmes et 49% des hommes indiquent qu’ils ne sauraient pas se protéger suffisamment s’ils étaient eux-mêmes la cible de la violence numérique.
A la question: «Comment considérez-vous la lutte menée contre la violence numérique par les autorités?» Les gens ont répondu ainsi 👇.
Le sondage pointe un élément important quant à l'urgence de la situation:
Que demandent donc les Suisses? Et bien des contre-mesures concrètes, notamment de la part de l’Etat. Ce dernier devrait, par exemple:
- Allouer davantage de ressources aux poursuites pénales.
- Adopter des lois plus strictes.
- Multiplier les campagnes de sensibilisation.
Et au sujet des démarches administratives en ligne, que veulent les Suisses?
En termes administratifs
En ce qui concerne les démarches administratives en ligne, la majorité des sondés (57%) estiment que l'offre actuelle est bonne. Le développement de ce domaine ne fait pas partie des priorités.
En termes de santé
La plupart des gens interrogés ont entendu parler du dossier électronique du patient mais, relève l'étude, «seuls 16% d’entre elles l’utilisent aujourd’hui». Parmi elles, la grosse majorité le juge pratique (89%). Là aussi, développer ce système n'est pas une priorité.
En termes de démocratie
Ici on parle de vote électronique ou e-voting, autrement dit la capacité de participer aux différents scrutins via Internet. Là aussi une majorité des sondés considère que c'est quelque chose d'important (60%). Selon leur sensibilité politique, les gens n'ont pas la même approche:
- Les personnes qui votent à droite sont les plus sceptiques vis-à-vis du vote électronique.
- En ce qui concerne le dossier de la collecte électronique de signatures. Le centre politique qui se révèle le plus sceptique, alors que les pôles politiques lui accordent plus d’importance.
- Le besoin d’e-participation est le plus élevé dans le camp de la gauche.
Comment la Suisse doit-elle se comporter sur le front international?
En ce moment, l’Union européenne (UE) propose des lois «afin de réglementer de manière uniforme les offres sur Internet», estime l'étude. N'étant pas un pays membre, la Suisse, ne peut pas participer à ce processus législatif. Sotomo note que: «Seulement un quart des personnes interrogées connaît ces campagnes de l’UE en détail».
Pourtant Ici 56% des personnes interrogées font, toutefois, plutôt confiance au Conseil fédéral pour bien défendre les intérêts de la Suisse dans ce processus législatif, mais seuls 33% font confiance à l’UE pour prendre en compte la Suisse de manière adéquate dans la réglementation de la numérisation.