Suisse
Histoire

Votations 2022: 5 questions bêtes sur les origines de l'AVS

Pourquoi les femmes ont la retraite à 64 ans? 5 questions bêtes sur l'AVS

Als Folge der Suche nach einheimischen Rohstoffen in der Schweiz nimmt im Jahr 1937 das Erzbergwerk in Herznach, auch Herznacher Grube genannt, den Betrieb auf, aufgenommen im Jahr der Eroeffnung. Die ...
L'AVS ne date que de 1948 en Suisse, mais l'idée de protéger les travailleurs en bout de carrière est nettement plus ancienne.Image: PHOTOPRESS-ARCHIV
Savez-vous depuis quand on prend sa retraite en Suisse? Et pourquoi? D'ailleurs, pourquoi les femmes partent-elles à la retraite avant les hommes? Voici tout ce que vous devez savoir sur le pourquoi du comment des origines de l'AVS, avant les votations du 25 septembre.
19.09.2022, 16:51
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Ça date de quand, l'idée d'une retraite en Suisse?

Pour commencer, rembobinons un peu. Petit cours d'histoire! (Promis, ce sera digeste.) Si l'introduction de l’assurance vieillesse et survivant (AVS) en Suisse date de 1948, la perspective d'offrir une retraite aux travailleurs en fin de carrière est nettement plus ancienne, comme nous l'explique l'historien Laurent Tissot: «L'idée d'assurer les vieux jours de la population active date de la fin du 19e siècle. Avec l'industrialisation, les gens sont amenés à travailler davantage et pour un salaire généralement assez misérable».

«En général, ils travaillent très longtemps, sans assurance, jusqu’à ce qu’ils n’y arrivent plus. Après cela, ils meurent rapidement.»

Un sort assez peu enviable.

L'image d'une classe laborieuse écrasée par la fatalité de sa condition apparaît fréquemment déjà dans la littérature du XIXe siècle, comme ici en 1919.
L'image d'une classe laborieuse écrasée par la fatalité de sa condition apparaît fréquemment déjà dans la littérature du XIXe siècle, comme ici en 1919.gravure du musée national suisse

A l'époque, il devient urgent d'agir pour aider ces travailleurs en fin de course: «On envisage par conséquent de leur accorder un petit montant, afin d'assurer leur survie pendant quelques année dans des conditions suffisantes, même s'ils ne travaillent plus», complète Laurent Tissot. L'idée d'une retraite était née.

Mais alors, comment faisait-on avant?

Longtemps, il n'y eut que la prévoyance individuelle pour se prémunir contre les vicissitudes de l'existence. «Le problème, c'est qu'on épargne quand on le peut», souligne Laurent Tissot.

«Si tout le revenu passe dans la nourriture, le logement et le chauffage, il est évident qu'à la fin du mois, on se retrouve sans rien. Epargner devient impossible»
Laurent Tissot, historien

Pendant très longtemps, les Suisses n’ont quasiment pas eu de possibilité d'économiser pour leurs vieux jours.

Qui a décidé qu'on toucherait une retraite?

Partis socialistes, syndicats et Eglises, inquiets des conditions précaires dans lesquelles se trouvent certaines populations font de l'assurance vieillesse un cheval de bataille et l'une de leurs principales revendications.

Puis, au début du 20e siècle, c'est au tour de quelques entreprises de devenir des précurseurs en la matière: parmi elles, des banques ou des régies fédérales (comme les CFF et les PPT), qui sont parmi les premières à mettre au point un système de retraite pour leurs employés. Les fonctionnaires des CFF, par exemple, en bénéficient dès 1907!

«Certaines entreprises ont été très progressistes, car elles savent que ces avantages permettent d’assurer la satisfaction de la main-d'œuvre, qui ne va pas chercher du travail ailleurs», explique Laurent Tissot.

«Offrir une retraite, c'est se faire de la pub et attirer de la main-d'œuvre»
Laurent Tissot

Citons aussi les initiatives menées par plusieurs cantons - dont Genève (en 1849), Neuchâtel (en 1898), et Vaud (en 1907), les trois premiers à encourager la création d'assurances populaires facultatives.

Le problème de ces différents systèmes, privés et sectoriels? Les prestations varient fortement. Et surtout, tout le monde n’en profite pas.

L'idée d'une assurance vieillesse obligatoire met longtemps à se propager au sein de la population. Elle peine particulièrement à franchir la frontière des cantons campagnards, marqués par un certain conservatisme et frileux face à ces mesures sociales. A la fin de la Première guerre mondiale, en 1917, une grande initiative propose la création de l’AVS. Elle finit rejetée dans les urnes par une large majorité de la population (masculine).

Il faut attendre patiemment l'année 1948 pour qu’une législation fédérale impose à tous, employeurs et employés, d’assurer aux Suisses ayant travaillé de quoi subsister après leur départ en retraite.

La Suisse est-elle un précurseur?

Non. Définitivement pas. La Suisse est même carrément en retard sur d’autres pays européens. «D’autres, de part leur système politique, ont été plus rapides», confirme Laurent Tissot.

La faute à notre système politique institutionnel. «En Suisse, il y a tout un processus législatifs. L'introduction d'une retraite de portée nationale, a été ralentie par la structure fédéraliste et la démocratie référendaire», détaille l'historien.

Bref: «1948, c’est tard. Comme le suffrage féminin. Il faudra attendre encore 30 ans de plus, dans les années 70, pour le voir établi.»

Pourquoi les femmes prennent-elles leur retraite avant les hommes?

En parlant de femmes! Pourquoi partent-elles à la retraite une année avant ces messieurs? D'autant que, lors de l’introduction de l’AVS en 1948, l’âge de la retraite est fixé à 65 ans, tant pour les femmes que pour les hommes!

C'est un peu plus tard, en 1957, puis en 1964, que ces derniers (rappelons-le, les femmes n'ont toujours pas le droit de vote), décident de baisser l’âge de retraite des femmes à 63 et 62 ans.

Pourquoi donc? Avenir Suisse évoque une légende qui veut que les hommes de l’époque, souvent plus âgés que leurs épouses, ne veulent pas se retrouver seuls à la retraite. Quant aux arguments évoqués par le Conseil fédéral, ils ont de quoi laisser pantois:

«D’un point de vue physiologique, malgré leur espérance de vie plus élevée, les femmes sont souvent désavantagées par rapport aux hommes»

En 1997, suite à la dixième révision de l'AVS (aussi appelée «révision des femmes»), l'âge de leur passage à la retraite est rehaussé progressivement, de 62 à 64 ans.

L'inégalité a bien failli être corrigée avec la onzième révision, marquant le retour à la situation initiale de 1948. Le processus d'harmonisation se heurte à un refus en vote populaire en 2004, puis au Parlement en 2011 et encore une fois par le peuple en 2017. Près d’un quart de siècle après la dernière réforme de l’AVS, la question n’est toujours pas réglée.

Copin Comme Cochon: les votations
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Berset a des alliés improbables pour conquérir l'Europe
Un peu plus de deux mois avant l'élection du nouveau secrétaire général du Conseil de l'Europe, l'ancien conseiller fédéral Alain Berset (PS) commence à se détacher de ses deux concurrents. Mais les socialistes pourraient devenir un obstacle.

Il a déposé sa candidature au poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe le 10 janvier à 17 heures, littéralement au tout dernier moment. La clôture des inscriptions était fixée à 18 heures. Mais dès le lendemain, le président du centre Gerhard Pfister et la conseillère aux Etats Marianne Binder, qui est également vice-présidente de la délégation suisse auprès du Conseil de l'Europe, ont émis des critiques à l'égard de cette candidature.

L’article