Le tapis déroulé pour une flopée de personnalités triées sur le volet, une ville tessinoise, un soleil estival sur le lac... les stars du ciné sont-elles arrivées un mois en avance au Festival du film de Locarno? Pas vraiment.
Lugano accueillait, lundi et mardi, la conférence pour la reconstruction de l'Ukraine («Ukraine recovery conference»), dans le but de mettre en relation officiels de tous poils et organisations internationales, du secteur privé comme public.
Le conseiller fédéral en charge du Département des Affaires étrangères (DFAE) Ignazio Cassis, ainsi que le premier ministre ukrainien Denys Chmyhal et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen étaient notamment présents, tout comme des représentants de tous les pays de l'Union européenne (UE), ainsi que de la Suisse, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou encore de la Turquie.
Au cœur de la conférence, une déclaration qui reconnaît formellement l'agression russe en Ukraine par les signataires s'engage à soutenir l'Ukraine, moralement comme en pratique. Et la pratique, elle passe par les «sept principes de Lugano»:
Establishing early on a common understanding on how to shape the recovery process 👉 What we achieved together at the #URC2022 with the #LuganoDeclaration & its 7 principles. I am convinced that this is a key step on the long path to Ukraine's recovery 🇺🇦 https://t.co/FH0zT3VXB6 pic.twitter.com/h10RkQniRr
— Ignazio Cassis (@ignaziocassis) July 5, 2022
Les plus curieux peuvent télécharger la déclaration complète en cliquant sur ce lien 👈
On devrait donc entendre parler, dans un futur qu'on espère proche, des «principes de Lugano» pour remettre debout une Ukraine post-invasion. Selon le premier ministre ukrainien Denys Chmyhal, certaines zones du pays d'où le conflit s'est retiré sont déjà concernées.
Il n'empêche, ces critères au vocable parfois techno-vaseux impliquent des changements en profondeur de l'appareil d'Etat ukrainien: la promesse d'une diminution de la corruption, du bon fonctionnement des organes judiciaires et l'implication des minorités du pays dans sa construction démocratique représentent un chantier d'ampleur. Denys Chmyhal, cité par Keystone-ATS, a indiqué vouloir mettre en place «les conditions pour que la corruption soit éliminée», un des points essentiels de la conférence pour la partie européenne.
A la clé? La reconnaissance de «l'avenir européen de Kiev après l'approbation de statut de candidat auprès de l'UE», rien que ça. De quoi faire mousser Poutine.
🇺🇦 government develops the digital map of Ukraine, where we record all the damage done by ru aggression. Direct infrastructural losses are worth over $100 billion, and full-fledged Ukraine recovery plan is estimated at $750 billion. pic.twitter.com/hCn2AcD9kK
— Denys Shmyhal (@Denys_Shmyhal) July 4, 2022
En signant la déclaration, les participants ont également accepté un projet du premier ministre ukrainien Denys Chygmal, qui propose une sorte de «Plan Marshall» de reconstruction de l'Ukraine.
Si aucun chiffre précis n'a été fixé sur le papier, le premier ministre ukrainien a estimé la modique somme à 750 milliards de dollars. Côté suisse, on promet 100 millions de francs.
Denys Chmyhal a également plaidé pour que la somme requise soit financée en partie via la saisie des biens des oligarques russes. Ignazio Cassis s'est montré réservé, rappelant que la propriété privée était «un droit fondamental».