Après 16 mois de cacophonie, les règles semblaient enfin se préciser. Pour voyager en Europe cet été, il faut un certificat Covid (qui peut être obtenu grâce au vaccin, à un test PCR/antigénique ou en étant guéri du Covid). Mais voilà que Malte vient bouleverser ce fragile équilibre. Dès mercredi 14 juillet, l'île laissera uniquement entrer sur son territoire les voyageurs vaccinés deux fois. Même les personnes guéries et ayant donc reçu une dose unique seront refoulées.
«C'est une décision plus politique que médicale», observe l'infectiologue genevois Alessandro Diana. Tout en rappelant que chaque pays est souverain et applique donc les règles qu'il désire sur son territoire, le spécialiste souligne que d'un point de vue scientifique, toutes les données montrent qu'être guéri et recevoir une dose protège autant que de recevoir deux doses.
«C'est un peu brutal de le faire presque du jour au lendemain en pleine saison touristique», regrette David Léchot, délégué romand de la fédération suisse du voyage. Tout en assurant que les professionnels du domaine cherchent des solutions pour les Suisses qui se retrouvent coincés, il espère que les hôteliers seront assez souples sur les frais d'annulation.
Le Fribourgeois craint également que d'autres pays suivent l'exemple maltais. «Je ne serais pas étonné que cela arrive. C'est une sorte de jurisprudence. Quand un pays ouvre la voie, d'autres suivent», approuve Alessandro Diana. L'infectiologue rappelle notamment que certains Etats continuent d'imposer deux doses de vaccin, même aux personnes guéries, au sein de leur population. «Ceux-là vont-ils accepter des voyageurs qui n'ont reçu qu'une seule dose parce qu'ils ont eu la maladie?», s'interroge-t-il.
Fondateur de l'agence de voyage Packngo.ch, Gael Spieler rappelle que d'autres pays, par exemple le Canada et la Thaïlande, ne reconnaissent pas le fait de ne recevoir qu'une dose quand on a guéri du Covid. «Il y a une forme d'injustice parce que ces voyageurs ont fait tout ce qu'on leur a demandé pour obtenir le certificat Covid et ils se retrouvent coincés quand même», déplore-t-il.
Autre problème selon Gael Spieler, certains de ses clients se sont vu refuser une deuxième dose alors qu'ils en avaient besoin pour voyager. Le spécialiste souhaiterait donc que l'OFSP communique clairement sur la question.
Interrogé sur la possibilité d'être vacciné deux fois même si cela n'est pas nécessaire afin de pouvoir passer les frontières sans problème, l'Office fédéral esquive: «La vaccination reste gratuite pour toute la population. Toutefois dans nos recommandations sur la vaccination, il est écrit: Après une infection confirmée, une seule dose de vaccin est recommandée». Pour la clarté, Gael Spieler devra encore attendre...
De son côté, Alessandro Diana, qui dirige le centre de vaccination des Grangettes à Genève, affirme qu'il accepterait d'injecter une deuxième dose «inutile» si cela lui était demandé. «Ce n'est pas recommandé mais ce n'est pas contrindiqué donc ce serait possible si c'est nécessaire pour des raisons bureaucratiques.»