Nicolas Borgognon, à quelles températures faut-il s’attendre pour cette semaine?
Jusqu’à vendredi, il fera entre 28 et 30 degrés en Suisse, un peu moins finalement que ce qu’on prévoyait il n’y a pas longtemps. Par contre, ce week-end il devrait faire 31 à 33 degrés samedi, localement 34, on va approcher des 35 dimanche en Valais central et à Genève. Il y a une incertitude sur les orages. Probablement vont-il arriver déjà dimanche, mais ce n’est pas garanti.
Pourquoi ces grandes chaleurs?
Si l’on prend l’échelle assez large de l’Europe atlantique, normalement on a une zone de hautes pressions qui vient se loger dans la zone des Açores (red: le fameux «anticyclone des Açores»). Là, on a plutôt une dépression qui vient s’isoler assez bas en latitude. Elle est actuellement située entre les Açores et Madère, dans l’océan Atlantique. C’est elle qui fait remonter de l’air très chaud depuis le Maghreb en direction de l’Espagne et du golfe de Gascogne.
Quelles seront les régions les plus impactées?
Outre l’Espagne, ce seront les régions du sud et de l’ouest de la France, avec des températures extrêmes qui seront mesurées jusque vers la Bretagne et la Normandie d’ici vendredi. La Suisse se situera en marge du cœur de cette vague de chaleur avec un épisode prévu plus court et moins intense, plutôt limité aux journées de samedi et dimanche.
Pourquoi?
Il s'agit de ce que l'on appelle en météorologie de «réglages fins». Avec une dépression située quelques centaines de kilomètres plus à l’Est en direction de l’Espagne, la Suisse se serait alors directement retrouvée sous l'afflux d'air le plus chaud. Cette fois, c'est l'ouest de la France qui est le plus concerné. Donc au lieu de subir des températures supérieures à 35°, voire proches des 40°, nous aurons droit à des maximales plutôt autour des 30° ces prochains jours, puis 32 à 35° ce week-end. L’air ne sera pas brûlant, mais chaud, ça oui.
Est-ce à dire que la Suisse va échapper à la canicule à proprement parler?
Probablement, oui. La canicule, au sens strict, décrit des jours et des nuits qui se succèdent à 32-33 degrés ou plus. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre de précautions ces prochains jours. Les sols sont secs, donc sujets à des incendies.
Une vague de chaleur aussi tôt dans l’année, c’est normal?
Absolument pas, non. On pense toujours qu’au mois de juin, il fait chaud, mais c’est faux. Normalement, à la mi-juin, on se situe en Suisse dans une moyenne de 22 à 24 degrés. Une moyenne qui est aussi présente autour du 10 septembre, avec des journées pourtant bien plus courtes.
Il faut donc s’attendre à des vagues de chaleur de plus en plus nombreuses et de plus en plus tôt dans l’année?
Oui. On prévoit une augmentation de la fréquence des épisodes très chauds. Rappelez-vous, on a déjà eu un coup de chaud anormalement élevé au mois de mai. Maintenant, ça recommence déjà. Et elles arrivent, en effet, de plus en plus tôt: les grandes chaleurs de juin 2019 étaient survenues durant la dernière semaine du mois. Actuellement, on est encore avant le début de l’été astronomique. Ce phénomène est une traduction concrète du réchauffement climatique.