Après l'annonce du président des Etats-Unis, la conseillère d'Etat vaudoise Isabelle Moret partageait son désarroi sur LinkedIn. Elle parlait de «choc» et d'une décision «intolérable».
Plus loin dans son texte, la cheffe du département de l'économie dressait une liste de chiffres et de l'ampleur de la «catastrophe» pour les entreprises vaudoises.
Le canton de Vaud exporte beaucoup aux Etats-Unis. En 2024, cela représente 3,8 milliards de francs sur les 15,6 milliards d'exportations annuelles du canton. Soit 24,36% du chiffre d'affaires global des exportations.
A Genève, le Département de l'économie et de l'emploi (DEE) nous renvoie également aux statistiques de 2024. Ainsi, nous découvrons que les exportations genevoises sont dopées par l’horlogerie, la bijouterie et les produits chimiques. Les exportations américaines pèsent 3,549 milliards de francs - devant la Chine et ses 3,117 milliards de francs. La nation de Donald Trump représente donc 15,42% des 23,028 milliards francs d'exportations genevoises.
De son côté, la Chambre de commerce et d'industrie du canton de Fribourg (CCIF) chiffre les exportations annuelles vers le pays de Donald Trump à 771 millions de francs sur un volume total de 5,4 milliards de francs, toujours sur l'année précédente - un niveau record. Cela représente 14,3% des exportations du canton. «Le marché américain s'est beaucoup développé à Fribourg, tiré par le café, l'alimentation», rapporte Philippe Gumy, directeur adjoint du CCIF.
En comparaison, les Etats-Unis se placent derrière l'Allemagne (903 millions), mais devant la France (564 millions) et la Chine (380 millions).
En Valais, ces dernières années, les Etats-Unis sont devenus le plus gros client étranger pour les marchandises produites dans le canton.
Au bout du fil, Vincent Riesen, directeur de la Chambre Valaisanne de Commerce et d'Industrie (CCI), précise que les Etats-Unis représentent 20,3% des exportations du Valais. Ce sont principalement dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie et des biotechnologies que les sociétés implantées en Valais exportent.
Vincent Riesen, qui rappelle que «le Valais est le premier site de production pharmaceutique en Europe», craint que «les compétences ne soient transférées ailleurs», ce qui fragiliserait l'écosystème helvétique et valaisan pour la suite. Il pointe également la faiblesse du dollar face au franc suisse. «L’effet combiné est dramatique», estime-t-il.
Il déplore surtout que les Etats-Unis fassent montre de toute leur faiblesse en imposant de telles taxes. «Au lieu de se reconstruire, ils veulent faire payer la facture aux autres», souffle-t-il.
Avant d'asséner:
Du côté de Neuchâtel, le canton est fortement exportateur et capitalise sur une collaboration forte avec les Etats-Unis. Le pays de l'Oncle Sam est tout simplement le premier pays sur la liste. Près de 37% des marchandises sont envoyées de l'autre côté de l'Atlantique.
Neuchâtel est tout simplement le deuxième canton helvétique derrière Bâle-Ville - porté par la pharma - en tant qu'exportateur.
La conseillère d'Etat Florence Nater, cheffe du Département de l'économie et de la cohésion sociale (DECS), a confirmé à watson que les annonces de Trump suscitent «une grande inquiétude dans le milieu industriel neuchâtelois». Ce ne sont pas moins de 5,4 milliards de francs sur les 14,59 milliards de francs de produits exportés.
Finalement, dans le canton du Jura, les exportations se chiffrent à 576 millions de francs. Si les pays de l'UE constituent le plus gros lot d'exportation, un milliard par année, les Etats-Unis représentent 18,11%, informe la Promotion économique du canton du Jura, qui qualifie la situation de «très questionnant dans la conjoncture actuelle».
A cela il faut encore ajouter les exportations indirectes qui affichent un chiffre conséquent pour le canton du Jura, qui compte beaucoup de sous-traitants dans l'industrie horlogère notamment. Ces montants ne sont pas pris en compte dans les chiffres officiels et vont pénaliser l'économie jurassienne.
Au milieu de ce climat incertain, il faudra attendre les prochaines nouvelles du Conseil fédéral et la date fatidique du 7 août. Les différents acteurs qui nous ont répondu ne se font d'ailleurs guère d'illusion sur une baisse de cette taxe de 39%.