L'ambassadrice de Suisse en Iran, Nadine Olivieri Lozano, a suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux après avoir porté un tchador lors de sa visite à Qom, un haut lieu de l'islam chiite, en compagnie de deux mollahs.
Incredibly tone deaf of Nadine Olivieri Lozano to be appeasing the regime like this. In fact this is a slap in the face of all the Iranians who have been fighting against forced hijab and brutality of the regime. Not to mention all those killed #MahsaAmini
— Neda (@_Neda_BB) February 22, 2023
@SwissEmbassyIr pic.twitter.com/WzPaedCfPO
Les internautes ont critiqué son choix vestimentaire, arguant que cela allait à l'encontre de la lutte des Iraniens, qui manifestent depuis des mois contre le régime et l'obligation du port du voile pour les femmes.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a rejeté les critiques à l'encontre de l'ambassadrice de Suisse en Iran, qui a visité, voilée, un sanctuaire dans la ville sainte chiite de Qom. Pour Berne, il ne s'agit pas d'une prise de position en faveur du régime iranien.
L'ambassadrice Nadine Olivieri Lozano a visité, dans ce haut lieu du chiisme, une institution académique qui permet aux étudiants de participer à des séminaires interreligieux en Suisse, a indiqué, jeudi, le DFAE. A cette occasion, la diplomate a respecté le protocole vestimentaire en vigueur pour les femmes, a-t-on précisé.
L'ambassadrice s'est rendue, mercredi, dans cette ville de pèlerinage, considérée comme un bastion de la ligne dure conservatrice. Elle a également visité, toujours couverte d'un tchador, le sanctuaire de Fatima al-Maasouma, visité chaque année par des millions de chiites. L'agence de presse iranienne Isna a diffusé peu après des images de Olivieri Lozano avec le vêtement en question.
L'action a été critiquée par des activistes iraniens. L'actrice anglo-iranienne Nasanin Boniadi a par exemple écrit sur Twitter:
Western lawmakers often ask us how they can best support the people of Iran. The Swiss ambassador in full conservative religious covering — amidst cries of #WomanLifeFreedom, while brave Iranian women risk everything for freedom — is exactly what you should NOT do. https://t.co/kOj5fQ4G1L
— Nazanin Boniadi (@NazaninBoniadi) February 22, 2023
Le DFAE souligne que la Suisse a pris position à plusieurs reprises et de manière claire sur les violations des droits humains en Iran. Elle a condamné à plusieurs reprises le recours à la violence contre les manifestants.
Dans le même temps, le DFAE affirme que le dialogue interreligieux revêt une grande importance dans le contexte actuel. La Suisse utilise par ailleurs tous les canaux dans le cadre des bons offices pour favoriser le dialogue.
Une vague de protestations a surgi en Iran après la mort en détention, le 16 septembre dernier, d'une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini. Le régime a réagi brutalement. De nombreux manifestants ont été tués ou arrêtés. Plusieurs exécutions ont eu lieu depuis.
Les prescriptions vestimentaires jouent un rôle important dans la contestation. Mahsa Amini avait été arrêtée à Téhéran parce qu'elle n'avait soi-disant pas porté son foulard correctement. Elle est morte quelques jours plus tard en garde à vue. Selon sa famille et des ONG, la jeune femme a été torturée avant sa mort. (jah/ats)