Une manif pour Gaza démarre de la Cathédrale de Lausanne et ça indigne
Mais qui a eu l’idée de faire partir la manifestation nationale «Stop Génocide» à Gaza de l’esplanade de la cathédrale de Lausanne, samedi 23 mars? Le point de départ de la manifestation, entre autres organisée par le collectif Lausanne Palestine, suscite un malaise parmi les juifs.
Dans une tribune parue ce jeudi dans 24 Heures, Jacques Ehrenfreund, professeur d’histoire des Juifs et du judaïsme à l'Université de Lausanne, ne s’indigne par seulement de l’adresse choisie comme point de départ, mais aussi de l’emploi du terme de génocide pour qualifier la répression militaire israélienne dans la bande de Gaza.
Il écrit:
Il ajoute :
«Peuple déicide»
En quoi le départ de la manifestation de samedi de l’esplanade de la cathédrale de Lausanne est-il discutable? Parce que pendant de longs siècles le peuple juif fut qualifié de «peuple déicide» par les chrétiens. L’esplanade d’une cathédrale n’est pas un lieu neutre, ni symboliquement ni politiquement. Pour les juifs, et non-juifs, ayant gardé une sensibilité à l’histoire juive, le fait d’associer un symbole chrétien – l’esplanade d’une cathédrale – à une manifestation dans laquelle on reproche à des juifs, fussent-ils israéliens, de commettre un génocide, est ressenti comme une violence, à tout le moins comme un manque de tact.
«L’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) n’est pour rien dans le choix du lieu de départ de la manifestation de samedi», explique l’ancien conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba, membre du Conseil synodal de l’EERV. «Nous l’avons fait savoir mardi dans un communiqué», précise-t-il.
«Nous n'avons pas autorité sur la place de la cathédrale»
Extrait du communiqué de l'EERV:
Philippe Leuba poursuit dans ses explications auprès de watson: «L’esplanade de la cathédrale de Lausanne n’est pas gérée par l’EERV. Nous n’y exerçons aucune autorité. L’esplanade relève du domaine public. Si la manifestation était partie de l’intérieur de la cathédrale, c’eût été autre chose, le Conseil synodal s’y serait opposé, car il aurait jugé avoir affaire à une manifestation politique qui n’a pas sa place dans un lieu de culte.»
«C'est pas nous»
Mais alors, qui a eu l’idée de faire démarrer la manifestation de samedi de l’esplanade de la cathédrale de Lausanne? «Ce ne sont pas les organisateurs de la manifestation», affirme un proche de ces derniers, joint par watson.
Il serait peu probable qu’une manifestation semblable s’ébranle du parvis de Notre-Dame à Paris ou de devant la cathédrale de Cologne, par exemple. Les autorités y verraient un affront fait aux juifs eu égard à l’histoire de l’antisémitisme chrétien.
Les explications de la Municipalité
watson a pu joindre la Municipalité jeudi en fin d'après-midi. Voici ses explications, fournies par une source souhaitant conserver l'anonymat:
A la suite du massacre du Hamas qui a fait 1200 morts en Israël le 7 octobre, à quoi il faut ajouter 230 Israéliens capturés comme otages ce jour-là, la répression israélienne a fait jusqu’ici près de 32 000 morts côté gazaouis, selon les derniers chiffres communiqués par le Hamas.