«Aujourd'hui, on fait un barbecue», peut-on lire en italien au milieu de la vidéo de Tiktok. Derrière le titre, une jeune femme aux cheveux blonds jusqu'aux hanches, en jogging et avec un haut qui laisse apparaître le ventre, danse dans la cuisine et ouvre la porte du réfrigérateur. 1,3 million de vues sont enregistrées pour la vidéo de 9 secondes de Gaia Bianchi. Ses autres vidéos sur Tiktok peuvent être décrites de la même manière. Elles sont courtes, accompagnées de musique et montrent la femme mince en tenue moulante ou courte en train de danser et de poser.
Est-ce à cela que ressemble le modèle des jeunes femmes? Peut-être bien. Car cette Italienne de 24 ans fait partie des influenceurs les plus appréciés des jeunes suisses. C'est la conclusion de la dernière étude JAMESfocus. Dans le cadre de cette étude, le groupe de psychologie des médias de la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) a interrogé plus de 1000 jeunes âgés de 12 à 19 ans sur leurs trois influenceurs préférés.
«Avec la puberté, les jeunes traversent une phase de leur vie au cours de laquelle beaucoup de choses se développent, notamment leur propre identité», explique Lilian Suter, psychologue des médias et auteur de l'étude.
Au cours de cette formation identitaire, les modèles des jeunes jouent un rôle important. Certes, ils trouvent aujourd'hui encore nombre de ces modèles dans leur environnement social. Mais:
Elle part du principe que les influenceurs préférés les plus souvent cités par les jeunes peuvent donc aussi être compris comme des modèles pour les garçons.
Selon l'étude, le joueur et youtubeur français Squeezie est le plus populaire parmi les 12-19 ans, suivi de près par le youtubeur comique et vlogger français Mastu et l'influenceuse beauté américaine Kylie Jenner. Gaia Bianchi, mentionnée au début de l'étude, se trouve à la sixième place.
Bien que Squeezie, qui occupe la première place, soit apprécié aussi bien par les filles que par les garçons, les résultats montrent que les jeunes préfèrent consommer des contenus d'influenceurs qui sont du même sexe qu'eux. De nombreuses filles suivent l'influenceuse beauté française Léna Situations, alors que les garçons préfèrent le gaming streamer allemand Montanablack et le footballeur Cristiano Ronaldo. Pour Lilian Suter, ce résultat n'est pas une surprise:
Suter a toutefois été étonnée de constater que les filles et les garçons s'en tiennent fortement aux rôles stéréotypés des sexes dans les contenus qu'ils consomment.
Ainsi, les filles préfèrent plutôt les contenus sur le jeu, le cinéma, la beauté, les articles «how-to», la musique et la danse, et les garçons, les contenus sur les jeux, la comédie et le sport.
Les plateformes sur lesquelles les jeunes sont actifs ont également une influence sur les influenceurs qu'ils suivent. Ici aussi, on constate une différence entre les sexes: alors que les idoles des filles sont surtout actives sur Tiktok, celles des garçons sont plutôt actives sur la plateforme de streaming Twitch, le portail de chat Discord et Facebook. Sur Instagram et Youtube, les idoles des deux sexes sont présentes à peu près à égalité.
En se concentrant sur les influenceurs en tant que modèles, les chercheurs se sont posé une autre question. A savoir comment les jeunes perçoivent les contenus sur les médias sociaux en général. Suter explique:
La raison: différentes études auraient déjà montré que les médias sociaux peuvent avoir un effet négatif sur l'image de son propre corps, le bien-être, l'estime de soi et la santé mentale.
Pour cette raison, les chercheurs ont également demandé aux jeunes à quelle fréquence ils percevaient des contenus positifs sur les réseaux sociaux. Résultat: les filles et les adolescents plus âgés ont tendance à percevoir plus souvent des contenus positifs que les garçons et les adolescents plus jeunes. En particulier, les contenus qui soulignent l'apparence attrayante d'une personne sont plus fréquemment perçus par les filles. Cela peut-il expliquer pourquoi les jeunes femmes et les jeunes filles en particulier sont de plus en plus touchées par des problèmes psychologiques ces dernières années?
«C'est difficile à dire, car il y a tellement de facteurs différents qui influencent le bien-être», dit Suter. Mais il est tout à fait plausible que des vidéos comme celle de Gaia Bianchi, décrite au début, soient l'un de ces facteurs. Les auteurs de l'étude conseillent donc aux parents de parler avec leurs enfants de leurs modèles en ligne et de les critiquer ensemble.
Suter souhaite toutefois souligner que les influenceurs n'ont pas uniquement une influence négative sur les jeunes.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)