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Lausanne: une association palestinienne crée le malaise

Une association palestinienne crée le malaise à l'Université de Lausanne
L'association étudiante «Palestine» a été inaugurée mercredi à l'Université de Lausanne.Image: watson

Une association palestinienne crée le malaise à l'Université de Lausanne

L'association étudiante «Palestine» a été inaugurée mercredi à l'Université de Lausanne. Problème, elle utilise le nom «Unil» dans sa communication. Inquiets du profil militant de cette dernière, des signataires juifs écrivent au rectorat. Qui leur a répondu. Nos révélations.
25.04.2024, 16:5926.04.2024, 13:39
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L’Université de Lausanne (Unil) compte une nouvelle association: Palestine. Elle a été inaugurée mercredi 24 avril, en présence d’environ 200 personnes dans un auditoire de l’Anthropole, le bâtiment des sciences humaines. Mais il y a un problème: le nom qu’elle s’est donné et sous lequel elle apparaît dans sa communication, «Unil Palestine», ne correspond pas à celui sous lequel elle a été enregistrée par les instances universitaires.

Sa dénomination statutaire est «Palestine». Ses membres, qui seraient une cinquantaine, lui ont ajouté «Unil», y voyant sans doute un intérêt. Si bien que tout un chacun peut être amené à considérer que la parole de cette association est celle de l’Université de Lausanne, voire du canton de Vaud, l’organe de tutelle de l’alma mater lausannoise.

«L’association doit retirer le terme "Unil"»

Joint par watson, le secrétaire général de l’Unil, Marc de Perrot, réagit à ce qui pourrait être interprété comme une usurpation:

«L’association doit retirer le terme "Unil" de son appellation. Nous lui avons demandé de le faire dès hier (mercredi). Il ne faut pas que le public puisse croire que cette association parle au nom de l’Université de Lausanne, que nous en serions la caution.»
Le secrétaire général de l’Unil, Marc de Perrot

Sur son compte Instagram, elle apparaissait jeudi après-midi sous le nom d’Unil Palestine. Un compte partagé avec celui de Lausanne-Palestine, un groupe très présent dans les manifestations pro-palestiniennes depuis le massacre du Hamas, le 7 octobre dans le Sud d’Israël, et la réplique meurtrière d’Israël à Gaza.

Lausanne-Palestine et Unil Palestine forment-ils à présent une seule et même entité? Unil Palestine est-elle appelée à remplacer Lausanne-Palestine? Nous avons cherché à le savoir auprès de la nouvelle association universitaire en la joignant à son adresse e-mail. Pas de réponse à cette heure. Mais un problème, là encore: le mot «unil» apparaît aussi dans l'adresse du courrier électronique. «Nous demandons à ce qu’il en soit également enlevé», insiste Marc de Perrot.

«Nous sommes la première association étudiante [palestinienne] en Suisse», a déclaré une responsable de l’association, mercredi, devant un auditoire visiblement bien rempli, tel qu’on peut s'en apercevoir dans un extrait vidéo publié sur Instagram. La même personne affirme que les activités de l’association seront organisées autour de deux axes: l’un, culturel, l’autre, éducatif.

Elle ajoute:

«Notre objectif à long terme est de continuer à sensibiliser les étudiants à la cause palestinienne»

Trois critères pour obtenir le label associatif

Le secrétariat général de l’Unil a la haute main sur les 140 structures associatives du campus lausannois. C’est lui qui accorde ou refuse le label associatif.

«Une association doit obéir à trois critères: la majorité de ses membres doit appartenir d’une manière ou d’une autre à l’Unil; elle ne doit pas poursuivre un but lucratif; elle doit respecter les grands principes de l’université, ne pas propager, par exemple, des théories contraires à la science. L’association "Palestine", et non pas "Unil Palestine", répond à ces trois critères.»
Le secrétaire général de l’Unil, Marc de Perrot

Les démarches en vue de la création de l'association Palestine ont commencé en janvier. Marc de Perrot:

«Nous avons des raisons de croire dans les capacités de dialogue de cette association. Il nous importe que les débordements constatés sur les campus américains ne se produisent pas chez nous»
Le secrétaire général de l’Unil, Marc de Perrot

Dans l’extrait Instagram évoqué plus haut, la responsable de l’association nouvellement créée entend justement œuvrer dans un cadre de «dialogue». Mais autour de quoi? Depuis le 7 octobre, les pro-palestiniens n’ont qu’un souhait: voir Israël disparaître sous sa forme actuelle, au profit, disent-ils, d’un Etat démocratique juif et arabe, dans la Palestine de 1948.

Cette vision est celle, par exemple, de Joseph Daher, qui exerce comme «professeur invité» à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Unil. C’est vers lui que s’est tournée l’association Palestine, cherchant manifestement en lui une caution.

«L’association Unil Israël devra également voir le jour»

Dans une lettre adressée au secrétaire général Marc de Perrot et dont watson a obtenu copie, un groupe de citoyens suisses juifs et non juifs s’inquiète de la présence de Joseph Daher aux côtés de l’association Palestine.

«On se pince tant la violence révolutionnaire de son propos fait écho aujourd’hui aux violences qui se déroulent dans une université américaine comme Columbia, où des étudiants survoltés appellent à la destruction d’Israël»
Les signataires

Et les signataires de la lettre de conclure: «Ceci étant, s’il s’avère que, désormais, les associations à but politique sont admises à l’Unil, l’association Unil-Israël devra également voir le jour, tout prochainement.»

Dans sa réponse, dont nous avons également eu copie, le secrétaire général Marc de Perrot aborde le «cas» Joseph Daher:

«Pour qu’une manifestation tierce traitant d’une thématique de portée scientifique ou politique soit autorisée à l’Unil, il est exigé qu’elle prenne la forme d’un débat ou qu’elle soit cautionnée par un chercheur de l’Unil. C’est pour répondre à cette condition que les organisateurs ont mobilisé le prof. Joseph Daher (dont nous n’avons pas d’information qu’il serait à l’origine de la création de l’association) de la faculté des sciences sociales et politiques. Il est attendu de lui comme de tout professeur de l’Unil qu’il apporte la garantie du respect des principes académiques édictés ci-dessus.»
Marc de Perrot

Face aux inquiétudes du groupe de citoyens juifs et non juifs signataires de la lettre envoyée au secrétaire général, celui-ci répond: «Nous ne savons pas si les participants (de l'association Palestine) seront amenés à débattre, mais nous relevons que la première manifestation organisée par l’association il y a quelques semaines était précisément un débat structuré entre étudiants israéliens ou juifs et étudiants palestiniens.»

Quant à la création d’une association d'«étudiants israéliens», en réponse à celle qui mentionne «Unil Palestine» sur le logo de son Instagram, le secrétaire général n’y voit pas d’inconvénient: «Nous serions heureux d’en accueillir une (…) si la demande nous en était faite de manière conforme à nos conditions.»

Chez les adversaires de l'association Palestine, on ne décolère pas face à l'attitude des autorités universitaires:

«Elles sont folles d’autoriser "Unil Palestine". Sous couvert de culture, on n’y entendra que du militantisme. Au-delà de la question palestinienne, cette association, c’est de l’entrisme islamique, avec, comme d’habitude, la participation d’une frange de la gauche.»

Israël-Palestine: deux cours ouverts au public en mai

Au mois de mai, c’est sur le terrain académique que la question israélo-palestinienne rebondira à l’Université de Lausanne, lors de deux cours ouverts au public, les 2 et 23 mai: «La genèse d’un conflit» (le 2), «Israël-Palestine: deux sociétés en crise» (le 23). Comme un symbole d’entente par-delà les divergences de points de vue, on y écoutera, à chacune des deux dates, les professeurs Wissam Halawi et Jacques Ehrenferund, titulaires, respectivement, de la chaire d’histoire de l’islam et des mondes musulmans, et de la chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme. Tous deux sont rattachés à la faculté de théologie de l’Unil.

Au moment de la parution de cet article ni l'association Palestine, ni Joseph Daher n'avaient répondu à nos sollicitations envoyées par e-mail.

L'attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre
Video: watson
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