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L'Université de Lausanne interdit un tournoi de football pour Gaza

Le tournoi de football annoncé n'aura pas lieu.
Le tournoi de football annoncé n'aura pas lieu. image: capture d'écran.

Pourquoi l'Université de Lausanne a interdit un tournoi de foot pour Gaza

Dans un contexte de fortes tensions dues à la guerre entre Israël et le Hamas, l'Université de Lausanne interdit la tenue d'un événement sportif «humanitaire» sur son campus. watson a eu accès à des échanges d'e-mails.
27.10.2023, 18:5128.10.2023, 22:32
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Une équipe de football «antifasciste et autogérée», le FC Hardegger, souhaitait organiser, ce dimanche 29 octobre, sur le campus de l’Université de Lausanne (Unil), un «tournoi de foot caritatif pour l’aide humanitaire à Gaza». Refus de l’Unil.

Dans un échange de courriels dont watson a obtenu copies, la direction de l’université, en date du 26 octobre, invoque une marche à suivre que le demandeur n’aurait pas observée dans les temps impartis. Selon l’Unil, la demande aurait dû être adressée à l’Etat de Vaud, l’autorité habilitée à délivrer les autorisations pour toute manifestation de ce type.

Le FC Hardegger estime que la véritable raison du refus tient à des considérations politiques. Dans un courriel daté du 24, le service des sports de l’Unil répond au demandeur que la direction de l'institution «ne rentre pas en matière dans le cadre d’un soutien en relation avec un conflit politique». Ici, le conflit entre Israël et le Hamas.

«Avec nos excuses pour ce faux espoir»

Un peu plus tôt le même jour, dans un précédent courriel, le service des sports de l’Unil indiquait au demandeur que:

«(…) malheureusement (…), bien que nous ayons reçu les autorisations nécessaires au niveau de la sécurité d’un évènement de ce type (réd: le «tournoi caritatif»), [votre association] ne faisant pas partie de la communauté UNIL, nous ne pouvons pas donner suite à l’organisation de celui-ci. En effet, bien que la cause soit clairement soutenue, il a été décidé plus haut que les terrains de l’université resteront en dehors de ça. Avec nos excuses pour ce faux espoir, nous vous adressons nos salutations les meilleures.»

Dans un courriel daté du 25 adressé à une autorité de l’Unil, le demandeur faisait état d'un compromis que venait de lui proposer cette dernière lors d'un échange téléphonique. Ce compromis consistait à distribuer les fonds récoltés «aux victimes des deux camps», l’israélien et le palestinien. Le demandeur a rejeté cette proposition, arguant des «besoins urgents des hôpitaux de la Bande de Gaza», établis par «l’ONU et l’OMS (réd: Organisation mondiale de la santé)».

«Un nouveau deux poids deux mesures»

«Le tournoi avait pour but de récolter des fonds en faveur du Croissant Rouge palestinien et de Medical Aid for Palestinians», écrit le FC Hardegger dans un communiqué. Il déplore le refus de l’Unil, laquelle avait autorisé dans le passé «des initiatives de solidarité avec les victimes de l’invasion russe en Ukraine» et dernièrement «un événement similaire (réd: un tournoi de football caritatif) (…) en faveur des victimes du séisme au Maroc».

Sur son compte X (ex-Twitter), le conseiller communal socialiste lausannois Mountazar Jaffar dénonce une «Décision purement arbitraire et honteuse de @unil !», «Un nouveau deux poids deux mesures» au détriment de la «Palestine».

Risques de troubles à l'ordre public?

La direction de l’Unil a-t-elle été intimidée par les retombées en Europe de la guerre au Proche-Orient? S’est-elle enfermée dans des arguties techniques sans commune mesure avec l'enjeu? N’aurait-il pas mieux valu, étant donné l’état de tension ambiant, qu’elle saisisse immédiatement l’autorité cantonale, qui aurait pu invoquer le risque de troubles à l’ordre public pour interdire le tournoi de football, quand bien même le demandeur assurait de ses intentions pacifiques?

En effet, comment garantir l’absence de toute parole ou inscription à caractère haineux ou antisémite lors de la manifestation par des éléments incontrôlés? Le demandeur disait pouvoir, si besoin, limiter le nombre de participants et assurer un service d’ordre. Il y avait là peut-être trop d’impondérables à la fois. L'Unil reconnaît quelques ratés dans la gestion de cette affaire.

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