Un policier pose devant un mur, à Lausanne, à côté d'un graffiti. Uniforme bleu, ceinture d'équipement, grade visible et... un pouce levé.
Une photo qui aurait pu être anodine voire sympathique, si le tag en question n'affichait pas «RIP Mike», en l'honneur de ce Nigérian décédé en février 2018 lors d'un contrôle de police et dont le procès hautement médiatisé, qui doit durer trois jours, s'est ouvert à Renens (VD) lundi.
La photo, publiée sur un groupe whatsapp privé entre policiers, s'est frayée un chemin jusqu'à la RTS. C'est l'émission Mise au Point qui l'a révélée, dimanche soir dans son émission, et a flouté le visage du policier (et son grade). Elle indique au passage qu'il ne s'agit pas d'un des six accusés.
L'image a depuis été partagée sur les réseaux sociaux, raconte 24 heures et surtout, lundi, s'est invitée au tribunal lors de la première journée du procès. L'avocat de la famille de Mike, Me Simon Ntah, l'a montrée à la cour.
Il a laissé entendre que le juge devrait examiner plus en détail les téléphones des policiers accusés pour savoir si l'un d'entre eux faisait partie du groupe whatsapp d'où provient la photo. Le procureur lui a répondu:
Ce policier se réjouit-il vraiment de la mort de Mike, ou s'agit-il d'un geste ironique et déplacé de soutien à ses collègues? Bien qu'ayant flouté son visage, Mise au Point explique que le policier est «tout sourire».
Pour ce député socialiste du Conseil communal de Lausanne qui a «soutenu plusieurs postulats pour réformer la police» et interrogé par la RTS, cela ne fait aucun doute:
Le commandant de la police de Lausanne a, quant à lui, estimé que ce policier faisait bien partie de ses effectifs, au vu de son équipement. Il a condamné son comportement et indiqué à 24 heures qu'une enquête aurait lieu au sujet de cette image.
Alors, brebis galeuse ou preuve d'un racisme systémique? La réponse à cette question ne sera en tout cas pas donnée lors du procès, le président de la cour n'étant pas entré en la matière sur cette image. Nul doute qu'elle continuera à défrayer la chronique, hors des murs du tribunal.
(acu)