Une sanglante affaire pénale, vieille de huit ans, vient peut-être de connaître son épilogue. En 2013, une bagarre générale entre ressortissants originaires des Balkans et des Maghrébins avait éclaté dans un club lausannois. Bilan de cette rixe ponctuée de coups de poings et d'utilisation d'une matraque télescopique: un homme ensanglanté, gravement touché à l'œil et qui a perdu connaissance. Il s'agissait d'un ressortissant tunisien en séjour illégal en Suisse.
Alors que l'enquête était en cours, la victime est rentrée au bercail en catimini. Ce qui a enlisé la procédure pénale. Plusieurs années plus tard, l'affaire a été relancée. Un compatriote en vacances en Tunisie a informé celui que son quartier a dédaigneusement surnommé «Le Borgne» qu'il était recherché en qualité de victime par les autorités judiciaires vaudoises. En mars, grâce à un visa expressément délivré pour lui permettre d'assister à l'audience, le quadra tunisien a pu se présenter au Tribunal de police de Lausanne.
Les quatre prévenus accusés de lésions corporelles graves ont nié toute implication dans les graves blessures du Tunisien. Quant au déroulement précis des faits, aucun d'entre eux ne semblait en avoir un souvenir précis. «Huit ans après, on ne se souvient pas de beaucoup de choses», avait soutenu le videur du club. Ce qui avait fait réagir l'avocate du Tunisien éborgné. «Vous avez perdu la mémoire. Mon client, lui, a perdu un œil», avait réagi Me Zakia Arnouni. La défense avait réclamé 40'000 francs de tort moral pour la victime. Le Tribunal de Lausanne lui en a octroyé quatre fois moins. Et a condamné avec sursis le quatuor de prévenus pour agression et lésions corporelles graves.
Les quatre condamnés ont fait recours contre ce verdict. Le Tribunal cantonal vaudois s'est penché sur l'affaire mercredi après-midi. La Cour d'appel présidée par la juge cantonale Caroline Kühnlein a acquitté l'ensemble du quatuor. «Nous sommes soulagés par ce verdict qui survient après tant d'années. C'était compliqué de démêler le vrai du faux. Nous témoignons toute notre sympathie à la victime, qui a eu des séquelles grave», a indiqué Me François Gillard, avocat de l'ancien patron du club.