La tempête, il s'en souvient très bien:
Alors dans son bureau, il voit toutes les alarmes automatiques des usines de la région s'enclencher.
Grégory Duc, pompier professionnel, prend donc les commandes de ses équipes (pompiers et ambulanciers), mais aussi des partenaires extérieurs. Pas de descente sur le terrain pour lui, dès les premières sirènes, il sera en charge de toutes les opérations d'urgence à La Chaux-de-Fonds, c'est le fameux chef d'intervention général.
Et près de 20 jours plus tard, la tension n'est pas retombée, la ville se relève toujours. «On vous accueille volontiers à la caserne demain, mais j'aurai plusieurs réunions dans la matinée, vous allez manger avec nous à midi?» Le chef des interventions du SIS des Montagnes neuchâteloises ne peut pas s'attarder, en quelques secondes, la rencontre est organisée à la caserne de La Chaux-de-Fonds. La facilité avec laquelle il a accepté notre demande nous a surpris, en effet, l'homme est en charge de 500 personnes sur le terrain, ne serait-il pas débordé? «J'essaie toujours de prendre du temps pour les médias, car nous sommes des partenaires, surtout durant ce type d'événements». Rendez-vous donc à La Chaux-de-Fonds à 8h30.
Arrivé à la caserne, je rencontre donc «le commandant», comme on a coutume de l'appeler. Il n'a qu'une vingtaine de minutes à m'accorder avant sa prochaine réunion et veut faire passer un message important:
En effet, les équipes composées de sapeurs-pompiers, de militaires, de civilistes et de policiers ont pour objectif de remettre sur pied La Chaux-de-Fonds ainsi que toutes les localités touchées par la tempête. Quand on lui demande s'il a pu se reposer depuis le 24 juillet, il nous glisse un «pas beaucoup», mais précise que c'était le lot de toutes les personnes engagées sur cet événement.
La bonne nouvelle? Les équipes peuvent «reprendre des forces», car les travaux d'assainissement ne nécessitent plus leur mobilisation la nuit. «C'est la première fois que nous sommes confrontés à un événement de cet ampleur, on s'en souviendra toute notre vie». On frappe à la porte, les politiques et autres partenaires arrivent un à un pour une séance non ouverte aux journalistes. On fera la visite de la caserne en attendant le chef, une petite heure.
Le terrain«Je vous ai pris un casque» lance Grégory Duc avant de démarrer une rapide descente sur le pour voir des travaux d'assainissement en cours. Sur la route, impossible de ne pas remarquer les dizaines d'arbres déracinés. «Vous voyez, les arbres qui sont tombés, c'est comme un Mikado géant», explique-t-il. Non loin de là, au parc des Crêtets on aperçoit d'autres bouleaux couchés au sol. «Pour assainir certaines zones, cela peut prendre plusieurs semaines, voire plus», lâche-t-il en précisant que deux heures après le début de la tempête, il a fait une reconnaissance de l'étendue des dégâts
Mais la priorité est ailleurs pour Gregory Duc qui tient à nous montrer les travaux à la Rue du Crêt à La-Chaux-de-Fonds dont les toits cachent un danger sournois pour les habitants.
Le commandant veut passer un appel à la prudence en évoquant une habitude salvatrice des Chaux-de-Fonniers. «En hiver, la population a le réflexe de longer les façades pour éviter la chute des blocs de neige depuis les toits, on aimerait bien qu'elle continue de le faire, pour éviter les tuiles et autres objets».
Une trentaine de minutes sur le terrain et retour à la caserne pour la seconde réunion de la journée, on lui demande une dizaine de minutes en tête à tête pour des questions un peu plus personnelles. «Je vous trouverai un peu de temps, après le repas de midi, mais je n'ai pas l'habitude parler de moi», ajoute-t-il en esquissant un léger sourire.
Le chef est un homme de parole, après le dîner qui a réuni des centaines d'intervenants, il nous accorde enfin une bonne demi-heure d'échanges.
«Mon rôle c'est de prendre de la hauteur et de gérer les priorités. Sur quel appel doit-on intervenir immédiatement? Qu'est-ce qui peut attendre? Où sont les risques pour les équipes d'intervention?», en prenant la conduite des opérations, Grégory Duc se voit seconder par un aide de commandement, dont le rôle est de l'appuyer jour et nuit dans sa mission.
La montée d'adrénaline, le quadra la connaît, ayant 15 d'expérience en tant que sapeur-pompier-technicien ambulancier. Mais l'événement par l'ampleur des acteurs et moyens mis en place a été exceptionnel.
Le regard toujours bienveillant, le sapeur-pompier secouriste relève qu'il a pu compter sur le soutien de sa famille. Il revenait dormir quelques heures et repartait encore dans la nuit.
Cet environnement qu'il qualifie de «sain» lui a donc permis d'avoir l'esprit libre pour la gestion de crise. Au détour de la conversation, il avoue que ses enfants l'ont peut-être plus vu à la TV qu'à la maison lors de la première semaine après la tempête.
Un petit regard vers l'horloge et une dernière question avant de laisser le commandant prendre cinq minutes avant sa prochaine séance. Après la montée d'adrénaline des premiers jours, comment se sent-il aujourd'hui? «Je dirai qu'au niveau du stress, je suis en phase descendante» explique-t-il. En effet, les priorités que sont les travaux d'assainissement s'inscrivent dans le moyen et long terme et Grégory Duc peut enfin souffler un peu. Et au commandant de conclure sur un trait d'esprit.