Pour sa clientèle, le géant jaune a avant tout une mission: livrer à temps lettres et paquets. Pour sa propriétaire, la Confédération, elle en a une autre: rapporter de l'argent. Berne demande à La Poste de lui verser un dividende. Cette année, par exemple, la somme atteindra 50 millions de francs.
A l'avenir, ce montant devra augmenter. Selon le rapport sur le budget, La Poste devrait faire entrer 200 millions chaque année dans les caisses de la Confédération à partir de 2026. Un retour aux habitudes du passé. En 2019, Berne avait temporairement réduit le dividende de 200 à 50 millions de francs, parce que les revenus de Postfinance s'affaiblissaient et que l'activité du courrier s'effritait lentement. Le mot «temporairement» a toute son importance.
A l'époque, la décision avait été prise pour la période allant de 2020 à 2025, explique le Département des transports et de la communication (Detec). Dans le même temps, il était clairement attendu que le dividende revienne à son niveau d'avant lors de la prochaine période stratégique, précise le porte-parole du Detec, Harald Hammel. L'objectif est de garantir une rémunération adéquate des fonds fédéraux investis dans La Poste.
Un allègement temporaire donc, par égard pour les défis économiques de La Poste. En 2026, ce sera «back to normal», retour à la pratique antérieure.
Mais le géant jaune ne roule pas vraiment sur l'or. Cet été, il a annoncé devoir gonfler les tarifs pour les lettres et les colis.
La Confédération a bien compris que La Poste est sous pression. En mars, elle a déclaré que La Poste avait pris des mesures pour pouvoir continuer à financer le service universel de manière autonome.
Une augmentation du dividende est-elle appropriée dans cette situation? La Poste elle-même ne s'exprime pas à ce sujet. Interrogée, elle se contente d'affirmer que «la fixation du budget, tout comme celle du dividende, est l'affaire du propriétaire». En d'autres termes, c'est la Confédération qui décide – point.
Les politiciens de la commission compétente du Conseil national sont en revanche plus clairs. Le principe de dividende suscite une incompréhension générale. Le conseiller national UDC Gregor Rutz y voit une erreur.
L'élu regrette que la Poste se soit de plus en plus dispersée ces dernières années pour rester dans les chiffres noirs. A ses yeux, exiger davantage de bénéfices revient à alimenter cette stratégie d'acquisition.
Kurt Fluri, membre du PLR, va dans le même sens: «Si l'on augmente le dividende, on oblige La Poste à développer d'autres activités qui n'ont rien à voir avec sa mission principale». Selon lui, c'est la seule façon pour l'entreprise de gagner plus pour verser un dividende plus élevé. La stratégie d'acquisition de La Poste provoque déjà des problèmes politiques. Le conseiller national plaide donc pour un changement de système: «Il vaudrait mieux commander des prestations à La Poste et la rémunérer pour cela».
Les critiques n'émanent pas uniquement des partis bourgeois. La conseillère nationale PS Edith Graf-Litscher souligne que la question du montant des dividendes ne peut être résolue qu'en prenant en compte celle de l'organisation future du service universel. Mais pour elle, il est clair que:
La Confédération est en train d'élaborer un rapport sur le développement de ce service universel. A l'origine, le document aurait dû être présenté au Conseil fédéral cet été. Désormais, le Detec d'Albert Rösti indique que ce sera fait «dans les prochains mois».
Traduit et adapté par Valentine Zenker