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Le patron de la CGN risque une pénurie sur Instagram

Vincent Pellissier a décidé d’aligner les verbes sur Instagram, pour promouvoir la CGN.
Vincent Pellissier a décidé d’aligner les verbes sur Instagram, pour promouvoir la CGN.images: keystone, instagram de vincent pellissier, montage: watson

Le patron de la CGN risque une pénurie sur Instagram

Entre les difficultés rencontrées actuellement par la Compagnie générale de navigation et son atterrissage à la tête de l’entreprise en mai, Vincent Pellissier a trouvé le temps de démarrer un projet étonnant sur Instagram. Celui qui rêve de voir Kevin Germanier «designer les uniformes des capitaines» a bien voulu se prêter à une interview «réseaux sociaux».
19.07.2025, 19:0819.07.2025, 22:11
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Il y a un peu plus de deux mois, Vincent Pellissier, ancien ingénieur cantonal et chef du Service valaisan de la mobilité, prenait ses fonctions à la tête de la CGN.

Une compagnie qui transporte et fait rêver plusieurs générations de touristes et de pendulaires sur le Léman, mais qui traverse une série de petites tempêtes. L’accident du Simplon, l’indisponibilité de plusieurs bateaux «Belle-Epoque» en pleine période estivale ou encore quelques fritures sur la ligne avec la France.

A première vue, le tout frais directeur n’a pas le temps de scroller sur les réseaux sociaux toute la journée.

Mais celui qui est né à Sion il y a un poil plus de cinquante ans est un créatif, même un «scientifique un brin rêveur» lit-on dans Le Temps. Si bien qu’en juin dernier, Vincent Pellissier a décidé d’ouvrir un compte Instagram en son nom, pour offrir un ton et un regard à la CGN.

On en a profité pour lui poser quelques questions sur sa relation avec les réseaux sociaux, mais aussi l’image et l’avenir de la compagnie.

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Ce n’est pas tous les jours qu’un directeur se lance en son nom sur Instagram pour promouvoir l’image de la société. Pourquoi ce choix?
Vincent Pellissier: C'est toujours une réflexion. Une compagnie comme la Compagnie générale de navigation est incarnée. Et l’incarnation, ça repose avant tout sur les personnes.

La CGN a besoin d’un porteur d’images?
C’est plutôt l’occasion de montrer une facette qui n’est pas forcément accessible habituellement, des images «de l’intérieur».

Vous incarnez donc la CGN, mais est-ce que vous gérez vous-même le compte ou vous avez engagé une équipe de jeunes connectés pour vous seconder?
Je fais ça tout seul! J’ai plein d´enfants à la maison, mais ils ont d’autres soucis que mon compte Instagram. (Rire) En réalité, je suis convaincu que, pour être authentique, il faut le faire soi-même et ne pas le déléguer à un community manager.

Zoomons un peu sur le contenu de ce compte Instagram, parce que vous avez pris des risques. Non seulement le concept est très précis, mais... vous êtes à la merci d’une pénurie de verbes à la rentrée, on est d’accord?
On est d’accord! C’est effectivement très limitatif. Mais en termes de créativité, et c’est ce que me disent mes proches depuis toujours, je dois me limiter à une idée par jour.

«Vous pensez bien que j’ai pris de l’avance et que j’ai quelques verbes et images en stock»
Le concept du directeur de la CGN? Une photo + un verbe et un post tous les deux jours.
Le concept du directeur de la CGN? Une photo + un verbe et un post tous les deux jours.

Vous allez malgré tout tenir le rythme ou on aura très vite droit à des verbes un peu cryptiques?
Vous savez, ce compte est jeune, je suis donc dans la phase de création de la communauté. On cherche d’abord à atteindre 1000 abonnés, puis 5000, etc. Donc, le rythme de publication est logiquement plus soutenu au départ, avec une publication tous les deux trois jours. D’autant que nous sommes en pleine saison touristique. A l’avenir, je pense qu’on sera plus volontiers à un post par semaine.

Vous avez fait le choix d’une ligne éditoriale très poétique. Comment en êtes-vous arrivé à cette idée?
Il y a deux manières de faire. Soit on s’appuie sur un cabinet de communication, soit on le fait de manière très intuitive, par rapport à ce que l’on est, par rapport aux valeurs que l’on défend. Si je suis venu à la CGN, c’est justement pour la poésie. Dans mon dernier job, comme ingénieur cantonal, nous avions déjà mis en place un petit livre annuel, qui s’appelle «Connexions», qui insuffle un peu de poésie dans les infrastructures et la mobilité.

«La poésie, cette sensibilité, fait partie de ce que je suis. C’est très naturel chez moi»

Quelles sont les limites que vous vous imposez sur les réseaux sociaux en général, en tant que directeur de la CGN?
Les limites, elles sont déjà institutionnelles. Pas de prise de position politique, même s’il y a parfois quelques petits clins d’œil discrets. En outre, les codes sont différents d’un réseau social à l’autre. Sur LinkedIn, par exemple, il n’y a pas d’échanges virulents. C’est un réseau professionnel sur lequel on a notamment la possibilité d’engager des ingénieurs, ce qui n’est pas simple en Suisse.

Et sur Facebook?
Facebook, c’est beaucoup plus émotionnel. Il m’arrive d’intervenir, par exemple lorsqu’on se plaint du manque de bateau de la CGN en ce moment.

«Mais, sur Facebook, je n’interviens jamais plus de deux ou trois fois, pour ne pas risquer d’envenimer définitivement le débat. A la quatrième intervention, on atteint vite le point Godwin»

Combien de temps ça vous prend de faire des photos, trouver le verbe et penser à publier aussi fréquemment sur Instagram?
Alors, ça me prend environ zéro minute! C’est un geste naturel, chez moi. Le regard que je peux avoir sur la compagnie est un regard particulier. J’ai la chance d’être régulièrement à des endroits inaccessibles au public. Un point de vue assez unique, décalé, qui peut plaire aux amoureux du lac et de la navigation.

Vous aimez incarner, c’est une chose. Mais la création de ce compte Instagram a-t-il aussi été pensé pour redorer l’image d’une CGN qui traverse quelques crises en ce moment?
Non, la création de ce compte n’a pas été théorisée ainsi. C’est vrai que nous aurons des enjeux importants ces dix prochaines années à la CGN. Quand je suis arrivé, on a mis sur la table ces enjeux et une vision à quinze ans a été présentée.

«Pour faire une comparaison avec nos montagnes, l’objectif à 10 ans, c’est de faire de la CGN le Matterhorn Gotthard Bahn des lacs de notre pays»

J’aime bien cette comparaison, parce que les MGB est une société mythique qui met en scène un symbole national, le Cervin. La signature unique du Léman, c’est la rade de Genève ou encore le Lavaux, avec un bateau Belle Époque de la CGN.

Le compte Instagram officiel de la CGN ne suffisait-il pas à combler vos envies de créativité?
Les deux voies sont très différentes. Le compte de la CGN et un compte de communication et de marketing. Il met en avant des offres promotionnelles et la beauté des paysages. De mon côté, j’essaie d’insuffler un ton. Pas seulement sur les réseaux, mais à l’interne également.

Plus généralement, les compagnies de transport public en Suisse misent aujourd’hui beaucoup sur les influenceurs pour attirer les touristes, notamment étrangers. Vous en êtes où de ce côté-là à la CGN?
Pour ce que j’ai pu découvrir, à la CGN, nous avons une approche des réseaux sociaux assez classique. Evidemment que recourir à des influenceurs a du sens aujourd’hui. Nous travaillons avec des créateurs de contenu, mais à une petite échelle, localement et avec beaucoup de prudence. Notre compagnie se veut une petite pépite sur le Léman. Nous devons rester indispensables. Si vous allez à Zermatt et que le Cervin n’est pas visible, vous n’êtes pas vraiment allé à Zermatt. Il faut donc manier tradition et innovation avec une grande attention.

«Personnellement, j’aime bien l’idée par exemple que Kevin Germanier upcycle les uniformes de nos capitaines pour la flotte contemporaine»

Quels sont la prochaine image et le prochain verbe que vous allez publier sur votre compte Instagram?
J’ai pris une image d’un bateau qui est en train d’être transformé pour faire du transport public et dont les sièges viennent d’être posés. Un point de vue que seules les personnes qui ont accès au chantier peuvent avoir.

Et le verbe qui l’accompagne?
Siéger. Avec évidemment, ce petit clin d'œil aux parlementaires.

Qui ce youtubeur devenu chanteur?
Video: watson
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