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Victime d'une thérapie de conversion, il témoigne.

Adrian Stiefel se bat pour la prise de conscience autour des thérapies de conversion.
Adrian Stiefel a transformé sa douleur en quelque chose de positif. Il a ouvert une antenne pour les LGBTQI+ au sein de l'Eglise. Image: silvia rossi/Shutterstock

Brisé puis reconstruit, il raconte sa thérapie de conversion

Les thérapies de conversion viennent d'être interdites par le Canton de Genève. Adrian Stiefel est passé par là. Il témoigne pour que ça s'arrête.
05.03.2021, 16:4706.03.2021, 09:19
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Adrian Stiefel est chargé de ministère et responsable de l’Antenne LGBTI de l’Eglise protestante de Genève. Il se bat pour que les consciences s’ouvrent sur la réalité des thérapies de conversion, qui visent à changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne.

A 19 ans, Adrian en a fait lui-même l’expérience. Il nous raconte:

«J’ai commencé à fréquenter une église évangélique à Genève avec ma famille quand j’avais 14 ans. On y prônait une lecture littérale de la Bible. L'homosexualité et toute forme de sexualité hors-mariage étaient condamnées.

Dans mon adolescence, je ressentais déjà une attirance pour les garçons. Je me suis alors confié à des adultes de mon église. On m’a parlé de «déviance», qu’on a placée sur le compte d’une enfance difficile et d’abus dont j’avais été victime. J’allais, soit-disant, «m’en sortir» avec l’aide de Dieu. On m'a alors mis en contact avec une «ancienne lesbienne» qui aurait été «guérie».

Partager ses fantasmes, six heures par jour

A 19 ans, je suis parti à Londres. Je me suis engagé dans une grande église évangélique. J’ai rencontré un couple de chrétiens américains qui m’ont pris sous leur aile en tant que parents spirituels. Ils ont endossé la mission de me libérer de mon passé et de mes déviances. Je suis alors parti aux Etats-Unis pour suivre une «thérapie».

Un pasteur, présenté aussi comme un thérapeute, promettait de pouvoir soigner les troubles identitaires, affectifs et sexuels. Durant une semaine, six heures par jour, je devais partager tous mes secrets, mon intimité, mes fantasmes. La méthode faisait appel à la psychanalyse, aux prières, à l'exorcisme, à la libération de liens spirituels. Le pasteur identifiait en moi les «démons de la perversion et de la sexualité».

«Ce qui est compliqué, c’est que l’endoctrinement te fait penser que tu dois changer. Il y a une pression de la communauté»
Adrian Stiefel, Responsable de l’Antenne LGBTI de l’Eglise
protestante de Genève

Je suis reparti de ce séjour en me disant « Super! Je suis guéri». Alors qu’évidemment, je n’avais pas changé. J’ai vécu ensuite à Philadelphie, j’avais la vingtaine. En continuant de croire que Dieu voulait me guérir, je suis arrivé à un point de rupture. Ma vie se scindait en deux: il y avait celle d’un jeune homme qui voulait vivre une vie amoureuse, et celle de celui qui doit changer.

La coupure, la cicatrice, la lumière

J’ai décidé de mettre l’Eglise de côté, je me suis éloigné de toutes ces institutions. Je pensais que je devais renoncer à Dieu si j’acceptais mon homosexualité. Je n’avais pas réalisé que l’Eglise n’a aucun droit moral sur ma sexualité. C’est comme si j’étais programmé.

J’ai mis 15 ans à déconstruire les vérités qu’on m’avait enseignées. A rassembler les fragments de qui je suis. A retrouver mon identité et ma foi véritable. J’ai fait ce chemin seul. En 2015, j’ai proposé à l'Eglise protestante de Genève de créer une antenne LGBTI pour que les gens, qui vivent ces thérapies ou ce type de réalités, soient accompagnés. Il faut que la loi interdise les pratiques, mais aussi propose des espaces de reconstruction et favorise la prise de conscience au niveau sociétal et ecclésial

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