50 loups ont été abattus cet hiver dans toute la Suisse. Quels ont été les effets de la régulation autorisée par le conseiller fédéral Albert Rösti?
Nous ne pourrons évaluer complètement les effets que l'été prochain. Mais nous constatons déjà que plusieurs meutes ont été déstabilisées par les tirs incontrôlés et qu'il ne s'agissait pas du tout d'une intervention ciblée visant à éliminer les animaux qui causaient des dommages.
27 loups ont été abattus dans le canton du Valais. Un rapport montre maintenant que la plupart d'entre eux n'ont pas tué d'animaux d’élevage. Pourquoi a-t-on tiré sur les mauvais spécimens?
En Valais, on a procédé de la manière suivante: dans les régions où il y a eu des dégâts, des meutes ont été autorisées à être abattues.
Mais si l'on veut vraiment attraper ceux qui causent des dégâts, il faut voir comment les loups se comportent individuellement avant de les abattre.
Quel est le meilleur moyen de savoir quels loups causent des dégâts?
Il faut attraper les loups dans des situations où ils se trouvent à proximité de troupeaux protégés, peut-être même lorsqu'ils tentent d'attaquer. Ou lorsqu'ils se déplacent à proximité des habitations. Car si les loups survivants doivent apprendre quelque chose, l'abattage doit avoir lieu au moment où ils montrent un comportement indésirable.
Avant le début de la régulation, l'expert animalier Andreas Moser déplorait déjà que des tirs non ciblés déchirent les meutes. Quelles en sont les conséquences ?
On sait que si l'on tire sur des loups adultes, les jeunes survivants quittent plus tôt le territoire. Or, ils n'ont aucune expérience de la chasse et s'attaquent particulièrement souvent aux animaux d’élevage. Ces tirs ont donc entraîné une déstructuration, ce qui augmente également le danger pour les animaux d’élevage.
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) aurait su avant les tirs de régulations que ceux-ci n'étaient pas vraiment compatibles avec la Convention de Berne. Pourquoi le plan a-t-il été maintenu?
L'OFEV doit mettre en œuvre des directives politiques. Les moyens dont dispose l'office fédéral pour exercer une influence sur le dossier sont apparemment très limités.
Dans le canton des Grisons, le service de la faune a annoncé cette semaine que le nombre d'animaux d’élevage tués l'an dernier était deux fois moins important qu'en 2022. La régulation a donc porté ses fruits?
Non. La régulation a commencé début décembre. Les onze mois précédents, au cours desquels moins d'animaux d’élevage ont été tués, n'ont rien à voir avec ça. En effet, les loups ne savaient pas préventivement ce qui allait leur arriver.
Alors pourquoi y a-t-il eu une diminution des attaques d'animaux d’élevage ?
Le recul s'est produit dans des régions où les loups sont présents depuis longtemps. Les agriculteurs de la Surselva ou du centre des Grisons ont appris à mieux protéger leurs animaux. Nous le constatons également à l'échelle européenne: là où les loups vivent depuis longtemps, il y a moins de dégâts, car on apprend à les gérer.
Vous parlez de mesures de protection des troupeaux?
Oui, ce sont en premier lieu les chiens ou les clôtures électriques qui sont efficaces. Mais d'autres animaux, élevés en parallèle, peuvent aussi être efficaces: par exemple d'autres races de moutons ou de chèvres.
Malgré ce bilan mitigé, la Confédération prévoit une nouvelle régulation de septembre à janvier. Que faut-il améliorer?
La révision de l'ordonnance sur la chasse est en cours. Tout le monde a enfin été invité à prendre position. La Confédération doit donc répondre aux inquiétudes concernant les tirs incontrôlés. La régulation doit avoir lieu sans qu'il y ait de destruction de meutes.
Malgré les tirs, des loups sont toujours aperçus dans les zones habitées. Combien de loups supporte-t-on à proximité de l'homme et comment les empêche-t-on de s'approcher toujours plus près des villages?
Le nombre de loups que l'on peut supporter est une question sociale. Mais le fait que l'on ait eu de plus en plus de loups à proximité des habitations ces dernières semaines est une conséquence des tirs incontrôlés. Ce sont tous de jeunes loups qui ont été dispersés par l'éclatement de leur meute.
Traduit et adapté par Lara Lack