L'expérience du terrain est toujours plus convaincante que les grands mots. La Fédération romande des consommateurs (FRC) l'a bien compris en présentant une enquête sur la disponibilité des médecins généralistes. Le pitch? Vous avez besoin d'un docteur, combien de temps et d'énergie cela va-t-il vous coûter pour en trouver un?
En matière de disponibilité des praticiens, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. En effet, si vous appelez depuis la campagne genevoise, il vous faudra passer en moyenne deux coups de fil pour obtenir un rendez-vous, mais si vous habitez Fribourg, vous allez empoigner votre téléphone une trentaine de fois. Selon Yannis Papadaniel, responsable santé à la FRC:
Mais le parcours n'est pas fini pour autant. Maintenant que vous maîtrisez les coups de fil et que vous avez réussi à prendre un premier rendez-vous, vous allez découvrir qu'il peut y avoir une «réserve», comme l'indique la FRC.
En d'autres termes, vous voilà de retour à la case départ, mais avec le sentiment d'avoir un pied dans le cabinet: trouver le généraliste, c'est déjà pas mal.
Sur plus de 400 appels effectués par la FRC, une réponse s'est distinguée (et pas pour les bonnes raisons).
Pour le responsable santé à la FRC, il existe probablement des recommandations ou des «pratiques d'initiés» (le fameux: Dr. X m'a demandé de vous appeler), mais cela n'a pas été observé sur les 100 médecins qui ont répondu à l'enquête. «On ne peut pas exclure que la recommandation par le biais d'un autre praticien ou d'une connaissance aurait marché, mais on n'a pas voulu jouer cette carte».
Quelles sont donc les solutions proposées pour éviter cette course d'obstacles aux patients romands? Selon Philippe Eggimann, président de la société médicale de la Suisse romande, la solution est des plus évidentes.
La FRC fait aussi le constat de la pénurie des praticiens dans le pays, mais la question de la spécialisation en médecine générale est un facteur déterminant car, rappelons-le, la Suisse compte trop de spécialistes et pas assez de généralistes.
Ce que Yannis Papadaniel veut dire, c'est que le métier de médecin généraliste n'est pas vraiment «bien vu» dans la culture médicale en Suisse. «Certains étudiants me disent que lorsqu'ils déclarent vouloir devenir généralistes, le regard de leurs pairs change sur le long terme.» Pour le responsable santé de la FRC, la revalorisation du médecin généraliste est primordiale, mais des solutions pourraient aussi être trouvées en recourant aux pharmaciens, aux centres de soins, en laissant les infirmiers facturer certaines prestations ou en faisant appel à la télémédecine.