Souvenez-vous, en 2018, c’était l’effervescence autour de la consommation d’insectes. La Suisse venait d’autoriser les vers de farine, les grillons et les criquets migrateurs, beaucoup tentaient l’expérience sur un stand du Paléo festival et on imaginait la conquête des assiettes avec ces nouveaux produits riches en acides gras, protéines, minéraux et vitamines.
Mais voilà. Près de quatre ans plus tard, l’idée ne convainc pas vraiment. Selon les chiffres de la Confédération, la vente d’insectes comestibles en Suisse a évolué à la baisse, après une année d’excitation: 2 tonnes en 2017, 5,8 en 2018, 4,3 en 2019 et 3,8 l’an dernier. En termes de chiffre d’affaires, la part des insectes dans la consommation totale de viande (et de ses succédanés) s’est arrêtée à 0,005% en 2020 (0,29 million de francs).
Dans un rapport publié il y a quelques jours, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) explique ce «succès modeste» par des prix encore relativement élevés (on parle de 76 francs/kilo en moyenne, soit plus ou moins le prix du filet de boeuf) et – surtout – une faible acceptation de la part des consommateurs.
Sur le terrain, on réfute cette affirmation. «Ce n’est pas une question d’acceptation, mais de méconnaissance», réagit Julien Bammez, créateur de la société InsectaFood, qui réalise des produits à base d'insectes comestibles pour le marché suisse.
«A chaque fois que je fais goûter mes insectes, les consommateurs sont agréablement surpris. Ils sont étonnés du bon goût qu’ils ont», assure-t-il. C’est un cap qui doit encore être franchi, un changement dans les mentalités. Aujourd’hui encore, on voit l’insecte comme nuisible et on vend des produits pour s’en débarrasser. «Moi, je vends des insectes pour la consommation», souligne l’entrepreneur.
Produit nouveau, les insectes comestibles nécessiteraient d’être davantage connus. Sur ce point, la pandémie a donné un coup d’arrêt à leur promotion en raison des innombrables manifestations annulées.
Reste que l’homme est confiant. Il sent que les jeunes et les générations futures s’intéressent davantage aux insectes, y sont plus ouverts. Encore mieux: selon lui, les insectes, avec leur goût et leur croustillant, pourraient bientôt détrôner les bonbons dans le coeur des enfants.