Désalpe avancée dans le Jura, sécheresse asséchant les verts pâturages de notre pays et canicule: le bétail souffre et les agriculteurs redoublent de travail pour alimenter leurs bêtes. Fribourg, par exemple, a sollicité l'armée pour abreuver certains de leurs alpages non accessibles par la route.
Déjà en 2015 et 2018, le canton de Vaud avait enclenché le plan Orca (en cas d'urgence), avec notamment l’intervention des Forces aériennes pour l’acheminement de l’eau. Mais comme Le temps le souligne, l'hiver dernier nous porte préjudice.
La RTS a interrogé des éleveurs genevois pour savoir si un changement de lactation est possible avec ces chaleurs: «Les vaches essaient de trouver des coins plus à l'ombre et au frais, où il y a de l'herbe. Ce qui fait qu'elles bougent et mangent beaucoup moins. La production laitière est aussi liée à l'alimentation. Notre production est tout de suite impactée», expliquait l'éleveuse Lara Graf. Un manque d'eau et des pâturages desséchés font craindre pour les bêtes et pour un lait de mauvaise qualité.
Un tel épisode montre la nécessité de créer des réserves d'eau pour les alpages. Surtout, comme le souligne Brand au quotidien romand:
Une question se pose donc, le fromage produit cette année va-t-il souffrir de ces conditions difficiles? Pour la Maison de l'Etivaz, le fromage ne perdra pas en qualité. C'est surtout la quantité qui sera moindre avec ces pâturages secs et une production de lait limitée.
Les éleveurs diminuent les troupeaux dans les alpages et renvoient des bêtes en plaine. Comme nous, elles souffrent de la chaleur, mais elles vont bien. La maison reconnue pour son fromage à pâte dure concède que le plus difficile se traduit par la charge de travail pour les paysans: «C'est surtout la surcharge de travail qui pèse, plutôt qu'un coût économique difficile à gérer».
Du côté du Gruyère AOP, même son de cloche pour le directeur de l'Interprofession du Gruyère, Philippe Bardet.
Que les puristes ne craignent rien: les fromages Gruyère AOP garderont leur goût inimitable, mais en plus faible quantité. «Il est impossible de chiffrer à l'heure actuelle. Il faut attendre le final pour dresser des chiffres. Mais nous nous dirigeons vers une production de 10% en moins», souffle Philippe Bardet.
Une production revue à la baisse qui était déjà actée après les problèmes engendrés par la guerre en Ukraine. Et qui implique des changements stratégiques:
Du côté des professionnels du domaine, les inquiétudes sont surtout liées au réchauffement climatique. «Depuis 2003, le climat sec s'est intensifié. Il faut s'adapter à ces changements», conclut Philippe Bardet.