L'ONU à Genève doit faire de grosses économies
L'ONU à Genève doit économiser plus de 15,5 millions de dollars (13,9 millions de francs) face à la crise de liquidités de l'organisation. Des bâtiments vont être provisoirement fermés. Autre problème, le fonctionnement de mécanismes des droits humains est affecté.
«Nous allons faire tout ce que nous pouvons, sans toucher à notre mandat fondamental», a affirmé vendredi la directrice de l'information, Alessandra Vellucci. Chaque département a pris un certain nombre de décisions en fonction des efforts demandés par le secrétaire général Antonio Guterres.
La raison principale de cette crise serait le retard dans les paiements de la part des pays membres, même si l'argent commence à rentrer:
Des emplois menacés
Mais il faut malgré tout faire face à la crise de liquidités. Pour préserver les salaires du personnel et garantir le mandat de l'institution, plusieurs dispositifs ont déjà été appliqués.
Autre approche, des restrictions de voyages et de dépenses ont été prises. Parmi les nouvelles mesures désormais, jusqu'à nouvel ordre, plusieurs bâtiments qui n'accueillent pas des conférences vont être fermés et le personnel relocalisé dans le plus récent sur le site du Palais des Nations. De quoi améliorer l'empreinte climatique de l'ONU à Genève et d'économiser de l'argent.
Indépendamment de ce dispositif, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, qui dépend du secrétariat, mais s'appuie sa propre enveloppe financière, est lui également affecté par la crise de liquidités à l'ONU. Des dizaines d'emplois pour soutenir des commissions d'enquête ou d'autres mécanismes indépendants n'ont pu être alimentés ces derniers mois.
L'investigation sur la situation des droits humains au Soudan, lancée en octobre dernier par le Conseil des droits de l'homme, a notamment du mal à démarrer, en raison de ces difficultés. Alors qu'un conflit entre généraux rivaux dure depuis un an dans ce pays et que des atrocités ont été dénoncées à plusieurs reprises.
Un projet de résolution, dévoilé vendredi et discuté dans deux semaines au Conseil, prévoit le décalage de plusieurs mois au moins de plusieurs activités onusiennes pour faire face à cette situation. Des réunions dans cette instance sont reportées, de même que des rapports.
Certains de ces effets ne sont pas anodins. Des consultations prévues avec la société civile russe à l'intérieur et à l'extérieur du pays n'auront lieu qu'en 2025, si le mandat de la rapporteuse spéciale Mariana Katzarova est prolongé d'un an dans deux semaines. Le décès de l'opposant Alexei Navalny et la récente présidentielle qui a reconduit Vladimir Poutine ont pourtant été accompagnés à nouveau de nombreuses condamnations des restrictions aux libertés dans ce pays.
Un autre projet de résolution, soutenu par la Suisse, demande à l'Assemblée générale d'autoriser la poursuite de la possibilité de participer aux réunions du Conseil à distance. Plusieurs Etats se disent inquiets de l'«impact disproportionné» d'une élimination de cet outil pour les petits pays insulaires et pour les ONG. (ats/jch)