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Les Romands auront-ils bientôt droit à un congé parental?

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Genève et Neuchâtel ont récemment déposé une initiative dans ce sens. Zurich en revanche a dit «non» image:keystone

Les Romands auront-ils bientôt droit à un congé parental?

Genève et Neuchâtel ont récemment déposé une initiative dans ce sens. Zurich en revanche a dit «non». Le Parti socialiste vaudois (PSV) suit ses voisins romands et veut offrir 34 semaines aux jeunes parents.
19.05.2022, 16:4601.12.2022, 11:01
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Lundi 16 mai, 15'479 signatures ont été récoltées par le Parti Socialiste vaudois (PSV) pour l’initiative «pour un congé parental vaudois», lancée en janvier 2014. Les signatures doivent encore être validées, mais le résultat s’annonce favorable. Si tel est le cas, l’initiative sera déposée le 7 juin prochain à la Direction des affaires communales et droits politiques à Lausanne.

Jessica Jaccoud, Présidente du PSV, nous explique ce que représenterait concrètement cette initiative pour les futurs jeunes parents.

Qu’est-ce qui changerait avec ce congé parental?
Actuellement, les mères bénéficient de 14 semaines de congé, contre 2 pour les pères. Et il n’y a que très peu, voire pas du tout de reconnaissance pour les «familles arc-en-ciel», c’est-à-dire celles dont au moins l'un des parents se considère comme lesbienne, gay, bisexuels, trans* ou queer. Si l’initiative est acceptée, 34 semaines seront mises à disposition des parents: 16 pour les femmes, 14 pour l’autre parent et 4 semaines seront partagées entre les deux.

La dynamique dans le couple sera donc modifiée.
Bien sûr, c'est le but. On verra naître un nouveau modèle parental, où le conjoint pourra aider et soulager la mère dans les premières semaines de vie d'un enfant.

Des moments qui peuvent être particulièrement éprouvants pour les mères?
Oui. Elles bénéficieront dès lors d'un appui et d'une répartition égale des tâches domestiques ou des soins apportés à l'enfant à sa naissance. Elles pourront par exemple être relayées pour aller prendre une douche, geste qu'elles n'ont souvent pas le temps de faire. Beaucoup de familles souhaiteraient bénéficier de ce modèle parental, mais ce n'est pas possible aujourd'hui.

Avec quelles conséquences sur le long terme?
C'est dans les premières semaines de vie de l'enfant que le lien avec les deux parents se créé. C'est également à ce moment que les habitudes et les modes de fonctionnement familiaux, qui perdurent souvent par la suite, se mettent en place.

Et donc?
Si l'enfant s'intègre dans une famille où la confiance règne entre les parents et où les rôles, les tâches domestiques et les soins apportés sont bien répartis, il se construit dans un monde plus égalitaire. A contrario, on observe des reproductions sociales inégalitaires et des clichés de genre très difficiles à casser par la suite.

A la maison, un congé parental semble donc avoir des effets positifs. Et au travail?
Il serait bénéfique pour l'économie. Il permettrait à l'autre parent d'être plus présent lorsqu'il est au travail, son esprit ne sera pas ailleurs. Les mères quant à elles pourront être plus actives sur le marché de l'emploi et mieux se réintégrer dans la vie professionnelle après une naissance. On observe souvent en effet qu'elles baissent leur taux d’activité ou arrêtent de travailler, notamment lorsqu'elles sont seules ou sans famille pour les aider.

Avec des effets souvent négatifs...
Oui, par exemple un épuisement important qui se rattrape difficilement, une augmentation du risque de paupérisation lors d'un divorce ou du décès du conjoint, un impact négatif sur les retraites ou une discrimination à l'embauche. Dans les pays nordiques, qui appliquent le congé parental, les femmes sont plus actives sur le marché de l'emploi, ne baissent pas leur taux de travail et paient ainsi plus d'impôts. La société et l'économie en ressortent gagnantes.

A Genève, le Parti vert’libéral genevois (PVL) a déposé en décembre 2021 une initiative qui vise à introduire un congé parental de 24 semaines. Un projet de loi dans ce sens a également été déposé en mars au Grand Conseil neuchâtelois. Zürich en revanche a refusé d'octroyer 18 semaines de congé pour les parents. Est-ce que les Vaudois vont dire oui?
On a toutes nos chances de succès. On sait que les gens ont besoin de mieux concilier vie professionnelle et vie privée, et qu'ils demandent plus d'équités entre les hommes et les femmes. Et il y a eu un fort engouement de la part de la population durant la récolte des signatures.

Pourquoi?
Le Canton de Vaud est précurseur sur de nombreux sujets liés à l'égalité et au soutien des familles, je pense par exemple au droit de vote des femmes en 1959, à l'assurance maternité, aux prestations complémentaires pour les familles ou encore aux subsides à l'assurance maladie. C'est donc d’abord dans les cantons que les progrès sociaux se font, avant leur application au niveau fédéral. Nous avons ici un grand rôle à jouer. Et de manière générale, je pense que la Suisse romande fait plus facilement confiance à l'Etat et lui accorde de ce fait un rôle central lorsqu'il s'agit d'égalité et d'émancipation. Un mode de fonctionnement que l'on observe moins dans les traditions alémaniques.

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