Le risque d'un black-out existe. Surtout quand la production d'énergie hydraulique baisse et lorsque l'échec des négociations sur l'accord-cadre avec l'Union européenne vient s'ajouter à la situation, estime jeudi le Conseil fédéral.
«Le scénario le plus pessimiste envisage une pénurie de plusieurs semaines», a expliqué jeudi le président de la commission fédérale de l’électricité Werner Luginbühl. Pour éviter une telle situation, le gouvernement a pensé à deux solutions: une réserve hydroélectrique d'un côté et des centrales à gaz de l'autre.
Une réserve hydroélectrique devrait être constituée dès l'hiver prochain. Les exploitants de centrales hydroélectriques devront conserver, contre rémunération, une certaine quantité d’énergie qu’ils mettront à disposition en cas de besoin.
Des centrales à gaz de réserve devraient elles être mises sur pied à l'horizon 2025-2026. L’accent sera mis sur les infrastructures existantes et actuellement inutilisées.
L'exploitation devra être climatiquement neutre, par exemple en recourant à des combustibles n’émettant pas de CO2 ou en compensant les émissions, a souligné la ministre de l'énergie Simonetta Sommaruga.
Une combinaison de réserves hydraulique et à gaz est nécessaire, car l'une ou l'autre option seule ne permettrait pas d'atteindre l'objectif souhaité. En cas de pénurie extrême, la puissance manquante à couvrir pourrait atteindre 6000 mégawatts, soit six fois la puissance de la centrale nucléaire de Gösggen (SO).
En alliant les deux types de réserve, deux ou trois centrales à gaz d'une puissance totale pouvant atteindre 1000 mégawatts seraient suffisantes. Les coûts de revient sont estimés entre 700 à 900 millions de francs, mais pourraient être réduits si des installations existantes peuvent être utilisées.
Pour Werner Luginbühl, il faudrait dans l'idéal construire une douzaine de grandes centrales à gaz pour couvrir le manque. Une réserve hydraulique seule n'aurait pas d'effet, car elle n'apporte pas d'énergie supplémentaire.
Le Département fédéral de l'énergie s'occupera de la coordination entre les deux réserves complémentaires. Les coûts engendrés par celles-ci seront à la charge des consommateurs finaux. Le supplément n'est cependant évalué qu'à 0,1 centime par kilowattheure.
L'amélioration de l'efficacité électrique jouant un rôle-clé dans la sécurité de l'approvisionnement, le Conseil fédéral entend renforcer certaines mesures dans le domaine.
Les fonds d'encouragement pour le remplacement des chauffages électriques pourraient être mieux garnis ou l'éclairage des bâtiments non résidentiels soumis à certaines conditions. Les exigences en matière d'efficacité des appareils électriques doivent aussi être durcies. (ari/ats)