Refus du cash dans les gares: voici la position des CFF
Au café Miró, à la gare de Zurich, plus possible de payer son flat white avec des pièces ou des billets. Un discret autocollant «cashless» avertit la clientèle à l'entrée. Selon une porte-parole du café, cette décision vise à gagner en efficacité. Ces derniers temps, seuls 3 à 5% des clients réglaient encore en espèces.
Peu de passants remarquent cette indication, mais, sur le plan juridique, elle suffit. En vertu de l’article 3 de la loi fédérale sur la monnaie et les moyens de paiement, un commerce qui n’accepte pas le liquide doit simplement en informer sa clientèle à l’avance.
Un peu plus explicite, la chaîne de kebabs Mit&Ohne, récemment installée dans la gare zurichoise, affiche à l’entrée un panneau manuscrit orné d’un smiley: «Paiement uniquement par carte. Merci!»
Les transports publics réduisent le cash
Cela ne plaît probablement pas à tous les voyageurs. Le moyen de paiement est en effet devenu en Suisse une question presque idéologique. D’un côté, les adeptes du paiement numérique en vantent la praticité; de l’autre, certains redoutent la disparition progressive du billet de banque.
Le débat devient particulièrement sensible lorsque des entreprises proches de l’Etat sont concernées. Exemple récent: la société de transports publics BLS a annoncé la suppression prochaine du paiement en espèces pour la vente de billets, et ses automates seront adaptés en conséquence. Ce n’est pas un cas isolé: selon une enquête publiée jeudi par la Banque nationale suisse (BNS), plus de la moitié des entreprises de transports publics envisagent de restreindre l’acceptation du cash.
Face à ces projets, plusieurs élues, dont la conseillère nationale verte Manuela Weichelt, exigent que les entreprises subventionnées continuent d’accepter les paiements en espèces. Une motion en ce sens a obtenu une majorité au Parlement, ce qui oblige désormais le Conseil fédéral à présenter une proposition concrète.
Les CFF n'imposent rien
Mais quelle est la responsabilité des acteurs comme les CFF vis-à-vis de leurs locataires commerciaux? Après tout, une gare reste un espace public géré par une entreprise fédérale. Et selon la même étude de la BNS, 95% de la population souhaite que l'argent liquide soit préservé.
La question se pose d’autant plus que des enseignes comme le Miró ou Mit&Ohne louent leurs locaux auprès des CFF. Le réseau ferroviaire attribue des surfaces à environ 700 commerçants dans tout le pays. Interrogés à ce sujet, les CFF soulignent que «la grande majorité des commerces en gare acceptent toujours le paiement en espèces». Seuls quelques exploitants auraient opté pour le tout numérique.
Aucune directive n’est imposée par les CFF à leurs locataires, comme le précise un porte-parole:
Une tendance relativement timide
Cette marge de manœuvre est de plus en plus utilisée, surtout dans le commerce de détail. D’après la BNS, l’acceptation du cash dans ce secteur a reculé de neuf points de pourcentage depuis 2023. Les gares ne font pas exception, et il sera sans doute de plus en plus fréquent d’y lire: «Paiement par carte uniquement».
La situation n’a toutefois rien d’alarmant. L’enquête révèle que la grande majorité des entreprises continuent d’accepter le liquide. Dans la restauration, elles sont 95% à le faire.
Les partisans du cash soulignent qu’il n’entraîne pas de frais de transaction et qu’il reste un mode de paiement fiable. Des arguments qui finissent parfois par convaincre même les pionniers du «cashless». Au café Miró, un bocal trône tout de même à côté du terminal de carte, pour les pourboires.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder
