Sur ce coup, le Conseil fédéral a fait tout faux. Ou presque, si l’on en croit les réponses des cantons romands aux propositions de la Confédération pour booster la vaccination dans le pays. Sans surprise, la suggestion de donner des «bons d’achat pour les conseils donnés par la population» – les fameux 50 francs – concentre toutes les critiques.
Fribourg est particulièrement réticent. Là-bas, on juge cette démarche «très particulière», proche du «chantage», qui pourrait ainsi se retourner contre le but recherché, c'est-à-dire la vaccination.
A Neuchâtel aussi, le ton est pour le moins sceptique. Le canton évoque les problèmes éthiques et pratiques de la mise en œuvre d’une telle mesure, y voyant un précédant «très problématique dans les logiques de santé publique». «Cela pourrait, par exemple, ouvrir la porte à une marchandisation du don d’organes, de sang, etc.», écrit-il.
Ces idées d’inégalité de traitement et de cohésion sociale sont partagées par le Jura. Dans sa réponse, le petit canton affirme d’abord que mettre en œuvre et contrôler une telle mesure serait difficile.
Quant au canton de Vaud, il rejette aussi l’idée, proposant comme alternative d'offrir une sérologie chez les personnes hésitantes afin de déterminer leur taux d’immunité. Genève pense pareil, nous apprend le canton du bout du lac.
Fun fact pour finir: plusieurs cantons relèvent qu'il serait malaisant de réaliser du démarchage vaccinal en même temps que les «classiques» courtiers en assurances, particulièrement actifs à cette période de l'année.
Vendredi dernier, le Conseil fédéral proposait aussi de mobiliser quelque 1700 personnes pour prodiguer des conseils personnels aux personnes réticentes à la vaccination. L’objectif est le même: de motiver les hésitants de la vaccination à franchir le pas. Mais ça ne passe pas vraiment, disent les cantons romands. Florilège:
Cela dit, tout n’est pas à jeter pour autant. Parmi les propositions du Conseil fédéral, celle des unités mobiles de vaccination est diversement appréciée. Surtout, l'intensification de la vaccination au sens large reçoit un accueil largement favorable, notamment le projet de «semaine de la vaccination».
Reste à savoir quand l'organiser, car le calendrier des cantons est pour le moins serré. Entre le 1er novembre férié dans les cantons catholiques, additionné de la journée nationale de la vaccination contre la grippe le 5 novembre (ça ne s'invente pas), les Romands espèrent que la Confédération trouvera le bon moment. (gch)