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Les politiciens suisses s'inquiètent pour leur sécurité

The Federal Palace is the name of the building in Bern in which the Swiss Federal Assembly and the Federal Council are housed, Swizerland
montage: watson

Les élus suisses s'inquiètent pour leur sécurité à cause d'une loi «aberrante»

Une motion déposée par la conseillère nationale socialiste Jacqueline Badran vise à interdire la publication en ligne de l'adresse des parlementaires. Du côté de l'UDC, on ne partage pas cette volonté.
30.06.2023, 06:1930.06.2023, 06:19
Juliette Baur
Juliette Baur

Les politiciens de tous bords reçoivent de plus en plus de menaces. Que ce soit par courrier, par message direct sur les médias sociaux, par mail ou tout simplement dans la vie réelle.

Ce dernier point s'explique peut-être par le fait que l'adresse du domicile de nombreux parlementaires est facilement trouvable. Et ce pour différentes raisons. Lorsqu'un politicien décide de devenir membre d'un comité d'initiative populaire, son adresse doit être publiée.

Cette obligation ne plaît pas à la conseillère nationale socialiste Jacqueline Badran. La jugeant «dépassée et inutile», elle souhaite la supprimer.

Jacqueline Badran, SP-ZH, spricht zur Grossen Kammer, an der Sommersession der Eidgenoessischen Raete, am Montag, 12. Juni 2023 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)
Jacquelinje Badran, membre du parti socialiste à Zurich, le 12 juin 2023, à Berne.Keystone

C'est pourquoi Badran a déposé cette motion

Badran a déposé une motion sur ce sujet lors de la dernière semaine de la session d'été. Elle écrit:

«Si l'obligation d'indiquer son adresse n'est pas supprimée, cela signifie que les parlementaires et autres personnes de la vie publique potentiellement menacés sont exclus de la participation aux comités d'initiative populaire»
Jacqueline Badran, conseillère nationale socialiste

Elle explique également dans son exposé que, pour garantir qu'une personne soit unique, la date de naissance ou le lieu de résidence suffiraient. Publier la rue et le numéro de maison ne seraient donc pas nécessaires.

Cette publication obligatoire de l'adresse entre par ailleurs en conflit avec le fait que les parlementaires peuvent désormais retirer leur adresse sur le site officiel du Parlement. Il y a deux ans, cela leur était impossible.

«Les parlementaires doivent être mieux protégés!»
Jacqueline Badran, conseillère nationale socialistewatson

Elle explique que le degré d'organisation des «groupements néofascistes» a énormément augmenté sur Telegram et les autres canaux de messagerie instantanée. Ceux-ci ont déjà proféré des menaces concrètes et font circuler des adresses privées d'élus.

«En Suisse, il ne s'agit pour l'instant que de menaces et d'objets inappropriés dans les boîtes aux lettres. Mais en Allemagne, nous avons vu où cela pouvait mener»
Jacqueline Badran, conseillère nationale socialistewatson

Ici, Badran fait référence au meurtre du politicien CDU (Union chrétienne-démocrate d'Allemagne) Walter Lübcke. Ce dernier avait été tué à bout portant en 2019 devant son domicile à Wolfhagen-Istha. En 2015 déjà, Lübcke était sous protection policière suite à diverses menaces.

Jacqueline Badran, Nationalraetin SP (ZH), Vize-Praesidentin SP Schweiz, spricht waehrend einer Medienkonferenz der ueberparteilichen Allianz fuer ein Nein zum Stempelsteuer-Bschiss, am Mittwoch, 22.  ...
Pour Jacqueline Badran, les choses ne peuvent pas continuer ainsi.Image: keystone

Badran aurait elle-même déjà reçu quelques menaces, déclarant notamment qu'elle ne pouvait plus se sentir «en sécurité» chez elle. Après avoir discuté avec certains de ses collègues députés, ils lui ont fait part de messages similaires et de menaces terribles. Elle confie avoir tant été bouleversée que cela l'aurait poussée à écrire et déposer la motion dès le lendemain.

«Certaines personnes avec qui j'ai parlé ont des enfants, habitent au rez-de-chaussée ou ont peur d'être interceptées devant leur appartement. Elles ne se sentent plus en sécurité parce que l'adresse de leur domicile est connue dès qu'elles font partie d'un comité d'initiative populaire, c'est une aberration»
Jacqueline Badran, conseillère nationale socialistewatson

Ce que disent les autres membres du Conseil

La conseillère nationale des Verts Meret Schneider soutient les efforts de Badran. Elle déclare à watson: «Je soutiens cette motion, car je suis également d'avis que les membres du Parlement devraient être mieux protégés. Il m'est déjà arrivé que des personnes totalement étrangères se présentent soudainement devant ma porte. Ce n'est pas une expérience agréable».

Thomas Aeschi, président du groupe UDC, voit les choses différemment:

«Je n'ai aucun problème à ce que mon adresse soit publiée dans le cadre de comités d'initiative populaire. Nous sommes des représentants du peuple, les gens doivent savoir où nous habitons».

Traduit de l'allemand par Nicolas Varin

On a testé le bubble foot
Video: watson
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