«Nous devons tout faire pour préserver et renforcer nos fondamentaux», a plaidé mardi Alain Berset à l'ouverture de la session extraordinaire, mardi matin à Berne. Le Parlement doit avaliser les garanties de la Confédération sur les prêts de la BNS pour le rachat de Credit Suisse par UBS, soit 109 milliards de francs.
Le président de la Confédération a évoqué la lente chute de Credit Suisse, détruite progressivement «par des responsables incapables de tirer les leçons de la dernière crise et d'en assumer les conséquences».
Et le socialiste de mentionner entre autres la confiance dans les institutions et leur stabilité. Le législateur devrait, selon lui, se pencher à l'avenir sur les adaptations nécessaires au niveau législatif. Il a appelé ses voeux «un cadre aussi solide que possible pour éviter que ce genre de crises ne se reproduise».
Pour le Fribourgeois, la Confédération n'a pas eu d'autre choix que d'imposer le rachat de la deuxième banque du pays par la première.
Une nationalisation aurait fait peser des risques directs trop élevés à la Confédération et aux contribuables. Une faillite aurait eu des effets dévastateurs pour la Suisse et sa réputation, les entreprises et les clients privés. Et la confiance dans Credit Suisse était tellement érodée qu'un nouvel assainissement n'aurait pas été suffisant.
Qu'il dise «oui» ou «non», la décision du Parlement sera surtout symbolique. Les montants ont déjà été engagés grâce au feu vert de la Délégation des finances. Un refus reviendrait à lui envoyer un blâme de même qu'au Conseil fédéral. Il n'aurait aucun effet juridique.
La commission sénatoriale propose toutefois de poser des conditions-cadre: par 6 voix contre 5 et une abstention, elle veut notamment que l'octroi d'éventuelles garanties supplémentaires dans cette affaire ne puisse pas faire d'objet d'une procédure d'urgence.
En outre, elle demande de réhausser de 5 à 7 millions l'enveloppe spéciale dédiée au personnel du DFF qui sera chargé du suivi de ce rachat. La commission de la Chambre du peuple n'a quant à elle pas lié l'octroi des crédits à des conditions.Le Parlement veut cependant des explications du Conseil fédéral.
Il a déposé une dizaine de postulats qui doivent analyser toutes les failles qui ont mené à la chute de Credit Suisse. Le Conseil fédéral approuve lui aussi ces demandes d'éclaircissement.
La déclaration d'ouverture d'Alain Berset s'est transformé en un discours de l'homme fort du gouvernement. Pêle-mêle, celui-ci a non seulement évoqué Credit Suisse et UBS, mais aussi le contexte actuel dans lequel évolue la politique helvétique:
Ce faisant, il a rappelé la pandémie de coronavirus ou encore l'invasion russe en Ukraine. Il a dans le même temps encensé la capacité d'action du gouvernement dans ces crises et sa rapidité d'action dans le cas de Credit Suisse.
Dans ce contexte, il est d'autant plus important de préserver la confiance dans les institutions, leur stabilité ou encore le sens commun des responsabilités, a poursuivi Alain Berset. «C'est de notre responsabilité.»
(ats/acu)