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Politique

«On mettrait la clé sous la porte»: les artificiers réagissent

Interdiction des feux d'artifices?
Interdire les feux d'artifice bruyants? Impensable pour ces artificiers.Image: keystone

«On ne va pas survivre en vendant des Vésuve»: les artificiers ont peur

L'initiative sur les feux d'artifice bénéficie d'un large soutien au sein de la population, selon notre sondage. Si le comité d'initiative s'en réjouit, le secteur des feux d'artifice craint pour son existence. Selon plusieurs artificiers, impossible de sacrifier les «feux d'artifice bruyants» sans mettre la clé sous la porte.
29.12.2023, 18:4530.12.2023, 10:35
Corsin Manser
Corsin Manser
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Le résultat de notre sondage est clair: 76% de la population suisse aimerait interdire les feux d'artifice bruyants pour les particuliers. Les résultats de plus de 8200 personnes ont été fournis par l'institut de sondage social Demoscope pour watson.

Une grande majorité de la population soutient ainsi les exigences de l'initiative sur les feux d'artifice, qui a été validée cet automne par la Chancellerie fédérale avec 137 193 signatures. Selon notre sondage, ce soutien est présent au sein de toutes les sensibilités politiques.

Mitglieder des Komitees und Unterstuetzer reichen die Schachteln mit den gesammelten Unterschriften weiter, bei der Uebergabe fuer die Eidgenoessische Volksinitiative "Fuer eine Einschraenkung vo ...
Les partisans de l'initiative sur les feux d'artifice déposent les signatures à Berne.Image: keystone

Le comité d'initiative se réjouit

«Je suis très contente et heureuse», déclare à watson Corinne Meister, du comité d'initiative. Selon elle, tant le bruit que la pollution de l'air dérangent les citoyens, jeunes comme âgés. «Beaucoup s'inquiètent pour les animaux», précise-t-elle.

«Les résultats du sondage correspondent à ce que j'ai pu constater comme réactions durant la phase de collecte»
Corinne Meister, comité d'initiative
Corinne Meister, Feuerwerksinitiative
Corinne Meister du comité d'initiative se réjouit des résultats du sondage.Image: zvg

Elle estime que le problème réside notamment dans le fait que les feux d'artifice sont tirés à de plus en plus d'occasions, et pas seulement au 1ᵉʳ Août ou à Nouvel-an. Elle assure:

«On nous a rapporté que des feux d'artifice ont été tirés cette année à Noël. Cela rend les gens furieux»

Confortée par les résultats du sondage, Corinne Meister estime que «chaque branche doit faire face à de nouvelles exigences. Il est maintenant grand temps que le secteur des feux d'artifice évolue lui aussi en fonction de son temps».

«Les gens veulent ressentir du plaisir»

Si les feux d'artifice non bruyants peuvent continuer à être vendus en cas d'acceptation de l'initiative, ce ne serait pas le cas des fusées et autres pétards volants. Le secteur des feux d'artifice pourrait-il survivre s'il ne pouvait plus vendre ces objets?

Daniel Bussmann est directeur de l'entreprise Bugano, qui fabrique et vend des feux d'artifice. Il emploie 27 salariés permanents. Avant le 1er août et le Nouvel An, les commandes augmentent et près de 50 personnes travaillent pour son entreprise. L'homme suit donc de très près les actualités liées à l'initiative sur les feux d'artifice. Il en va, tout simplement, de sa survie financière.

Daniel Bussmann Firma Bugano
Daniel Bussmann, directeur de la société Bugano.

Et pour lui, c'est sûr: la mise en œuvre de l'initiative signifierait la fin de son entreprise. «On mettrait la clé sous la porte», dit-il. Ne pourrait-il pas adapter son business model en fonction des nouvelles réglementations? L'homme balaie cette idée:

«Produire des fusées silencieuses, c'est possible, mais elles n'ont pas le même effet que les feux d'artifice traditionnels»

Daniel Bussmann dit, toutefois, comprendre en partie les arguments des opposants. Il estime par exemple que l'on pourrait limiter la durée des feux. «Que ceux qui aiment les feux d'artifice respectent les horaires. Et que ceux qui ne les aiment pas laissent aux autres l'occasion de fêter».

«J'appelle les deux parties à la tolérance envers les feux d'artifice»
Daniel Bussmann, Bugano

Pour Bussmann, une interdiction irait tout simplement à l'encontre même de l'idée même des feux d'artifice.

«Les gens qui tirent des feux d'artifice veulent ressentir du plaisir. C'est quelque chose qu'on ne peut pas leur enlever»
Daniel Bussmann, Bugano

Selon Daniel Bussmann, son entreprise n'y est d'ailleurs pour rien si certaines personnes abusent des feux d'artifice ou laissent des déchets derrière eux. Nettoyer après son passage devrait aller de soi, estime l'entrepreneur. «Si vous passez devant une route et que vous voyez des déchets de chez McDonalds qui jonchent le long de la route, le fast food n'y est pour rien», compare Daniel Bussmann.

«Les fusées qui font du bruit nous permettent de vivre»

Même son de cloche chez l'artificier Alain Stucki, dans le canton de Saint-Gall. Son entreprise emploie environ six à dix personnes. Pour lui, le problème se situe ailleurs: «80% des feux d'artifice utilisés produisent du bruit. Les batteries et les fusées, typiquement, qui explosent en une multitude de couleurs. Mais ce sont justement ces produits qui font du bruit qui nous permettent de réaliser nos marges».

«La branche ne peut pas survivre en vendant juste des Vésuve et des allumettes de Bengale»
Alain Stucki
Alain Stucki
Alain Stucki.dr

Il ajoute: «Seuls les feux d'artifice d'une importance suprarégionale seraient autorisés. Cela représente peut-être trois ou quatre événements dans toute la Suisse par année. Il n'y aurait plus de feux d'artifice pour les mariages et les anniversaires», explique Alain Stucki.

«C'est bien simple, l'acceptation de cette initiative signifierait la fin des feux d'artifice en Suisse»
Alain Stucki

Interdire les «thunders»?

Alain Stucki ne nie pour autant pas que les animaux puissent être effrayés par les feux d'artifice. «Si les oiseaux pouvaient voter, ils interdiraient les chats, pas les feux d'artifice», plaisante l'artificier, qui relativise d'ailleurs: «Je parle régulièrement avec des gardes-chasse, qui m'expliquent la situation». Selon lui, les animaux peuvent avoir peur, mais s'en remettent parfaitement.

«Ce n'est pas comme si, après le 1ᵉʳ août, on découvrait des chevreuils morts gisant en masse sur le sol»
Alain Stucki

Mais malgré ces quelques boutades données sur le ton de la provocation, Alain Stucki n'est pas fondamentalement opposé aux demandes des initiants. Il propose que les deux parties fassent un pas l'une vers l'autre:

«Je pense que certains pétards bon marché pourraient tout à fait être interdits»

Il mentionne par exemple les «Flashing thunders», qui volent à dix mètres dans les airs et y explosent avec un bruit sec, sans produire aucune couleur. Ces derniers sont certes très appréciés par la jeune clientèle. «Mais on pourrait s'en passer», estime Alain Stucki.

L'artificier est également favorable à une interdiction des feux d'artifice en dehors de Nouvel An ou du 1er août. Il ajoute: «Sur notre stand, nous avons même des affiches sur lesquelles nous demandons aux clients de ne tirer les feux d'artifice que le 31 décembre».

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Ce tigre se balade OKLM dans un village en Inde
Video: watson
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