Le moins qu'on puisse dire, c'est que la fête du 1er août 2025 aura été mouvementée. Alors que l'on s'attendait à passer une journée festive et un poil barbante à griller des cervelas, voici que Donald Trump s'invite à la fête, avec un cadeau empoisonné: des droits de douane à 39% pour la Suisse. Pour l'heure, le mot d'ordre des conseillers fédéraux a été de ne pas céder à la panique.
Le Conseil fédéral est critiqué pour son inaction et son manque de leadership. Force est de constater que les négociations sont un échec et certains regardent avec émoi l'Union européenne, qui a «réussi» à limiter la casse à 15%. En négociant habilement pour les uns, en venant ramper devant Donald Trump pour être épargnée, pour les autres.
Il s'agit de ne pas oublier que Donald Trump nous fait du chantage avant tout. Espère-t-il que nous lui lâchions du lest sur certains dossiers clé, comme la pharma ou le contrôle du taux de change franc-dollar par la Banque nationale suisse (BNS)?
Donald Trump fonctionne comme un mafieux venant racketter les commerces des différents quartiers de sa ville. C'est peut-être justement le bon moment pour ne pas baisser la culotte et de lui tenir tête. Car transiger à tout prix face à un prédateur et se féliciter de ne pas avoir été trop rudoyé n'est pas la meilleure des stratégies. Quand on dit «non» aux brutes, c'est bien connu: elles s'énervent.
Cela est d'autant plus ironique que cet épisode arrive le jour de notre fête nationale et que nous, Suisses, nous gargarisons volontiers de notre indépendance, après avoir surpris le Saint Empire Romain germanique à Morgarten — ou bien, selon la légende, avoir tenu tête au bailli Gessler avec le héros Guillaume Tell.
En ce premier août 2025, le nouveau bailli Gessler, le voici. Les milieux souverainistes apprécient pointer l'Union européenne du doigt, et certains de leurs arguments peuvent faire mouche. Mais aujourd'hui, certains élus UDC fans de l'administration Trump seraient bien inspirés de choisir leur camp.
Bon, tenir tête à Trump sur les droits de douane, c'est plus facile à dire qu'à faire. Faut-il tourner nos débouchés vers un autre marché — la Chine ou le Brésil, peut-être? — et mettre fin à des contrats lucratifs et de longue date avec des partenaires américains? Ou bien taxer la tech américaine en mesure de rétorsion? Pourquoi ne pas aller jusqu'à rétablir le secret bancaire? Nous ne trouverons pas le compromis idéal en un jour, férié qui plus est.
Mais mettre le genou à terre devant le nouveau puissant roi étranger qui vient nous chier dans les bottes, est-ce vraiment la meilleure solution? Karin Keller-Sutter, qui «a lu le bouquin de Trump», se targue d'avoir compris le président américain. Il est peut-être temps de sortir l'arbalète.