Le nombre des réfugiés ukrainiens présents en Suisse pourrait quasiment doubler d’ici à la fin de l’année. De 66 000 aujourd’hui, il pourrait passer dans les deux mois à 85 000 dans la fourchette basse, à 120 000 dans la fourchette haute, selon des estimations du Secrétariat aux migrations (SEM) fournies mardi à watson par son porte-parole Samuel Wyss. La Confédération s’attend à une «hausse significative» des arrivées, indique ce dernier. «Le scénario le plus plausible est celui de la fourchette basse, soit 85 000 réfugiés ukrainiens possiblement en Suisse aux alentours du 31 décembre», précise Samuel Wyss.
«Tout va dépendre de l’évolution de la guerre en Ukraine, de la situation humanitaire, des atteintes aux infrastructures énergétiques et des capacités d’accueil dans les pays voisins de l’Ukraine», reprend le porte-parole:
Les cantons s’y préparent. Le SEM leur a demandé, mardi, de se tenir prêts à accueillir jusqu’à 1000 réfugiés par jour, contre 500 actuellement. A cet effet, les centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA), qui traitent les demandes d’asile et dont les capacités d’hébergement sont à présent dépassées, a demandé aux cantons d’accueillir des personnes frappées d’une décision de renvoi. Il s’agit, ici, de requérants non ukrainiens. Les personnes en provenance d’Ukraine en raison de la guerre – essentiellement des femmes et des enfants – sont pour ainsi dire toutes au bénéfice d’un permis S, qui permet de travailler en Suisse et de voyager dans l’espace Schengen.
Dans le canton de Vaud, celui de Suisse romande qui héberge le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens (5250, dans leur grande majorité répartie dans des appartements et logements collectifs), on n’exclut pas, ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent, de loger de futurs arrivants dans les abris de la Protection civile, voire, en dernier recours, dans des structures militaires, telle la caserne de Bière. Les dates prévues pour une école de recrue pourraient ainsi être reportées de manière à faire de la place à des civils ukrainiens fuyant les bombardements et leurs conséquences chaotiques.
En Valais, l’Office cantonal de l’asile s’emploie à «augmenter la taille de son parc immobilier» destiné à l’hébergement de réfugiés et dit être «en recherche de logements collectifs supplémentaires (colonies de vacances, auberges de jeunesse, etc.)». «En cas de nécessité, ajoute-t-il, l’Office de conduite cantonale du Valais (OCC) pourrait être sollicité pour mettre à disposition la protection civile, comme ce fut le cas lors de fortes arrivées de mars à juin 2022.»
Genève, dont la population réfugiée est actuellement composée d’environ deux tiers de requérants d’asile et d’un tiers d’Ukrainiens, ne s’active pas moins en prévision d’une forte affluence ukrainienne. «Il reste de la place à Palexpo (réd: le centre des expositions situé près de l’aéroport) et nous sommes actuellement en train de transformer des immeubles de bureaux en hébergements», communique Nadine Mudry, directrice à l’Office de l’action, de l’insertion et de l’intégration sociales (OAIS).
A Delémont, la cheffe du service de l’Action sociale du canton du Jura, Muriel Christe Marchand, s’attend également à une «pression supplémentaire» exercée sur les capacités d’accueil. Le nombre des arrivées devrait ici aussi doubler. Le canton héberge actuellement 480 personnes originaires d’Ukraine. Comme d’autres, il est à la recherche de logements collectifs non encore occupés: d'anciennes écoles, des locaux de colonies de vacances, etc.
La deuxième vague de réfugiés ukrainiens attendue pourrait ne pas être semblable à la première. «Sans doute ceux qui vont arriver seront-ils plus pauvres que ceux que nous avons accueillis en mars», prévoit un fonctionnaire romand. Quant aux conditions d’hébergement, elles pourraient être plus rudes à l’avenir.