Oui, ça, vous connaissez. Et puis, «coiffeur» est un mot qui existe dans le dictionnaire. Les esprits les plus rationnels (et conservateurs?) parviennent à comprendre le cheminement de pensée, même si ça avait déjà le don d'agacer au moins la moitié de la population (adulte) dans les années huitante. En 2023, rebelote. Mais si pousser son interlocuteur à dire «quoi?» est un défi qui n'a pas d'âge, les versions varient selon les époques.
Si vous n'avez jamais eu affaire à cette horreur, deux raisons possibles: soit vous vivez dans un mayen valaisan sans aucun réseau, ni humain à la ronde, soit vous faites gaffe de ne jamais, mais alors vraiment jamais, croiser de petits individus machiavéliques de moins de 18 ans. Si tel est votre cas, grand bien vous fasse. Pourquoi? Parce que c'est actuellement un véritable raz-de-marée lexical. Au point qu'une école française brandit désormais la menace de plusieurs heures de colle au moindre «quoicoubeh» qui résonnerait en classe ou dans le préau.
🇫🇷 INSOLITE | Un établissement scolaire a décidé de distribuer 3 heures de retenues aux élèves prononçant le mot « #quoicoubeh » et 2 heures pour les expressions « t’as les #cramptés » et « #apayinye ». pic.twitter.com/p2wfA049Fs
— Cerfia (@CerfiaFR) April 20, 2023
En vérité, personne n'est en mesure de savoir si ce nouveau règlement n'est pas une simple blague qui fait son beurre sur les réseaux sociaux. Qu'importe, c'est bien suffisant comme exutoire, face à ce fléau.
Le principal danger de ce petit jeu scientifiquement agaçant est plus trivial: ça ne veut rien dire. RIEN! Oh, on ne demande pourtant pas une étymologie détaillée, avec projection PowerPoint et coup de fil à un linguiste. Juste un lien quelconque, une preuve, une trace, une anecdote qui témoignerait de sa naissance officielle, une référence, même la plus misérable. Rien. Mais. Genre. Rien. Du. Tout.
Mais alors... quoi? «Quoicoubeh!» Grrr. Comme le célèbre «quoi? / ffeur!», l'unique objectif de cette ânerie consiste donc à se moquer bruyamment de la victime qui osera prononcer la question interdite. Et c'est évidemment sur TikTok que cette ignominie s'est propagée à une vitesse prohibée, en début d'année. Et on tient même le coupable de cette propagation: un certain @camskolavache, qui est tout à fait conscient du mal qu'il a fait aux tympans des plus vieux.
Histoire de confronter les coupables à cette arme aussi orale que fatale, on a lancé un coup de fil (sur What's App of course) à une pré-ado que l'on connaît très (très, très) bien. Logiquement, cette jeune fille de bientôt 13 ans a déjà eu le loisir de polluer les nerfs de l'auteur de cet article avec l'affreux «quoicoubeh!». Et ce, du petit-déj au coucher (mais heureusement pas tous les jours).
Drôle, mais enfin pourquoi diable? «Je sais pas, simplement parce que ça veut absolument rien dire et que ça énerve les grands.» On lui soumet la supposée menace de retenue, brandie par cette école française et, là, surprise:
La demoiselle nous partage d'ailleurs une anecdote personnelle récente: «En vrai, on le dit pas trop classe. Mais une fois, un pote l'a fait à notre prof de français. Mais c’est un peu une victime, il a aucune autorité, alors il a pas réagi, c'était nul!» Cette ancienne fan de l'expression s'est-elle déjà retrouvée dans le rôle de la victime? «Pfff, ouais... un pote m'a coincé récemment.»
Tendance depuis janvier dernier, «quoicoubeh» commence donc déjà à s'essouffler dans les préaux. Même si des variantes commencent à poindre. «Ouais, aujourd'hui j'entends aussi des "quoicoubaca" ou des "quoicoubacàsable".» On décide de rendre les armes et d'abandonner cette bataille générationnelle.
Elle nous marmonne un dernier truc incompréhensible au bout du fil qu'on ponctue par un «hein??» d'usage.
Eh merde.