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Ces Turcs de Genève veulent aider, mais Ankara pose ses conditions

Jeudi 8 février dans des entrepôts de Meyrin (GE).
Jeudi 8 février dans des entrepôts de Meyrin (GE).image: watson

Ces Turcs de Genève veulent envoyer de l’aide, mais Ankara pose ses conditions

A Meyrin, dans la banlieue de Genève, des bénévoles turcs rassemblent des dons destinés aux régions touchées par le tremblement de terre. Des complications apparaissent.
08.02.2023, 19:2008.02.2023, 20:58
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C’est par une petite porte située à l’arrière des entrepôts de la rue Emma-Krammacher, à Meyrin, qu’entrent les dons. Et c’est de là qu’ils partiront en Turquie. Peut-être. Rien n’est sûr. Des soucis en plus. L’aide, elle, arrive, abondante, débordante. Comme le cœur des femmes et des hommes occupés ce mercredi en milieu de matinée à trier, empaqueter, étiqueter la marchandise. Vêtements, chaussures, couvertures, produits d’hygiène, denrées non périssables. Assez pour remplir deux ou trois camions, quatre ou cinq, même, juge à vue de nez Oktay, l’un des bénévoles chargés de collecter ces offrandes.

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image: watson

«Cette nuit, il a fait moins dix degrés»

Les bras travaillent, mais les pensées sont à Karahmanmaras, Pazarcik ou Diyarbakir, partout où le séisme et ses répliques ont semé le désastre lundi dans le sud de la Turquie, n’épargnant pas la Syrie voisine. Dilan transmet des consignes en turc, les répète en français, se demande s’il y aura assez de palettes. La jeune femme était le matin au téléphone avec le maire de sa commune d'origine, un parent éloigné. Dans cette localité de taille moyenne, détruite à plus de la moitié, seul un véhicule de secours, une voiture du Croissant-Rouge, aurait été vu depuis lundi. De plus grandes villes sont prioritaires. Dilan est sans nouvelles de cousins. Ses yeux s’embrument. «Cette nuit, il a fait moins dix degrés», dit-elle, sans rien ajouter.

Elif, une autre jeune femme, est la «personne de contact». Elle est en relation avec les consulats turcs, des entreprises de transport, le canton de Genève, qui va fournir une liste d'organismes pouvant apporter leur contribution. Les camions viendront-ils récupérer les dons pour les acheminer en Turquie? Sans eux, toutes les bonnes volontés seraient vaines. «Certains sont déjà partis de Bâle et de Berne», rapporte Elif.

«Ils veulent les étiquettes!»

Le doute s’installe: l’aide rassemblée dans un coin des immenses entrepôts meyrinois pourrait rester à quai. L’Afad, la protection civile turque, met des conditions difficiles à remplir. «Ils veulent les étiquettes!», entend-on protester. Les quittances d’achat des vêtements. En clair, l’Afad exige du neuf, or il n’y a là que des habits déjà portés.

«Mais nous, on ne veut pas dépenser de l’argent pour acheter des vêtements neufs. Si on en dépense, ce sera pour fournir une autre aide»
L'une des réactions entendues

Les autorités turques cherchent-elles à dissuader l’envoi de ce type de dons? A éviter les engorgements à la frontière? Une frontière devant laquelle «168 camions» en route vers les régions sinistrées seraient bloqués, croit savoir Erhan, 32 ans.

Des couvertures.
Des couvertures. image: watson

«On est tous unis!»

Un homme, la cinquantaine, a d'autres craintes. Il se demande si l'aide devant quitter Genève parviendra à ceux à qui elle est destinée. Comme beaucoup des bénévoles réunis mercredi dans la banlieue genevoise, il appartient à la communauté alévie, une importante minorité de cette partie méridionale de la Turquie, meurtrie par le tremblement de terre. Des «Turcs sunnites» pourraient se servir au passage…

Kurdes, Turcs, alévis, musulmans, on n’échappe pas à ces distinctions ethniques ou religieuses, mais l’heure n’est pas à la division. «Les mosquées d’Annecy et de Ferney, en France voisine, nous ont apporté leurs récoltes de dons. On est tous unis», tient à souligner Dilan. Le chaos sur place, le nombre de morts, plus de 11 000, celui des blessés, 50 000, sans compter les disparus, commandent de faire fi des différences.

Un nouveau-né a été tiré vivant des décombres d'un bâtiment en Turquie.
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