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Panne à la Coop: «J'ai dû abandonner mon souper à la caisse»

Panne à la Coop: «J'ai dû abandonner mon souper à la caisse»
Chez Fooby, à Lausanne, un panneau avait été installé aux caisses. Dans d'autres succursales Coop, impossible de savoir avant l'arrivée en caisse que le cash était requis.

Panne monstre à la Coop: «J'ai dû abandonner mon souper à la caisse»

Lundi, il était impossible (ou presque) de payer ses courses sans argent liquide, dans tous les magasins Coop de Suisse. A 18h43, pensant naïvement que le problème avait été résolu, on s'est frayé un chemin dans une grande succursale lausannoise. Résultat? Un chaos digne d'une veille de pénurie généralisée. Un reportage qui se paie... cash.
11.10.2022, 05:5111.10.2022, 18:33
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Lundi 10 octobre, 7h34. Histoire de bien démarrer la semaine, on comprend qu'on ne pourra pas rejoindre le boulot avec un flat white de chez Fooby. Du moins pas sans quelques piécettes au fond d'une poche ou une carte de débit qui aurait eu un coup de bol. Le couperet tombe: panne généralisée. Dans toutes les Coop du pays (sauf Pronto), impossible (ou presque) de payer par carte, Twint, smartphone ou toute autre magie de la technologie moderne. Grève des machines, rien ne va plus au pays de la consommation facilitée.

Au fil de la journée, le service de presse du géant de la distribution se contente de lâcher, notamment à nos collègues de 20 minutes, que les équipes «travaillent d’arrache-pied à trouver une solution». De notre côté, on laisse donc bosser les spécialistes (et on s'y met nous aussi).

La journée se passe comme un lundi sans contact. On apprend par plusieurs consommateurs téméraires que certaines cartes de débit ne se font toujours pas refouler à l'entrée des bornes de paiement.

«Il arrive que la carte de la BCV passe, mais une fois sur dix, au petit bonheur la chance»
Nous dira plus tard une employée, fatiguée d'avoir à avertir et à aiguiller la clientèle toute la journée

Si on fait abstraction des médias de tout le pays, pas un mot sur la panne n'a fuité sur les réseaux sociaux ou le site internet de l'entreprise Coop. Par exemple, sur Instagram, au beau milieu de la journée, ça jouait la promo, peinard.

Un gâteau à la carotte, posté dans la matinée de la panne généralisée:

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Lundi 10 octobre toujours, mais à 18h43. Pensant naïvement que la panne a été réparée, on tente de glisser nos Adidas (et une carte de crédit) dans une grande succursale Coop de Lausanne. Objectif: Une boîte de Sriracha Coated Cashews, un litre de Coke Zero et des croquettes à la dinde pour le toutou. Un objectif tout à fait réaliste en 17 minutes.

Aucune indication quant à un quelconque problème technique devant les portes coulissantes du centre commercial. Rien non plus au sommet des escaliers roulants. Le carré des caddies est vierge (lui aussi) de mauvaises nouvelles. Et pas la moindre trace d'un cataclysme technique dans tous les rayons du supermarché.

On respire. On attrape la marchandise. Direction la sortie.

Quand soudain...

Non: le problème n'est toujours pas résolu.

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Le réalisateur Michael Bay aurait d'ailleurs pu se charger des chorégraphies catastrophes qui se déroulent devant les bornes automatiques de cette Coop lausannoise. Le tintamarre qui jaillit d'entre les rayons est digne du marché de Rungis un lundi à l'aube ou de la bourse de New York au pied d'un krach. Sauf que, là, ce sont les clients qui craquent.

Une dizaine de files denses et agitées s'étirent jusqu'au fond du magasin. Les caddies et les noms d'oiseaux s'entrechoquent. Les employés s'improvisent aiguilleurs d'un tarmac tout droit sorti de l'Âge de pierre. On attrape une employée par le stress pour en savoir un peu plus sur l'étendue du désastre.

«La plupart des clients n'ont pas de cash et doivent faire marche arrière. Certains veulent essayer dix fois de passer leur carte malgré tout»

Coup de sonde dans l'une des files gorgées d'impatience et de produits de dernière minute.

Question: vous avez du cash sur vous?

  • «Un peu, mais pas assez je crois. Je vais sûrement devoir laisser deux ou trois trucs à la caisse.»
  • «Oui! J'espère juste que je vais pouvoir payer à temps avant qu'ils ferment le magasin.»
  • «Non, mais on m'a dit que la Postcard passait, on verra bien.»

Si beaucoup rebroussent chemin en pestant du regard, certains clients coincés dans le passé sont bons joueurs: «La technologie n'est pas infaillible, c'est juste con que ça tombe sur moi». Mais si ça gueule à travers les rayons, c'est d'abord parce que rien n'annonçait clairement la panne monstre qui attendaient les citadins au bout du cauchemar. «J'ai pas vu passer l'info dans les médias. Si j'avais su, je ne serais tout simplement pas venu. J'ai perdu un temps fou», nous explique un quinquagénaire qui a dû abandonner son souper sur le tapis.

On a aussi croisé un petit malin:

«J'ai tenté de dealer un peu de cash avec un autre client que j'aurais twinté ensuite. Mais ça n'a pas marché. Tout le monde est très tendu, je crois»

Le désert de l'information

On décide d'abandonner, nous aussi, nos victuailles. On se contentera de pâtes au Maggi et toutou a encore trois croquettes qui dorment dans un vieux paquet de secours. Double-check sur le chemin du retour: pas une seule information au sujet du cash only de ce lundi noir. Dernière tentative auprès d'un employé qui semble se réjouir de la fin du calvaire. Que se passe-t-il dans les machines de la Coop? «Aucune idée, je n'ai pas plus d'indications que vous.»

Mardi, c'est reparti?

19h06, retour à la maison. Le temps de jeter des spaghettis dans l'eau bouillante, coup de fil au service de presse du géant de la grande distribution. Répondeur. Coup de fourchette dans la casserole pour éviter de rater (en plus) la cuisson des pâtes.

Le téléphone sonne. C'est Coop. Bonsoir madame, le problème est-il sous contrôle?

«C'est un problème technique, nous pourrons vous en dire plus demain matin»
Le service de presse Coop, au bout du fil, après la fermeture

Mais ce sera réparé demain matin? «Je ne peux pas vous répondre, il faudra rappeler demain matin» Les équipes vont donc travailler toute la nuit? «Je pense, oui.»

Par acquit de conscience, on refait un tour des réseaux sociaux de l'entreprise. Si Instagram propose toujours son petit gâteau à la carotte comme si de rien n'était, le site officiel est aux fraises.

Humour noir?

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On découvre soudain que le compte Twitter de Coop, lui, s'est réveillé à... 18h29. Précisément quand les caisses des supermarchés ressemblaient à un remake low cost d'Armageddon.

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20h13, les pâtes sont dans l'estomac et les deux billets de dix francs qui traînaient sous le canapé ont trouvé un nouvel écrin: le porte-monnaie. Cet objet vintage qu'on croyait relégué à l'ère du troc servira de tapis d'atterrissage au prochain raté technologique.

Chez Migros, cette fois?

Mardi matin, la panne est réparée selon Coop.

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