L'entreprise d'armement suisse Ruag semble empiler les casseroles ces derniers temps. Après les incohérences autour de la vente de chars Leopard 1 à l'Allemagne et la démission abrupte de sa patronne Brigitte Beck, il est désormais question d'accords illégaux au sujet du marché d'armement.
La Commission européenne a sanctionné Ruag, conjointement avec le fabricant d'armes allemand Diehl de Nuremberg, pour s'être partagé pendant quatorze ans le marché des grenades militaires.
Entre 2007 et 2021, les deux entreprises se sont concertées pour savoir qui avait le droit de vendre ses produits dans quelle région. Il fallait pour cela à chaque fois l'accord de l'autre concurrent, et une telle entente correspond à la formation d'un cartel de marché. Didier Reynders, commissaire européen chargé de la politique de concurrence, a donc formellement annoncé:
Ruag a échappé à une amende de 2,5 millions d'euros en raison de sa coopération avec les autorités de la concurrence de l'UE. L'entreprise a été la première à révéler l'existence du cartel et à coopérer avec les autorités, ce qui lui a permis de bénéficier de la «règle du lanceur d'alerte» et de ne pas être inquiété.
Diehl, l'ex-allié, a certes également coopéré avec les autorités de l'UE et a reconnu les faits reprochés, mais doit quand même payer une amende de 1,2 million d'euros. La Commission européenne a infligé cette amende à l'issue d'une procédure de conciliation, comme elle l'a annoncé jeudi. Apparemment, des perquisitions ont également été menées dans cette affaire en 2021.
Selon le commissaire européen Reynders, il s'agit de la première dissolution de cartel dans le secteur de la défense mise en œuvre par l'UE:
Ces derniers mois, l'entreprise Diehl s'est également fait connaître comme fournisseur du système de défense antiaérienne Iris-T que l'Allemagne a livré à l'Ukraine. Un site de production important se trouve également à Überlingen, au bord du lac de Constance, non loin de la frontière suisse.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci