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Ces touristes russes qui vont devoir quitter les stations de ski suisses

La station de Crans-Montana.
La station de Crans-Montana.image: shutterstock

Ces riches touristes russes qui vont devoir quitter les stations de ski suisses

Dans la chic station valaisanne de Crans-Montana, les touristes russes encore présents vont devoir partir de Suisse, conformément aux sanctions prises par le Conseil fédéral. Pour le secteur touristique, le manque à gagner s'annonce élevé.
01.03.2022, 12:3808.05.2023, 19:30
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Il reste deux familles russes au Grand Hôtel du Golf, l’un des 5 étoiles de Crans-Montana, en Valais. «Elles sont de Moscou, mais là, elles vont certainement partir aux Maldives, étant donnée la situation en Ukraine et en Russie», rapporte François Rielle, le propriétaire de ce palace valaisan. Un visa n’est pas nécessaire pour entrer aux Maldives, la perle de l’océan Indien, où il fait très beau actuellement.

Les touristes russes encore présents en Suisse vont devoir quitter le territoire helvétique à l’expiration de leur visa de séjour, le Conseil fédéral ayant déclaré lundi les citoyens russes non domiciliés en Suisse persona non grata sur le sol de la Confédération, du moins ceux dont les liens avec le régime poutinien pourraient être jugés compromettants.

Un autre problème urgent se pose aux touristes russes actuellement en Suisse: l’accès à l’argent. Comme l’explique à watson un membre de l’office du tourisme de Crans-Montana, leurs cartes de crédit, éditées par des banques russes, dorénavant ne fonctionnent plus dans les commerces, restaurants et banques helvétiques. Mais beaucoup d’entre eux ont du liquide en abondance et peuvent voir venir quelque temps encore, nous explique-t-on.

C’est notamment le cas des deux familles actuellement résidentes du Grand Hôtel du Golf, «de très bons clients», assure le propriétaire de l’hôtel.

«Ils skient toute la journée, font leurs soins au spa, sortent manger le soir»
François Rielle, propriétaire du Grand Hôtel du Golf

Les sanctions de l’Union européenne reprises par le Conseil fédéral vont créer un important manque à gagner pour le tourisme de Crans-Montana, comme ailleurs en Valais et plus généralement en Suisse. «En nombre de nuitées, environ 3000 l’hiver, principalement en janvier pour le Noël orthodoxe, et 1500 l’été, les Russes représentent moins de 1% du total, mais en chiffres d’affaires, c’est conséquent. Les Russes dépensent beaucoup d’argent dans les boutiques de luxe», relate notre interlocuteur de l’Office du tourisme de Crans-Montana.

Tous ne résident pas en Russie en temps normal. Certains ont leur domicile légal à Londres ou à Paris. Ceux dont le lieu de résidence se trouve en Russie et qui auraient des difficultés à obtenir un visa pour l'espace Schengen, pourront toujours se rendre dans des pays qui n’ont pas pris jusqu'ici de mesures de rétorsion contre l'Etat russe, telles les Maldives déjà citées ou encore la Thaïlande.

Retour en Russie avec Swiss?

Mais comment feront ceux qui doivent impérativement regagner la Russie au départ de la Suisse? Les avions russes ne pouvant pas atterrir sur le sol helvétique, il se murmure dans les stations que la compagnie Swiss, dont les liaisons avec la Russie sont supprimées depuis lundi 15 heures, puisse quand même assurer des vols de rapatriement de ressortissants russes devant quitter la Suisse. Cette rumeur serait toutefois infondée: joint par watson, l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) indique qu'en rétorsion aux sanctions adoptées pas le Conseil fédéral, la Russie a interdit à la compagnie Swiss le survol de son territoire. Le transit par un pays tiers n'appliquant pas les sanctions pourrait être un moyen de rejoindre la Russie.

«Trois ou quatre Russes propriétaires à Verbier»

A Verbier, en Valais toujours, «il y a eu deux ou trois annulations parmi la clientèle russe» désormais interdite de séjour en Suisse, indique l’office du tourisme local. La station huppée du Val-de-Bagnes affirme que les touristes russes séjournant habituellement à Verbier sont peu nombreux, «même pas 1% des nuitées». Mais probablement contribuent-ils plus que d'autres à la richesse de la station.

Christophe Maret, le président de la commune Val-de-Bagnes, qui inclut Verbier, indique que «trois ou quatre Russes sont propriétaires de biens immobiliers ici, mais aucun n’est actionnaire de remontées mécaniques de la station».

Festival chamboulé

Le Verbier Festival, dédié à la musique classique, soutenu par la fondation Neva, du nom du fleuve passant à Saint-Pétersbourg, dont la mission est de «renforcer les liens entre la Russie et la Suisse en soutenant des projets culturels, scientifiques et sportifs », est chamboulé pas les sanctions. S’il doit bien se tenir aux dates prévues, du 15 au 31 juillet, son directeur musical, le Russe Valery Gergiev, qui n'aurait pas condamné l’invasion de l’Ukraine, a été prié de démissionner.

D’autres mesures ont été prises par les organisateurs de ce festival d’été: d’une part, «la restitution des dons et mécénats apportés par des personnalités ou des structures sanctionnées par les gouvernements occidentaux», d’autre part, la «déprogrammation des artistes alignés publiquement sur les positions du gouvernement russe».

Présent à Moscou avec un bureau, Suisse Tourisme, l'organe de promotion du tourisme en Suisse, est dans l’expectative. «Notre organisme s'inquiète des retombées économiques que pourrait avoir cet horrible conflit en Ukraine. En effet, des touristes d'autres continents pourraient renoncer à voyager en Europe», déclare Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme.

«Nous avons eu le Covid et nous avons fait avec. Maintenant nous devrons faire avec la guerre en Ukraine et l'absence des touristes russes»
Un membre de l'office du tourisme de Crans-Montana
Manifestations anti-guerre en Russie
Video: watson
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