Suisse
Santé

La Confédération appelle Coca-Cola à réduire son taux de sucre, sinon...

Coca-Cola-Glasflaschen werden auf einem Foerderband durch die Coca-Cola-Abfuellanlage befoerdert, fotografiert am 7. September 2020 am Produktionsstandort in Bruettisellen.

Le Conseil fédéral veut que Coca et cie baissent leur taux de sucre, sinon...

10% de sucre en moins dans certains produits d'ici 2024? Le Conseil fédéral veut étendre la Déclaration de Milan aux boissons, entre autres. Mais la mise en application du projet s'avère compliquée.
27.05.2022, 06:2330.05.2022, 11:53
Chiara Stäheli / ch media
Plus de «Suisse»

Une bouteille de Coca-Cola contient 53 grammes de sucre et couvre ainsi la consommation maximale recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est d'environ 50 grammes par jour. Cette valeur peut par exemple aussi être atteinte en mangeant trois petits pots de séré aux fraises ou en buvant une grande bouteille d'Ovomaltine.

A shelf of soft drinks are shown in a refrigerator at K & D Market in San Francisco, Wednesday, Oct. 1, 2014. A tax on sodas and other sugar-laden drinks that voters and courts in other parts  ...
Les boissons sucrées devront à l'avenir contenir 10% moins de sucre.photo: AP/AP

Depuis 2015, Nestlé, Emmi, Migros, Coop ou encore Wander ont adopté la Déclaration de Milan, qui impose la réduction progressive de sucre dans les yogourts et les mueslis fabriqués par ces grands groupes. Désormais, la Confédération veut étendre ces règles aux fabricants de boissons lactées, sucrées et de séré. Ils seront, eux aussi, tenus de réduire la teneur en sucre de leurs produits. Les sauces à salade et les soupes devront quant à elles contenir moins de sel.

Une augmentation du risque de diabète et d'obésité

Dans ce contexte, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) avait invité en novembre dernier les entreprises concernées à une audition. Cette semaine, une deuxième table ronde a à nouveau eu lieu.

La Confédération a mis sur la table un accord pour les fabricants de boissons, les producteurs de soupes et les commerces de détail, qui stipule que la teneur en sucre ou en sel des produits doit être réduite de manière différente selon la catégorie de denrées alimentaires. Les producteurs de boissons devront par exemple veiller à ce que leurs produits contiennent en moyenne 10% de sucre en moins dans deux ans, à compter de 2021.

Une mauvaise note pour les boissons sucrées
L'enquête nationale sur la consommation (menuCH) montre que près de 40% des sucres ajoutés dans notre alimentation provient des boissons. Comment réduire ce taux? La Confédération a commandé une analyse du marché suisse des boissons. Les résultats publiés lundi ont révélé que moins de 10% d'entre-elles sont totalement non sucrées, beaucoup contiennent plus de 10 grammes de sucre par décilitre, certaines même 20. De plus, les boissons destinées aux enfants ont en moyenne une teneur en sucre plus élevée que celles destinées aux adultes. Les boissons énergisantes et les alternatives au vin mousseux sans alcool, comme le Rimuss par exemple, contiennent le plus de sucre.

La demande du Conseil fédéral est motivée par les effets négatifs sur la santé d'une consommation excessive de sucre. Selon plusieurs études, une alimentation très sucrée augmente le risque de diabète, d'obésité ou de maladie cardiovasculaire.

Un changement de recette

Coca-Cola Suisse, Rivella, Coop ou encore Migros ont toutefois le choix: c'est à eux de décider s'ils signent ou non l'accord. Ils ont jusqu'au 6 juin prochain. Les réfractaires risquent cependant de perdre le soutien de l'opinion publique et d'être perçus comme ceux qui ne se soucient pas de la santé des Suisses.

Mais réduire le taux de sucre n'est si simple. Pour les fabricants, c'est tout un modèle commercial qui est en jeu. En effet, un Coca-Cola avec moins de sucre n'aura pas le même goût que celui préparé selon la recette originale et se vendra donc moins bien. De plus, selon les directives de l'OSAV, le sucre réduit ne peut pas être remplacé par des édulcorants: les fabricants ont les mains liées. Avec cette directive, l'OSAV veut «habituer les consommateurs à un goût moins sucré». Le but? Les encourager à se tourner vers une alternative plus saine.

Difficile à mettre en application

Avec plus de 40% de parts de marché dans les boissons rafraîchissantes, Coca-Cola Suisse serait particulièrement concerné par la mesure. Mais dans la réalité, la mise en application d'une telle mesure s'avérerait difficile. Pourquoi?

Bottles of Coca-Cola are on display at a grocery market in Uniontown, Pa, on Sunday, April 24, 2022. Coca-Cola Co. on Monday, April 25, 2022, reported first-quarter net income of $2.78 billion. The At ...
Un demi-litre de Coca-Cola contient environ 14 morceaux de sucre, l'équivalent de 50 grammes.photo: keystone

Premièrement, parce qu'en tant qu'entreprise internationale, Coca-Cola planifie sur le long terme partout dans le monde. Ainsi, il serait impossible d'adapter la recette uniquement pour la Suisse, surtout dans un délai aussi court.

Deuxièmement, le Coca-Cola classique doit avoir exactement le même goût dans le monde entier. Si on veut réduire le taux de sucre, il faudrait donc également adapter d'autres produits du catalogue, comme par exemple le Fanta ou le Sprite, ou créer de nouvelles boissons.

Actuellement, les experts qui travaillent pour la marque calculent «si» et «comment» une réduction de sucre serait possible d'ici 2024.

«Coca-Cola est toujours intéressée par une solution collective»
Natasja Sommer, porte-parole de la marque

Rivella n'a pas non plus encore décidé si elle allait signer ou non l'accord. La marque précise:

«La réduction du sucre dans nos boissons et l'introduction de produits naturellement sucrés est une voie dans laquelle Rivella s'est engagée depuis longtemps»

Une taxe pour les réfractaires

Que se passera-t-il si les fabricants ne signent pas l'accord? L'OSAV a laissé entendre qu'il envisagerait d'introduire une taxe sur le sucre pour les réfractaires. Il se montre toutefois confiant:

«Nous avons bon espoir que l'industrie alimentaire continue à vouloir volontairement améliorer ses recettes»

(aargauerzeitung.ch)

Les terribles illustrations des recettes vintage
1 / 35
Les terribles illustrations des recettes vintage
partager sur Facebookpartager sur X
Ce resto parisien se fait démonter sur Twitter
Video: twitter
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Médias romands: le poison du relativisme
Des propos sur la restauration du nazisme dans les Etats baltes; une chronique insinuant que les Etats-Unis pourraient être derrière l'attentat de Moscou: et si on ne laissait pas tout passer?

Sommes-nous, en Suisse romande, dans l’un de ces comtés de l’Amérique profonde, où l’application de la loi dépend beaucoup des rapports de force locaux? Ces situations où suintent le malaise font généralement de bons scénarios, sauf que le réel n’est pas censé reproduire la fiction.

L’article