A priori non, bien au contraire, selon les experts interrogés. «On parle souvent des dangers de l'activité sexuelle, comme les MST ou les grossesses indésirées, mais on évoque rarement les effets positifs», constate Francesco Bianchi-Demicheli, professeur de sexologie aux HUG. Et le spécialiste de lister les nombreux atouts du sexe, selon différentes études:
A écouter le médecin-sexologue Pierre-Alain Nicod, le défi pourrait avoir un impact positif sur la libido des participants, notamment chez les couples. «Si Madame trouve que Monsieur en veut trop, l'abstinence durant une certaine période peut faire renaître le désir. L'envie, ça vient quand on attend.»
Francesco Bianchi-Demicheli nuance toutefois: «De ce que j'observe en consultation, l'abstinence ne va pas augmenter le désir de ceux qui n'en ont pas ou peu. Et pour ceux qui ont déjà un désir fort, ils vont simplement le ressentir sans pouvoir le soulager.»
«En tant que sexologue, je recommande la masturbation. Cela permet de se découvrir», assure Pierre-Alain Nicod. Le sexologue pointe aussi l'effet déstressant: «La plupart des gens ne le font pas pour l'érotisme, mais pour la détente après l'orgasme. C'est comme un joint ou de l'alcool, mais c'est moins nocif.»
Le spécialiste souligne donc que les participants au #NoNutNovember risquent d'être plus stressés que d'habitude. Ils pourraient également voir leurs futures performances sexuelles être impactées:
Si nos deux spécialistes s'accordent à dire que le défi en tant que tel est trop court pour avoir un véritable impact sur la santé des participants, ils soulignent que le #NotNutNovember pourrait, en revanche, générer certaines tensions émotionnelles et notamment un surplus d'agressivité.
L'enjeu, à leurs yeux, est plutôt à chercher du côté de la symbolique. «Chacun est libre de faire ce qu'il veut, mais je trouve qu'on a déjà assez d'interdits dans notre société sans s'en rajouter tout seul», regrette Pierre-Alain Nicod.
Francesco Bianchi-Demicheli va dans le même sens. «Notre rôle de sexologue, c'est souvent d'aider les gens à dépasser les contraintes construites autour de la sexualité». Si lui aussi affirme que chacun est libre de se comporter comme il le souhaite, le professeur de sexologie aux HUG rappelle que le désir sexuel fait partie de l'instinct de vie de l'être humain.