VTT, tennis, unihockey, natation, volley, football, mais aussi cours de premiers secours, yoga, atelier de nutrition ou encore visite du glacier d'Aletsch. Le programme était chargé, cette semaine, pour 23 jeunes migrants que l'association vaudoise Whatsport a emmené en camp de sport à Fiesch.
A l'ombre des montagnes valaisannes, rencontre avec Mattia Piffareti, psychologue du sport et fondateur de l'association.
Qu'est-ce qu'un camp sportif comme le vôtre peut apporter à des jeunes migrants?
Mattia Piffareti, président de Whatsport: L'ambition de ce camp, c'est de leur permettre de vivre le sport sous toutes ses facettes et de leur faire découvrir des disciplines auxquelles ils n'ont normalement pas accès. Pour eux, c'est une manière d'entrer en contact avec des jeunes dans la même situation qu'eux, mais aussi avec des locaux. L'objectif, c'est de planter une graine pour les aider à retrouver espoir et à reconstruire les outils de résilience qui ont forcément été mis à mal par leur parcours. On mélange aussi le sport avec des ateliers de gestion des émotions, de nutrition, de premiers secours ou de découverte de la géographie.
Le sport peut avoir une telle influence sur leur intégration?
Oui, le sport a cet incroyable pouvoir d'être un langage universel qui dépasse les cultures. C'est un domaine où on est en contact avec les autres, tout en prenant confiance en ses propres moyens. Les études ont montré que la pratique régulière avait des effets sur les troubles anxieux, et on est obligés de constater que les populations migrantes sont vulnérables sur ces questions-là. Avec le sport, on leur donne également l'occasion d'élargir leur réseau et leurs contacts. Nous voulons être une porte d'entrée vers le monde professionnel et le bénévolat. Nous cherchons à renforcer leurs ressources, mais aussi à ce qu'ils puissent redonner à la société qui les accueille toutes leurs richesses.
Qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet?
Il y a un côté très personnel. Face à ces grands flux migratoires et à tous ces morts en Méditerranée, j'avais un constat d'impuissance et d'indifférence. Je me suis donc demandé ce que je pouvais faire et j'ai eu la chance de pouvoir compter sur les conseils de ma femme, qui est issue de la diaspora nigériane. Pour elle, le sport a été un outil d'intégration formidable. C'est de là que m'est venue l'idée d'utiliser le sport pour promouvoir l'inclusion.
Une fois le camp terminé, vous continuez à suivre les jeunes?
C'est une très bonne question. Le but, c'est effectivement de ne pas les laisser partir dans la nature. On souhaite les inspirer à continuer dans le sport, donc on mène des entretiens individuels avec chacun pour connaître leurs motivations et envisager avec eux une intégration dans un club. Pour eux, c'est une formidable occasion de s'insérer dans la société, d'apprendre la langue, mais aussi de nouer des contacts qui, de fil en aiguille, leur permettront de devenir des citoyens de plein droit.
C'est difficile pour un jeune migrant de commencer une activité sportive en Suisse?
Oui, cela peut être très difficile, parce que le sport n'est pas toujours considéré comme une porte à l'intégration par les milieux sociaux. II faut également avoir conscience que l'accès à un club de sport peut être difficile pour des raisons concrètes comme les cotisations ou les frais liés au matériel. Là aussi, on essaie de dialoguer avec les clubs et de trouver des solutions de financement.