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Dumping salarial: Swiss sous-paie ses employés d'Air Baltic

Swiss paie certains de ses pilotes 1500 francs par mois

Depuis plus d'un an, Swiss fait assurer des vols par la compagnie lettone airBaltic dont les employés sont moins bien payés. Selon la Confédération, cette pratique n'est pas autorisée. Des critiques s'élèvent contre l'inaction de l'Office de l'économie du canton de Zurich.
21.11.2023, 11:5721.11.2023, 14:04
Alessandro Crippa / ch media
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La compagnie aérienne Swiss est accusée de sous-enchère salariale, c'est-à-dire de ne pas payer assez ses employés. Et cela ne date pas d'hier. En effet, durant l'été 2022, la compagnie aérienne suisse a sous-traité des vols à la compagnie lettone airBaltic. La raison officielle: le manque de personnel.

Le problème, c'est que le personnel letton gagnerait jusqu'à quatre fois moins que les employés de Swiss. On parle de salaires entre 900 et 1500 francs. Ceci alors qu'il y a quelques semaines seulement, on a annoncé que les salaires du personnel de cabine de Swiss vont être augmentés. Le salaire minimum pour les nouveaux arrivants s'élève désormais à 3868 francs.

Dumping salarial de la compagnie Swiss
airBaltic est une compagnie aérienne lettone à bas coûts.

En août de l'année dernière, Kapers, le syndicat de l'équipage de cabine de Swiss, a qualifié de «honteux» le partenariat avec airBaltic. Il s'agirait en effet d'un «cas typique de dumping salarial».

Swiss prolonge sa collaboration avec airBaltic

Au début, il n'était question que de vols pendant la saison d'hiver. Puis, en octobre, Swiss a confirmé que la coopération serait prolongée. Les détails sont encore en cours d'élaboration. Il faut notamment régler des problèmes au niveau des moteurs et de pièces de rechange non disponibles pour des avions Airbus A320neo.

Ironie de l'histoire: airBaltic possède également dans sa flotte des appareils équipés de moteurs à problèmes, et doit donc elle-même emprunter quatre avions à une compagnie aérienne partenaire pour pouvoir assurer les vols de Swiss.

Les syndicats sont furieux

De nouveaux détails concernant le partenariat avec airBaltic sont désormais connus. Le Sonntagsblick écrit que le «wet lease» pratiqué par Swiss n'est pas conforme à la loi. Un wet lease, ou affrètement, signifie qu'une compagnie aérienne loue un avion à une autre compagnie aérienne – y compris le personnel, la maintenance et l'assurance.

Le Secrétariat d'Etat à l'économie a donc conclu, en mars 2023 déjà, qu'il fallait payer des salaires suisses. Le wet lease n'est en effet pas une location de services transfrontalière, mais un détachement. L'Office zurichois du travail, compétent en la matière, est apparemment au courant de cette évaluation – mais n'a rien fait pour l'instant.

Dumping salarial: Les critiques de la confédération syndicale se font entendre
Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse.

Incompréhensible pour les syndicats. Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse, est furieux et déclare au Sonntagsblick qu'il ne comprend pas que l'Office du travail ait connaissance du cas depuis plus d'un an, mais n'ait encore rien entrepris.

«A notre avis, la situation est claire. Zurich refuse d'appliquer la loi»

Selon l'article du Sonntagsblick, l'Office du travail affirme que le dossier est en cours de traitement.

Une politicienne au conseil d'administration

Autre détail notable: la société Flughafen Zürich AG, qui gère l'aéroport d'origine de Swiss et est détenue à 40% par les pouvoirs publics, soutient financièrement certains partis dont Le PLR. Celui-ci a reçu jusqu'à 90 000 francs les années d'élections.

Au sein du Conseil d'Etat zurichois, Carmen Walker Späh (PLR) est responsable de l'Office de l'économie. Celle-ci siège également, avec la syndique de la ville de Zurich Corine Mauch (PS), au conseil d'administration de l'aéroport de Zurich. En octobre, l'aéroport a annoncé qu'il ne ferait à l'avenir plus de dons aux partis.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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