Une large coalition de gauche, d'associations sportives et de médias s'oppose à la baisse de la redevance radio-TV. Elle met en garde contre les conséquences drastiques pour le service public. Pour le camp bourgeois et l'économie, la réduction ne va pas assez loin.
Selon les voeux du Conseil fédéral, la redevance radio-TV devrait passer de 335 francs par an et par ménage actuellement à 300 francs à partir de 2029. Le chiffre d'affaires permettant une exonération pour les entreprises est revu à la hausse, de 500 000 francs à 1,2 million. Près de 63 000 entreprises devraient payer moins.
La mesure aurait également des répercussions sur la couverture des grandes manifestations sportives comme les championnats du monde et d'Europe. Le nombre de séries et de films suisses soutenus ainsi que la retransmission de manifestations culturelles devrait également être réduit, écrit la SSR.
Swiss Olympic qualifie le projet de «danger pour les reportages sportifs de la SSR et donc pour l'ensemble du sport suisse». La réduction du nombre de reportages n'aurait pas seulement des répercussions sur les fans de sport à la télévision, à la radio ou en ligne. Elle aurait également des conséquences sur la promotion du sport, le sponsoring et la cohésion nationale.
Pour les syndicats des médias Syndicom et SSM, la qualité du service public médiatique est en jeu. La Suisse risque de voir sa population de moins en moins bien servie par un journalisme fiable, critique et indépendant.
Le PS et les Verts critiquent le fait que le Conseil fédéral veuille «affaiblir encore plus la place médiatique suisse en pleine crise des médias». Des médias diversifiés et de qualité sont indispensables à une démocratie. Les coupes mettraient aussi en danger de nombreuses radios et télévisions locales.
Dans un monde de plus en plus exposé aux «fake news», il est essentiel que les Suisses aient accès à une information de qualité, estime Le Centre. Mais dans le contexte de «l'initiative 200 francs, ça suffit», le Centre peut envisager une réduction à 300 francs. Selon lui, il faut surtout ouvrir le débat sur le contenu et la portée du mandat de service public.
Le PLR reconnaît le «rôle important» de la SSR comme prestataire de service public:
Pour l'UDC, la baisse proposée par le Conseil fédéral est purement «cosmétique». Le parti craint qu'avec ce projet, la discussion sur l'initiative pour une redevance à 200 francs ne soit éclipsée. La redevance en faveur de la SSR fausse en outre les conditions-cadres pour les médias privés.
De son côté, Economiesuisse considère que l'orientation du projet est «juste, même si elle ne va pas assez loin».
Enfin, l'association des médias privés romands Médias Suisses estime que la question centrale n'est pas une baisse du montant de la redevance, mais l'offre en ligne de la SSR.
L'association juge impératif de limiter les activités en ligne de la SSR et d’exiger qu'elle se renforce dans les domaines non commerciaux de la télévision linéaire, ainsi que dans la coopération avec les médias privés. Une position partagée par Les Radios régionales romandes. (ats/jch)