Plus de 70 membres du corps enseignant de l’Université de Lausanne (Unil) signent une lettre de soutien à Joseph Daher, dont le contrat de professeur invité n’est pas reconduit par la direction universitaire. Le rectorat par la voix de sa porte-parole Géraldine Falbriard confirme et précise l’information à watson: «Le contrat de M. Daher arrivait à échéance le 31 janvier.»
Joseph Daher, l’une des figures de la mobilisation en faveur de la Palestine lors du mouvement d’occupation de l’Unil au printemps dernier, faisait l’objet d’une enquête administrative ordonnée par la direction, indiquent ses soutiens dans leur lettre. Il lui était reproché le prêt de sa «campus card» à une tierce personne lors du mouvement d’occupation. La «campus card» donne accès à tout ou partie des locaux universitaires.
Regroupés au sein du Clads (Collectif pour la liberté académique, la démocratie et la solidarité), les soutiens de Joseph Daher affirment que le prêt de la «campus card» est «une irrégularité légère dont sont certainement "coupables" bon nombre de collègues et qui ne justifie en rien la réaction brutale et totalement disproportionnée de la Direction».
Dans leur lettre, les soutiens parlent d’une «procédure arbitraire, qui prive également notre collègue des ressources financières associées à son engagement». Les mêmes dénoncent une «position soudaine, injustifiée et infondée (qui) prive ses étudiant·e·s de son enseignement à l’Unil, alors que son cours-séminaire intitulé "Histoire des relations internationales post-1945" figure depuis des mois dans le plan d’études. Les étudiant·e·s effectuant leurs mémoires sous sa direction ont également été privé·e·s de sa supervision du jour au lendemain, ce qui n’est pas tolérable.»
De son côté et en l’état, la direction universitaire se refuse à tout commentaire.
Selon nos sources, le conseil de la faculté des sciences sociales et politiques (SSP) aurait demandé «la réintégration immédiate» de Joseph Daher. Ce qui signifierait que ledit conseil s’oppose à une décision du rectorat de l’Unil, présidé par Frédéric Herman, qui quittera ses fonctions en juillet 2026. Il n'est pas impossible que la cas de Joseph Daher soit porté en justice par ses défenseurs.
Un plus large soutien en sa faveur n’est pas non plus à exclure à compter de la rentrée universitaire, ce lundi 17 février.
Le Clads, dont une partie des membres a soutenu les mobilisations propalestiniennes en mai et juin derniers à l'Unil, a vu le jour le 11 décembre. Il défend «l’autonomie des universités», «la liberté académique» et «promeut la constitution de savoirs critiques au sein des universités et des hautes écoles», peut-on lire sur son site.
Le Clads a notamment été fondé pour riposter aux enquêtes administratives ordonnées par le rectorat contre des personnels de l’Unil suite à l’occupation du campus lausannois en lien avec la guerre à Gaza, comme en avait rendu compte watson à la veille de la création de l’association. Outre Joseph Daher, on ignore quelles sont les autres personnes visées par de telles enquêtes et si elles ont abouti à un résultat.
Joseph Daher, qui n'a pas répondu aux appels de watson, donnait quelques heures de cours par semaine depuis une dizaine d'années, à l'Unil, en qualité de professeur invité.