Suisse
Valais

Doigt d'honneur: Mathilde Mottet poussée à la démission

L'élue Valaisanne Mathilde Mottet menacée de mort.
Mathilde Mottet.Image: Instagram Mathilde Mottet

Mathilde Mottet poussée à la démission? Ce doigt d'honneur qui ne passe pas

Le chef du groupe PS au législatif de Monthey réclame l'exclusion du parti de Mathilde Mottet, coprésidente des Femmes socialistes suisses, suite à un doigt d'honneur le visant. Il s'est confié à watson. Les socialistes face à leurs responsabilités.
05.04.2024, 12:2507.04.2024, 11:08
Plus de «Suisse»

En France, Mathilde Mottet militerait à La France insoumise. En Allemagne, chez Die Linke. Bref, dans un parti de la gauche radicale. En Suisse, la Valaisanne de 28 ans, qui siège au législatif de Monthey, est membre du PS. Elle a même été élue à la coprésidence des Femmes socialistes suisses (FSS), le 10 février à Zurich, sur des arguments féministes. Une victoire acquise avec une très confortable avance, 90 voix contre 40, le score obtenu par sa concurrente du jour, la Vaudoise Laurie Willommet, 32 ans, conseillère municipale à Vevey.

Une élection triomphale, donc. En toute connaissance de cause: le doigt d’honneur de la Montheysanne au drapeau suisse lors de la fête nationale du 1ᵉʳ Août – un geste qu'elle avait «assumé» et qui lui avait valu des menaces de mort. Les électrices qui l’ont portée à la coprésidence des FSS, aux côtés de la conseillère nationale bernoise Tamara Funiciello, ne lui en ont manifestement pas tenu rigueur.

Moins de deux mois après son accession à la tête de cette vénérable institution de plus 100 ans, fer de lance des droits des femmes et des luttes ouvrières, Mathilde Mottet récidive. Un doigt d’honneur adressé cette fois-ci à son chef de groupe au législatif montheysan, Fabien Thétaz. Un comportement insultant dont Blick a rendu compte et qu’elle a manifesté dans une vidéo Twitch de plus de trois heures, diffusée sur une nouvelle chaîne prônant un «socialisme révolutionnaire», Eteicos. La Valaisanne, qui accuse au passage Fabien Thétaz de l'avoir mobbée, y apparaît entourée de deux jeunes camarades partageant ses idées. Souvent persifleur, le trio n’est pas tendre avec ses adversaires de toutes tendances politiques, socialistes compris.

Une élue socialiste l'affirme sous couvert d'anonymat:

«On ne peut pas être coprésidente des Femmes socialistes suisses et faire des doigts d’honneur»

Dans la même vidéo, la Montheysanne affirmait qu'elle ne dirait plus que le Hamas est un «groupe terroriste», comme elle l'avait déclaré en novembre à la télévision.

Mathilde Mottet, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, pourrait-elle être amenée à démissionner? Si oui, de quelle instance? Dans Le Nouvelliste, Fabien Thétaz, visé par le second doigt d’honneur, demande son «exclusion du parti». Joint jeudi par watson, le chef du groupe PS au législatif montheysan confiait son malaise et donnait sa version des faits:

«Je réfute totalement ses accusations de mobbing. Lors d’une réunion du groupe socialiste montheysan à laquelle Mathilde Mottet assistait, j’avais poussé une gueulante après son doigt d’honneur au drapeau suisse à l’occasion du 1ᵉʳ Aôut. Je lui avais fait comprendre que son geste, qui engageait la réputation du PS, n’était pas acceptable. Nous sommes un parti populaire qui a une affection pour la nation. Qu’elle dise aujourd’hui que je l’ai mobbée, c'est la continuation de la politique par d’autres moyens et ce n'est pas très glorieux.»
Fabien Thétaz

Comme Blick l’a rapporté, Mathilde Mottet, avant de se murer dans un apparent mutisme, a exprimé ses «regrets» pour son geste et ses propos à l’encontre de Fabien Thétaz – la vidéo n'est plus en ligne. «Ella m’a prévenu de la diffusion de la vidéo en question avant sa diffusion», affirme à watson le chef du groupe PS montheysan. Comme si, réalisant son impair, elle souhaitait en avertir celui qui en était la cible.

Manque de maturité politique?

«Mathilde Mottet n’a pas vraiment compris qu’au niveau politique communal, on discute de choses très concrètes. On ne peut pas faire la révolution à l’échelon communal»
Fabien Thétaz

Coprésidente des Femmes socialistes suisses, Tamara Funiciello, actuellement «en vacances», n’a pas donné suite à nos sollicitations. Nous souhaitions recueillir sa réaction suite au second doigt d’honneur de la Valaisanne.

«Elle était en terrain conquis»

Mais revenons au 10 février dernier. Comment expliquer l’élection en forme de plébiscite de Mathilde Mottet à la coprésidence des FSS? Un observateur de la scène socialiste suisse livre son analyse:

«Elle travaille à Berne, elle parle suisse-allemand, elle était en terrain conquis. Elle avait battu le rappel des femmes de la Jeunesse socialiste suisse (JSS), dont elle a été pendant plusieurs années la vice-secrétaire centrale. De plus, il n’était pas possible de voter à distance. Les voix romandes ont manqué à Laurie Willommet, qui ne parle pas suisse-allemand et qui a un profil moins militant, plus sage, que celui, provocateur, de Mathilde Mottet.»

Tout va-t-il rentrer dans l’ordre? Un source socialiste commente:

«C’est loin d’être la première fois qu’on a des foufous et des fofolles dans le parti. La JSS sert généralement de sas entre ce stade qu’on n’ose pas appeler anal du militantisme et le sérieux de l’engagement. Les dérives personnelles finissent par se régler, c’est rare qu’on exclue, au PS.»

Un exemple d’exclusion? Pierre Chiffelle, en 2016. L’ancien conseiller national vaudois avait «adopté un comportement provoc en appelant à voter pour une liste d’extrême gauche», rapporte un membre du parti.

Contacté par watson, le président du PS du Valais romand, Clément Borgeaud, indique par écrit que le parti cantonal «va analyser la situation et écouter les deux deux camarades concerné-es». Il ajoute:

«Nous ferons en sorte que les processus internes puissent avoir lieu aussi rapidement que possible, et le parti cantonal va accompagner la section de Monthey dans cela. Nous ne communiquerons pas avant que ces processus aient abouti»
Clément Borgeaud, président du PS du Valaisan romand
Ils ne sont pas d'accord, ils mettent le feu au parlement
Video: watson
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Népotisme présumé à Genève: le patron des SIG poussé dehors
Christian Brunier quitte les Services industriels de Genève (SIG) immédiatement. Accusé de népotisme, il prend sa retraite anticipée.

Christian Brunier quitte avec effet immédiat les Services industriels de Genève (SIG). Le directeur général de l'entreprise, empêtré dans une affaire de népotisme présumé, a annoncé mardi faire valoir ses droits à la retraite anticipée.

L’article