«Il a brisé ma vie professionnelle et celle de bien d’autres. Il presse les gens, les pressure et les jette. Bientôt, ce sera l’arroseur arrosé et ce sera bien fait pour ce défaiseur de carrières!» Cette plainte d'il y a deux mois et demi d'un ancien employé de la Fondation Bartimée avait quelque chose de prémonitoire.
Directeur depuis 20 ans de cette institution spécialisée dans le traitement des addictions basée dans la commune de Grandson (VD), Bertrand* a démissionné. Ce crack de la réinsertion socio-professionnelle était fragilisé depuis cet été par les révélations de 20 Minutes sur sa gestion autocratique. Les employés lui reprochent également ses crises de colère, son caractère lunatique et son machisme. «Bertrand* est aussi génial que maléfique», avait témoigné un collaborateur.
Mardi, le conseil de fondation de l'institution a annoncé la démission du directeur à la quarantaine d'employés. «Présenter ce départ comme une décision personnelle est un manque de considération pour la souffrance vécue par les travailleurs», a critiqué un collaborateur de Bartimée.
Selon nos informations, l'ambiance de travail n'a cessé de se dégrader au cours des derniers mois et est devenue particulièrement glaciale. «Il y a énormément de personnes en arrêt-maladie. Tout le monde attendait qu'il gicle», a déclaré une collaboratrice. «Les choses vont changer. Nous allons discuter avec les personnes en arrêt. Il y aura une reprise en main», promet un responsable de Bartimée.
Président du Conseil de fondation, Jean-François Perregaux souligne que Bertrand* a démissionné avec effet à partir du 1er novembre. «L'ensemble des collaborateurs et des résidents ont été informés. Une direction par intérim va être mise en place. Nous espérons le retour du calme et de la sérénité et des bases solides pour un nouveau processus.»
Interrogé sur la passivité du conseil de fondation par rapport aux nombreuses plaintes de travailleurs à propos de l'autoritarisme de l'ex-boss et du mal-être des employés, Jean-François Perregaux n'a pas voulu s'exprimer. Il a également refusé de se prononcer sur les résultats de l'audit de gestion en nous renvoyant au Département. Le Canton est resté muet sur les conclusions du rapport d'audit qu'il avait commandité. Quant à Bertrand*, contacté mardi, il nous a raccroché au nez.