En 2022, la Tesla Model Y était non seulement la voiture électrique la plus vendue en Suisse, mais aussi la plus populaire, y compris parmi les voitures à essence et diesel. Au total, ce sont 4928 exemplaires du SUV électrique, dont le prix oscille entre 55 000 et 71 000 francs, qui ont été immatriculés l'année dernière. Le Model Y d'Elon Musk a ainsi dépassé presque instantanément les best-sellers de toujours que sont le VW Tiguan et le break familial Skoda Octavia.
Tesla avait déjà réussi cet exploit en 2021, lorsque la Model 3 était pour la première fois la voiture la plus vendue en Suisse. En 2022, la berline de classe moyenne Model 3 de Tesla s'est hissée à la 5e place des ventes de tous types de voitures et à la 2e place du classement des voitures électriques. Juste derrière, le SUV électrique Enyaq de Skoda, du groupe Volkswagen, s'est, lui aussi, vendu comme des petits pains.
Bien que Tesla soit à première vue la marque de voitures électriques la plus populaire en Suisse, c'est toujours Volkswagen qui vend le plus de voitures électriques chez nous. Pas moins de cinq modèles de la marque allemande se retrouvent dans le classement du top 10 des voitures électriques les plus vendues. Dans le top 20, on trouve même sept modèles des marques Volkswagen VW, Audi, Skoda, Cupra et Porsche.
Le marché suisse des voitures électriques reste donc fermement entre les mains de Volkswagen et Tesla. Au total, dix des vingt modèles les plus vendus sont des constructeurs allemands. Les marques chinoises ne jouent encore pratiquement aucun rôle en Suisse, hormis Volvo et Polestar, qui appartiennent au groupe chinois Geely. Mais les constructeurs chinois de voitures électriques ne figurent pas dans le top 20.
Près de 18% des voitures neuves vendues l'année dernière fonctionnent exclusivement à l'électricité, et 8% supplémentaires possèdent à la fois un moteur à combustion et un moteur électrique. Elles peuvent donc également être rechargées sur le réseau électrique via une prise. Ces hybrides plug-in, qui ne peuvent souvent parcourir qu'un peu plus de 50 kilomètres à l'électricité, sont toutefois déjà en perte de vitesse. Elles se sont vendues environ 16% de moins que l'année précédente. En revanche, les voitures purement électriques ont progressé de 26%. De nombreux constructeurs se sont focalisés sur les modèles tout électriques pendant la crise des puces, explique l'association Auto Suisse pour justifier le ralentissement des voitures hybrides.
Au total, en 2022, un quart des voitures neuves vendues en Suisse étaient donc soit purement électriques, soit hybrides plug-in. L'association Auto Suisse se réjouit que la flotte suisse de voitures neuves devienne ainsi «de plus en plus respectueuse du climat». Il reste toutefois une marge de progression importante, notamment lorsque l'on compare la situation avec la Norvège, où les voitures équipées d'une connexion de recharge représentaient l'année dernière une part de marché de 88% (79% de véhicules entièrement électriques et 9% d'hybrides plug-in).
En ce qui concerne la part des voitures électriques, la Suisse a reculé dans le classement européen derrière l'Allemagne. Elle occupe désormais la huitième place. Cette évolution était prévisible, écrit l'association Swiss eMobility. La raison en est, selon elle, la forte proportion de locataires en Suisse. En effet, les locataires ont souvent de moins bonnes conditions que les personnes possédant leur propre logement lorsqu'il s'agit d'installer une station de recharge chez eux.
Selon le rapport annuel de l'association Swiss eMobility, le développement des stations de recharge publiques s'accélère. Au total, le pays compte désormais 12 560 points de recharge, ce qui représente 556 points de charge, soit 35% de plus que l'année précédente.
Selon Swiss eMobility, les «problèmes de livraison, et les délais d'attente dissuasifs qui en découlent» seraient également responsables de la croissance plutôt modérée des ventes de nouvelles voitures électriques. En effet, plusieurs modèles de voitures électriques très populaires ont connu des délais de livraison parfois records de plus d'un an, selon l'équipement souhaité. La forte demande et la rareté de l'offre ont, en outre, eu pour conséquence que même les voitures électriques des catégories de véhicules les moins chères, sont devenues d'un seul coup, plusieurs milliers de francs plus chères.
Un quart des immatriculations concernait des véhicules hybrides sans connexion de recharge. Cela correspond à une augmentation de 7,5% par rapport à 2021. Près de la moitié des nouveaux véhicules mis en circulation étaient encore équipés exclusivement d'un moteur à combustion.
La part des véhicules à essence s'élevait à 38%, celle des véhicules diesel à 12%. En 2022, seuls 3,6% des Norvégiens ont opté pour une voiture à essence et 3,1% pour un diesel. Volkswagen ne veut donc plus proposer de voitures à combustion en Norvège à partir de 2024.
Comme le montre la tendance en Norvège, les voitures hybrides et hybrides rechargeables sont, au mieux, des solutions intermédiaires. Avec la fin de la vente de nouvelles voitures à essence et diesel d'ici 2035, décidée par l'UE l'année dernière, le passage à la mobilité électrique est inéluctable. En Europe occidentale, de nombreux constructeurs automobiles abandonneront le moteur à combustion dès les prochaines années.