Il y aura bientôt un mois, à Montreux, un drame emportait dans la mort quatre membres d’une même famille de nationalité française: le père, la mère, la sœur de celle-ci et la petite fille du couple. Un cinquième, le fils, âgé de 15 ans, ayant lui aussi chuté d'une hauteur d'environ 25 mètres, était conduit dans un état grave au Chuv, à Lausanne. Cinq jours plus tard, la police vaudoise disait privilégier la thèse du «suicide collectif». Mardi 12 avril, vers 11 heures du matin, selon un témoin, trois personnes sont entrées dans l’appartement où la tragédie s’est produite le jeudi 24 mars peu après le lever du soleil.
«C’étaient deux femmes et un homme en civil. L'homme m'a dit: "Ne vous inquiétez pas, nous sommes de la police"», rapporte ce témoin.
Les trois fonctionnaires devaient encore se rendre dans un studio d’un immeuble voisin, celui où résidait la sœur de l’épouse, l’une des quatre victimes décédées. «L'un des policiers disait agir dans le cadre de la succession et sur mandat de la justice vaudoise», poursuit le témoin.
Contacté par watson, le porte-parole de la police cantonale vaudoise, Jean-Christophe Sauterel, confirme l'information fournie par le témoin. «Des policiers se sont rendus au domicile (de la famille) pour enlever les scellés judiciaires», explique-t-il.
La police cantonale vaudoise communique avec parcimonie sur les investigations en cours. Les enquêteurs affirment disposer de «preuves», probablement des images vidéo, qui rendraient compte, selon eux, du déroulement du drame dans un laps de temps de cinq minutes. Mais que penser de la qualification des faits retenue pour l'instant: «suicide collectif»? Est-ce une manière de parler de ce drame comme d'une fatalité?
Des analyses toxicologiques, effectuées dans le cadre des autopsies et peut-être à présent terminées, devraient renseigner sur la présence ou non de substances étrangères chez une ou plusieurs des victimes au moment du drame.
Des parents de la famille meurtrie se seraient rendus en Suisse pour y être entendus par les autorités vaudoises. La police ne confirme ni n'infirme cette information.
La Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) se défend de tout manquement. Elle avait alerté la préfecture de Riviera-Pays-d’Enhaut parce que sans nouvelle de la scolarisation à domicile du fils de la famille, la préfecture faisant in fine intervenir la gendarmerie. «Rien ne justifierait l’ouverture d’une enquête administrative à notre encontre. Nous avons appliqué la procédure dans toute sa rigueur. Preuve en est que nous avons signalé le cas de cet adolescent à la préfecture», plaide un fonctionnaire du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), dont dépend la DGEO.
watson a rappelé, le 31 mars, l’existence, dans le canton de Vaud, d’un avant-projet de révision de la loi sur l’enseignement privé, devant notamment durcir les conditions donnant droit à un enseignement à domicile. Cet avant-projet survivra-t-il à la non-réélection, dimanche 10 avril, de Cesla Amarelle, la cheffe du DFJC?
Notre interlocuteur au sein du DFJC l’assure:
Cette famille au comportement intrigant, dont l’une des femmes s’entretenait du Covid comme on le fait de la pluie et du beau temps, l’avant-veille encore du drame, avec un voisin dans l'ascenseur, n’aura visiblement éveillé la curiosité que d’une poignée des résidents de l'immeuble.
Pour l’heure, l’enquête n’a pas signalé d'autres dysfonctionnements pré-mortem que cette propension au repli d'un foyer vivant à la façon d'un clan, dont on sait qu'il se faisait livrer des vivres et de nombreux colis.
Le porte-parole de la police vaudoise, Jean-Christophe Sauterel, se contente de cette déclaration:
Mais est-ce au seul ministère public de juger de l'intérêt public dans cette affaire?