Le Conseil fédéral a pris sa décision concernant le futur avion de combat de l’armée suisse. Son choix se porte sur le F-35A du fabricant américain Lockheed Martin, a-t-il communiqué mercredi dans l’après-midi. Il proposera au Parlement l’acquisition de 36 de ces appareils, pour un coût inférieur à six milliards de francs, l’enveloppe approuvée à 51,1% par le peuple le 27 septembre dernier, sans qu’il sache alors quel modèle serait retenu.
Le gouvernement a par ailleurs décidé d’acquérir pour deux milliards de francs cinq unités de feu du système de défense sol-air de longue portée (DSA LP) Patriot, du constructeur Raytheon, également américain. Ce missile a pour fonction première d’intercepter des missiles ennemis. En verticalité, il est capable d’atteindre 20 000 mètres et «largement» plus de 50 kilomètres en horizontalité. F-35A et Patriot assureront à eux deux la défense aérienne de la Suisse.
Sur trente ans, la période d’exploitation prise en compte, les coûts globaux du F-35A devraient atteindre 15,5 milliards de francs, soit 2,5 milliards de moins que la dépense maximale envisagée. Il s’agit de l’offre la moins chère des quatre modèles qui se disputaient le marché suisse: Outre le F-35 de Lockheed Martin, le F/A-18 Super Hornet de Boeing, l’Eurofighter d’Airbus avec leadership allemand, le Rafale du français Dassault. Le coût global, sur 30 ans également, du missile Patriot, devrait s’élever, lui, à 3,5 milliards environ.
Les arguments du Conseil fédéral en faveur du F-35A, dit furtif, ne sont pas que financiers. Ils sont aussi techniques. Nous reproduisons ici une partie de l’argumentaire transmis à la presse:
Les raisons fournies par le Conseil fédéral pour justifier son choix, font du F-35A le plus performant des quatre appareils jusqu'ici en compétition. En termes d’«utilité globale» (son association avec le système DSA LP Patriot), il obtient la meilleure note, «336 points», 95 de plus que son poursuivant direct.
Là où le F-35A est moins bon, c’est dans le domaine des
affaires compensatoires. Lockheed Martin, c’est-à-dire les Etats-Unis, est tenu d’honorer dans les quatre ans 60% de la valeur de la commande.
Le choix du F-35A pourra apparaître comme le moins risqué sur un plan à la fois commercial, militaire et technologique. Diffusé à grande échelle dans le monde, le F-35A est moins cher que ses concurrents. Il équipe ensuite de nombreuses armées du bloc occidental, Japon compris, qui a décidé de passer commande de cet appareil. Plus près de nous, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, Le Royaume-Uni et la Pologne possèdent des F-35A américains (pas l’Allemagne, qui «vole» en Eurofighter comme la France en Rafale). Coopération et interopérabilité, au sein même de l’Otan dont la Suisse est un «passager clandestin», pouvaient donc plaider en faveur du F-35A.
Des Européens – Allemagne et France en tête – vont certainement faire un brin la leçon à la Suisse, mais pas plus qu’à la Belgique ou aux Pays-Bas, pourtant signataires du Traité de Rome en 1957, acte fondateur de l’Union européenne qui viendra plus tard. L’aviation militaire suisse demeure fidèle à son partenaire, les Etats-Unis. On attend maintenant la réaction de la gauche, qui a promis de lancer une initiative populaire si le Conseil fédéral décidait d’acquérir un appareil américain. Pour contester ce choix. Aujourd’hui acté.