La Suisse doit changer d'air pour lutter contre le Covid
C'est un fait: les virus SARS-CoV-2 peuvent être transmis par des aérosols, c’est-à-dire des particules invisibles en suspension. Elles jaillissent par exemple, lorsque nous toussons ou éternuons. Que faire? Aérer ou pouvoir compter sur une bonne ventilation. Problème: la Suisse est à la traîne pour veiller à l'application de ce «quatrième geste barrière».
Sur le site de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), il est recommandé «d’aérer régulièrement les pièces où se rassemblent plusieurs personnes», avant de conclure qu'«une bonne aération n’empêche pas la transmission du virus en cas de contact étroit. La distance, le port du masque et les règles d’hygiène restent les mesures les plus efficaces». Aucune indication concernant la ventilation, alors que nos voisins ont déjà mis la deuxième en termes d'investissement: L’Allemagne a par exemple déboursé 500 millions d’euros dans des systèmes de ventilation de ses bâtiments publics, fin 2020.
Notre rédaction a pris contact avec l'OFSP pour savoir pourquoi il n'existe actuellement aucun programme fédéral d’investissement, comme celui réclamé par l'épidémiologiste Antoine Flahault. Non seulement l'OFSP «ne dispose pas de base légale qui lui permettrait d'accorder de telles subventions», mais il relativise également la transmission par les aérosols.
Rappelons aussi que deux tiers des écoles suisses détiennent une qualité de l'air insuffisante, selon une étude de l'OFSP parue en mars 2019. «Jusqu'à présent, nous n'avons pas été très conscients de la qualité de l'air en intérieur. Je pense que l'idée d'un plan national d'investissement sur la ventilation des lieux clos sera rentable et très utile pour notre futur, y compris pour lutter contre d'autres virus respiratoires, comme la grippe par exemple», réagit Antoine Flahault.
Il considère cette stratégie comme essentielle: «Dans les espaces clos, il suffit d'une personne malade pour contaminer un grand nombre. Il faut donc vraiment diminuer le risque de transmission quand on passe du temps dans des salles. Comment? En renouvelant régulièrement l'air». Pour illustrer ses propos, le professeur utilise l'image d'un nuage de fumée de tabac. Si fumeurs et non-fumeurs séjournent dans une même pièce fermée, ils respireront plusieurs fois le même nuage - ou air contaminé - même en portant un masque.
Aérer ou ventiler?
Se pose alors la question des subtilités qui différencient l'aération de la ventilation. Pour Antoine Flahault, la réponse n'est pas si simple.
Comment changer d'air?
- L'aération est réussie lorsqu'il y a création d'un courant d'air.
- La ventilation est efficace lorsque l'air est renouvelé plusieurs fois par heure. Les capteurs CO2 permettent de mesurer ce renouvellement.
Alors qu'en fin d'année 2019, la Suisse comprenait 1,8 million de bâtiments à usage d’habitation, Minergie dénombre aujourd'hui 51 777 bâtiments, certifiés par son label, en Suisse. Selon nos calculs pour ce cas précis, cela ne représente que 3% du parc immobilier suisse.
- L'utilisation de purificateurs d'air se profile comme une alternative également efficace. Le conseil des ventilistes? Que l'appareil contienne un filtre HEPA.
En début d'année, une étude a démontré que la transmission par aérosols devient menaçante dans les lieux clos, lorsque la densité humaine y est forte et la ventilation faible. Si la Suisse devait finalement changer d'avis et suivre l'exemple de l'Allemagne, vraisemblablement que la nouvelle ferait le bonheur des cafetiers, des restaurateurs, des acteurs culturels et pourquoi pas des étudiants, qui pourraient retrouver leur salle de classe. Bien ventilée.